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Les médias au service de l’environnement

Taimour Hubert, Mardi, 04 avril 2017

Pendant deux jours, l’Union de la Presse Francophone (UPF) a réuni, près de Marrakech, plus d’une centaine de journalistes francophones africains et de professionnels de l’environnement, dans l’objectif d’un échange d’expériences sur la couverture des questions écologiques.

Les médias au service de l’environnement

L’union de la Presse Francophone internatio­nale (UPF) fait de la pro­tection de l’environnement l’une de ses causes … et le fait savoir avec grand bruit. Après une première édition réussie à Monaco en 2016, dédiée à la Méditerranée, elle vient de tenir au Maroc, à Benguerir, la ville verte située à 70 km au nord de Marrakech, son deuxième symposium sur la ques­tion intitulée cette fois « Médias, environnement et développement durable en Afrique ». Un événe­ment qui s’inscrit dans la droite lignée de la Conférence sur le chan­gement climatique (COP22), tenue elle aussi à Marrakech en novembre dernier et qui avait réuni 197 pays.Le Maroc souligne ainsi sa détermi­nation à mettre en valeur ses enga­gements pour le climat et il a mobi­lisé ses capacités afin que l’UPF puisse tenir sa rencontre dans les meilleures conditions possibles. Avec d’abord la générosité de l’Of­fice chérifien des phosphates qui a accueilli dans un espace écolo­gique — la toute nouvelle Université Mohamed VI polytech­nique, un centre de formation de haut niveau et d’innovation qui se projette sur le monde — les 150 journalistes et professionnels fran­cophones venus de 25 pays afri­cains.

L’appui du ministère du Tourisme marocain, qui fait du tourisme durable son orientation majeure, a de même été remarqué par les parti­cipants qui sur deux jours, les 30 et 31 mars, ont intensément échangé sur des sujets de préoccupation exposés par des scientifiques, avec en conférence inaugurale l’inter­vention édifiante de la Marocaine Maria Snoussi spécialisée en géos­ciences marines, première femme et première personnalité non fran­çaise, élue présidente de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France). « L’Afrique fait face à un grand danger, qui est la croissance de sa population, avec une projection de +121,2 % en 2050, quand la popu­lation terrienne sera de 10 milliards d’individus. Cela engendre des pressions sur les écosystèmes et la biodiversité avec une empreinte écologique constituée à la source par le déboisement. Pourtant, l’Afrique est un continent d’oppor­tunités, si de nouvelles voies de développement durable et d’utilisa­tion durable des ressources sont déployées », a prévenu Mme Snoussi. Un constat inquiétant auquel les médias francophones d’Afrique doivent répondre « pour assurer l’avenir écologique du continent », a martelé Madiambal Diagne, prési­dent international de l’UPF. De quoi soulever bien des questions. « Dans quelle perspective les médias doi­vent-ils traiter les problématiques écologiques ? Quelle place les médias accordent-ils à celles-ci ? », s’est-il ainsi interrogé.

« La manière dont le changement climatique sera traité dans les médias influencerait inéluctable­ment la capacité de nos sociétés à l’affronter et à y trouver des solu­tions. Débattre, échanger, mettre en contact les expériences diverses et variées, s’inspirer mutuellement des bonnes pratiques, c’est le défi que nous devons relever tous ensemble, nous, les médias francophones, au cours de ce symposium de Benguerir », a estimé, quant à elle, Meriem Oudghiri, présidente de la section marocaine de l’UPF.

Menés par Jean Kouchner, le secrétaire général international de l’UPF, et son adjointe Khadija Ridouane, les échanges se sont répartis en diverses tables rondes et quatre ateliers simultanés : prise de position des médias, leur rôle forma­teur, la place des réseaux sociaux, la relation entreprises-médias. Blogueurs, activistes, responsables d’ONG, patrons de presse, spécia­listes de la santé, experts en commu­nication ont tous, dans un enthou­siasme notable, fait part de leurs expériences respectives, positives ou négatives, des moyens de les amélio­rer ou de les éviter.

Sortir de la « folkorisation »
L’Hebdo a en particulier suivi l’atelier intitulé « Réseaux sociaux : Quel rôle pour la sensibilisation » pour se rendre compte que l’impact de ces nouveaux médias, comme ils sont aussi qualifiés, est déjà saisis­sant dans la sensibilisation des populations africaines à la protec­tion de l’environnement, grâce au phénomène des « Selfies-déchets » en Guinée. Ou encore grâce à l’idée des « Eco-joggings » au Togo : en 2 mois, ces derniers ont permis avec 70 participants de ramasser 80 kg de déchets. L’initiative a suscité l’at­tention de sponsors encore discrets, des grands médias internationaux et a même été reprise en France et en Haïti …

Bien qu’ils soient encore utilisés de manière basique, comme cela a été souligné, les réseaux sociaux permettent de sortir de la « folkori­sation des questions environnemen­tales » et déjà de faire plier des projets immobiliers dommageables à l’environnement grâce à la mobi­lisation des internautes et la réac­tion des plus hautes instances gou­vernementales qui en découle. L’Afrique compte 330 millions d’internautes et 170 millions d’uti­lisateurs des réseaux sociaux, leur puissance apparaît comme évidente pour influer sur les comportements des populations. Avec toutefois un travail sur la crédibilité des sources à mettre en oeuvre, qui passe par la définition précise de stratégies de communication. La conclusion principale de cet atelier ? « Les questions environnementales seront vaincues grâce aux réseaux sociaux ! », a-t-il été affirmé.

Dans son souci de parfaire la ren­contre, l’UPF Maroc a voulu donner de la perspective aux débats avec les visites du tout nouveau musée de l’eau de Marrakech et de la per­formante station de traitement des eaux usées de la ville. Des réalisa­tions convaincantes qui viennent enjoindre la presse francophone à placer définitivement au centre de ses priorités les questions écolo­giques.

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