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Plus qu’un collège, un monument

Hala Fares, Lundi, 01 avril 2019

Construit dans un quartier presque rural du Caire, le Collège de la Sainte Famille est un gigan­tesque bâtiment érigé sur une superficie de 11500 m2. Récit d’une bâtisse qui a marqué l’histoire.

Plus qu’un collège, un monument

Les travaux de construction du Collège de la Sainte Famille de Faggala ont commencé en janvier 1888. Le niveau assez bas du terrain et les infiltrations du canal tout proche ont soulevé un grand problème pour la soli­dité des fondations. Le F. François Mourier, qui est aussi architecte, a trouvé une solution et fit reposer toute la bâtisse sur une plateforme de ciment. En octobre 1879, le P. Foujols annonçait à l’assistance : « Ici, s’élèvera la forteresse de l’enseignement et de l’éducation. Nous voulons payer à l’Egypte l’hospi­talité qu’elle nous a si libéralement accordée en la dotant d’un établissement à la structure colossale, destiné à élever ses enfants dans la science et dans les bonnes manières. Nous serons heureux si nous pouvons lui donner bientôt une génération d’hommes de caractère, de coeurs dévoués, une légion de jeunes qui sauront mettre au service de la patrie leur intelli­gence, leurs lumières, leurs paroles et leurs bras ».

La construction du bâtiment a pris 13 mois, et le 30 mai, donc à la fin des travaux, le Père Recteur com­mença à bénir tout le grand corps du bâtiment, et les élèves firent le tour des grands corridors pendant que le Père Recteur bénissait les classes, les études, les chambres et les réfectoires.

Le Collège des Jésuites a ouvert ses portes avec 112 étudiants, un nombre qui n’a cessé d’augmenter.

Et pour pallier l’encombrement, un nouvel étage a été construit en 1904. Par la suite, d’autres construc­tions ont été réalisées: l’église, le théâtre (1892), le bâtiment actuel du cycle préparatoire (1925), celui du cycle primaire situé dans la rue Qobeissi avoisinante (1930), et également le bâtiment du cycle primaire d’Héliopolis (1934). En 1930, le Collège comptait 600 élèves provenant de 14 pays: Egypte, France, Liban, Syrie, Italie, Grèce, Angleterre, Suisse, Espagne, Yougoslavie, Turquie, Tchécoslovaquie et Russie.

L’église

Les travaux de construction de l’église ont com­mencé le 2 avril 1889, sous la supervision de l’archi­tecte François Mourier, et l’église a été consacrée le 1er novembre 1891. Elle s’élève au côté du collège, avec ses arcades mauresques, ses chapiteaux byzan­tins, sa tour crénelée aux baies géminées formant un gracieux piédestal à la croix en fer qui est la première à se dresser si haut dans ce quartier de la grande ville. « L’architecture de l’église est mozarabe, inspirée du

style andalous arabe », explique le P. Henri Boulad. Rarement rencontré en Egypte, ce style se distingue par ses arcades rondes qui combinent les pierres rouges et blanches et qui divisent l’église en trois chapelles. Quant aux scènes des vitraux peints, elles sont encadrées de motifs botaniques. Autre distinc­tion de l’église des Jésuites: elle comprend à la fois des icônes représentant des scènes religieuses et deux statues: l’une de saint Joseph et l’autre de la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus. « Leur style sculptural est latin, d’après les yeux de la Vierge, le voile et la robe qu’elle porte », commente le P. Vietchek. Et il y a une explication pour cela. La « Compagnie de Jésus » est née en Espagne, sous la houlette d’Ignace de Loyola, et le premier Collège des Jésuites a été établi dans la ville espagnole de Grandie. D’où l’in­fluence de l’architecture andalouse sur la chapelle catholique des Jésuites.

La bibliothèque

La bibliothèque a commencé ses activités en octobre 1975. Elle a été mise sur pied sous la direc­tion inspiratrice du Père Walter Young et a été patronnée par l’Association des anciens élèves. En fait, la bibliothèque des Jésuites est l’une des plus importantes de son genre grâce aux ouvrages qu’elle abrite sur l’Egypte Ancienne, la littérature française, l’Egypte moderne, l’arabisme et l’islam. Elle ren­ferme près de 65000 titres dont 34000 offerts par P. Samir Khalil des Jésuites du Liban. En fait, la biblio­thèque a été enrichie grâce aux dons continuels qu’elle reçoit, surtout des anciens élèves. Bien qu’elle soit ouverte à tout le monde, elle passe actuellement par une crise puisqu’elle est très peu utilisée. « Pour remédier à ce problème, on est en train de numériser le contenu de la bibliothèque dans le cadre d’un grand projet en partenariat avec l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) », a souligne le P. Boulad, ajoutant qu’une bibliothèque arabe est en train d’être montée actuel­lement à l’initiative du P. William Sidhom.

Le théâtre

Le théâtre des Jésuites a été inauguré le 24 janvier 1892 par une tragédie en langue arabe, David et Jonathan, rédigée par P. Chalfoun, Jésuite du Liban. C’était en fait un grand triomphe d’avoir un vrai théâtre avec une scène mesurant 10x7 m.

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