Pour Madagascar, ce n’est pas seulement un sommet, mais une bouée de sauvetage. « Ce sommet est une opportunité pour le pays, pour l’économie, pour le social, pour l’ouverture de Madagascar sur le monde », a ainsi affirmé le président malgache, Hery Rajaonarimampianina. D’abord, parce que ce sommet signe le retour de la Grande Ile à l’espace francophone après son expulsion de l’OIF suite au coup d’Etat de 2009 et à la crise politique qui s’ensuivit. Or, après cinq années de chaos, la Cour électorale malgache a organisé un processus électoral libre et transparent qui a abouti à l’élection du président Hery Rajaonarimampianina en janvier 2014. De quoi porter l’OIF — présidée alors par Abdou Diouf — à réintégrer Madagascar en mars 2014, après cinq ans de suspension.
Soucieuse d’affirmer la dimension politique de la francophonie, l’OIF a tenté de consolider les règles de la démocratie à Madagascar tout au long de cette dernière année, en organisant des séminaires d’appui à la Commission électorale nationale à Antananarivo en vue de la tenue des prochains scrutins, présidentiel et législatif, dans un environnement politique apaisé.
Côté malgache, Michèle Andriamparany, chef du service de la francophonie au sein du ministère malgache des Affaires étrangères, a affirmé samedi : « L’accueil du sommet est une reconnaissance internationale de notre pays après 5 ans de crise. Ce sommet est l’occasion de montrer à la grande famille francophone que notre pays est vraiment présent dans le monde de la francophonie ». Selon les experts, la Grande Ile a gagné son plus grand défi après avoir réussi à organiser ce sommet historique, surtout qu’elle avait garanti la sécurité à ses invités : elle est devenue au coeur de l’actualité internationale.
Loin des acquis politiques, la tenue de ce sommet aurait des retombées économiques exceptionnelles sur l’un des pays les plus pauvres de la planète. En effet, la crise politique de 2009 a enlisé le pays dans une sévère crise économique. Depuis, Madagascar figure parmi les pays les plus pauvres du monde. Selon l’Unicef, 92 % des Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il est vrai qu’une partie de la population malgache avait déploré le coût exorbitant de ce sommet, estimé à 7 millions d’euros, qui auraient pu sauver le peuple de la pauvreté, pourtant, les experts estiment que ce sommet aurait un impact énorme sur le plan économique pour un pays enlisé dans l’abîme d’une féroce crise depuis plus de 7 ans.
Espérant que la Grande Ile pourra enfin tourner la page des années de misère, l’administrateur de l’OIF, Adama Ouane, a insisté sur l’impact économique que le sommet aurait sur l’image du pays qui a connu des années de graves difficultés économiques : beaucoup d’emplois ont été perdus depuis 7 ans et le pays a été oublié de tous les bailleurs de fonds. « Ce sommet constitue une immense opportunité pour Madagascar de rencontrer tous ces pays avec lesquels nous n’avons pas l’habitude de commercer », a affirmé le délégué général à la présidence de la République malgache, Mamay Rajaobelina, dévoilant son optimisme quant à la venue des investisseurs à Madagascar après le sommet. D’ailleurs, une conférence avec les bailleurs de fonds aura lieu à Paris le 1er et le 2 décembre, afin de négocier des prêts nécessaires à Madagascar dans le domaine de la construction de l’infrastructure, le secteur des mines, de la pêche et de l’industrie. De plus, plusieurs accords commerciaux ont été signés avec la Grande Ile, dont 22 de coopération bilatérale signés avec le Maroc. « L’espace francophone rassemble des pays industrialisés, des pays en émergence, des pays moins avancés. Tous ces pays ont quelque chose à offrir à Madagascar », a conclu Michaëlle Jean sur un ton optimiste .
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