Né le 15 juin 1932, le petit Mounir est issu d’une grande et riche famille catholique du quartier huppé d’Héliopolis
. Il était le sixième enfant d’une famille composée de 4 frères et 4 soeurs. Sa famille a été un facteur important dans la réalisation d’une «
bonne ardeur spirituelle », première composante de la mission du père Mounir, une famille toujours réunie pour la prière, un père aimant servir et aider les pauvres, une mère gardienne de ses enfants et de leur vie spirituelle. Mais aussi une grande soeur, devenue plus tard religieuse. Bref, une enfance et une jeunesse basées sur la prière, l’amour, la tolérance et surtout le pardon envers les autres. Il était donc très naturel que le jeune Mounir s’intéresse, et dès son enfance, aux enfants démunis habitant les quartiers pauvres qui jalonnaient autour de la capitale en ce temps-là. La deuxième composante de la mission du père Mounir était le «
service social rapide » qu’il fallait livrer aux nécessiteux. Lui et ses frères ont reçu leur enseignement primaire et secondaire au Collège de la Sainte Famille à Faggala, qui avait demandé à ses élèves de s’occuper du quartier voisin de Charabiya, une région démunie habitée par des émigrants de la Haute-Egypte venus au Caire pour améliorer leurs conditions de vie. Ici, Mounir et son frère Pierre ainsi que 10 de leurs collègues découvrent et mettent en pratique des activités sociales en faveur des enfants de ce quartier nécessiteux. Ensuite, Mounir découvre le troisième volet de son appel, à savoir la vie communautaire.
Les pères Jésuites qui ont parrainé son collège avaient présenté un modèle de « vie communautaire » ouvert aux autres et surtout intéressé aux groupes marginalisés. Avec l’occasion de participer au service des enfants de Charabiya et les voyages scolaires en Haute-Egypte pour donner une autre dimension sociale à la vie de l’étudiant, Mounir a dit : « Depuis la deuxième secondaire, j’ai décidé de vivre en Haute-Egypte pour servir les villages de cette région. Et quand j’ai visité le village de Garagos, où les pères Jésuites travaillaient, j’ai décidé d’entrer dans cette congrégation religieuse pour servir dans les villages ». Les Jésuites qui travaillaient à Garagos avaient une remarquable capacité à faire ressortir les énergies des individus ; ainsi se forgeaient les caractéristiques de la mission du père Mounir: « servir les villages lointains et dépourvus ». Après son ordination, le 21 juin 1964, il était naturel pour lui de commencer sa mission dans ce même village de Garagos, où il a passé deux ans, et de commencer ensuite sa deuxième expérience dans le gouvernorat de Minya (240km au sud du Caire) où il a travaillé pendant 12 ans dans la formation humaine, sociale et spirituelle des jeunes. Ces derniers, à leur tour, présentaient des services sociaux non seulement à la ville, mais aussi à ses alentours, comme les villages de Berba, Foggaï, Bardanoha et Balansoura. C’est ainsi qu’une idée lui est venue, celle d’inviter les jeunes à consacrer une partie de leur vie au service des pauvres: des jeunes qui assisteraient le prêtre pour présenter un service socioculturel qu’il ne pouvait pas offrir. Une initiative qui s’est faite donc à Minya (1983), ensuite à Nag Hammadi (1985) et à Armant (1988), dans la région de Louqsor. Père Mounir Khouzam a vécu avec le peuple, avec les pauvres en particulier, longeant le chemin des pionniers des pères Jésuites, qui avaient répondu « présent » à leurs vocations en faveur des enfants oubliés et marginalisés des villages pauvres et lointains. Il a donné la possibilité à des centaines de jeunes d’achever leurs études ou d’apprendre un métier d’avenir. Et beaucoup d’entre eux ont assumé des rôles de leadership dans des dizaines d’ONG oeuvrant pour le développement en Egypte ou ailleurs. « La mission du père Mounir correspondait parfaitement à sa vocation de Jésuite qui consistait à aller jusqu’au bout, aller avec les gens jusqu’au bout des frontières, aller là où le besoin se faisait sentir, aller à l’endroit où personne ne va », avait dit Magdi Mehanni, académicien qui vit aux Etats-Unis et qui prépare actuellement un ouvrage consacré sur le P. Khouzam .
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