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Jean-Marc Harion : Nous voulons couvrir la totalité de la population égyptienne en 4G d’ici 2021

Lundi, 21 novembre 2016

Le CEO d'Orange Egypte, Jean-Marc Harion, aborde les détails de l’achat de la licence 4G, ainsi que les perspectives d’investissement dans le secteur des télécommunications.

Jean-Marc Harion
Jean-Marc Harion, CEO d'Orange Egypte.

Al-Ahram Hebdo : Est-ce que le montant d’achat de la 4G est convenable par rapport aux prix mondiaux ?

Jean-Marc Harion : Orange Egypte est très heureuse que le régulateur égyptien (NTRA) lui ait attribué la quantité de fréquences dont elle avait besoin. C’était le principal message que nous avions envoyé depuis le premier jour au régulateur et au gouvernement. Nous n’avons jamais parlé du montant à payer, mais plutôt du fait que nous n’avions pas accès à suffisamment de fréquences pour offrir la qualité de services que les Egyptiens méritent. Le prix payé pour les fréquences et la licence 4G est certes très élevé, mais il doit s’analyser par rapport à la population égyptienne, au nombre de clients qui utilisent un téléphone mobile, à la consommation moyenne et à la croissance du marché. Le prix que nous avons payé pour la licence 4G et 10 MHz de fréquences est de 484 millions de dollars. En comparaison avec les autres pays, nous sommes plutôt dans la moyenne haute des prix, mais dans la moyenne tout de même.

— Est-ce que ces fréquences sont suffisantes, ou bien vous aurez besoin d’autres gammes ?

— Nous avons obtenu une quantité de fréquences suffisantes pour les 5 prochaines années, sachant que la 4G va se développer, mais que sans doute, d’ici 5 à 6 ans, nous verrons diminuer le trafic 3G et 2G et nous pourrons réaménager nos fréquences en conséquence. Orange Egypte a été le premier opérateur mobile à obtenir la licence 4G. Nous disposons maintenant d’autant de fréquences que notre principal concurrent et de plus de fréquences que les deux autres opérateurs.

— Comment avez-vous négocié la licence avec le gouvernement, sachant que Telecom Egypt était la compagnie favorite pour le gouvernement ?

— Dès le départ, nous avons déclaré avoir besoin d’au moins 10 MHz de fréquences, et nous l’avons reconfirmé par la suite. Quand le régulateur nous a proposé d’acheter les 10 MHz dont nous avions besoin, nous avons accepté. Cela s’est passé de manière très simple.

— Quelles offres Orange entend-elle présenter après le lancement des services 4G et en quoi ces nouveaux produits vont vous différencier sur le marché ?

— Notre priorité est de rendre la 4G accessible au plus grand nombre. La 4G, c’est avant tout un Internet mobile beaucoup plus rapide. Lors de notre conférence de presse nous avons fait des tests de vitesse. Par exemple, à Garden City, le débit tournait autour de 25 à 30 Mbps et 90 Mbps à Smart Village, dans des conditions de test. Ces vitesses sont 3 à 4 fois supérieures à celles d’un Internet à domicile et 3 à 10 fois supérieures à celle de la 3G, même si Orange propose déjà une 3G de très bonne qualité. Grâce à la 4G et à un Internet plus rapide, le mobile devient un objet non seulement de divertissement, mais aussi de développement de travail, d’études. C’est là qu’Orange se différencie sur le marché. Pour que la 4G contribue au développement du pays, il faut que la majorité des citoyens y ait accès. Raison pour laquelle nous ne facturerons pas la 4G à un prix supérieur à la 3G. Dès le départ, nous avons lancé des offres qui permettent de doubler le volume de données pour que les usagers puissent tester les services et se rendre compte de leur rapidité. Les usagers possédant des smartphones bénéficieront de SIM gratuites. De plus, grâce au groupe Orange, nous pouvons proposer aux Egyptiens des smartphones 4G à des prix abordables.

— Selon les recherches de marché effectuées par Orange, combien d’abonnés vont demander la 4G à la place de la 3G ?

— Si nous prenons en considération que les prix des téléphones 4G sont en baisse au niveau mondial et que l’Internet 4G est de bien meilleure qualité, il est probable que la moitié de la population en Egypte utilise la 4G d’ici 2020.

— Est-ce que cette tendance de différenciation va contribuer à augmenter la part du marché d’Orange ?

— Oui, nous l’espérons. Nous avons démocratisé l’utilisation du mobile en Egypte avec le lancement de Mobinil et nous voulons aujourd’hui démocratiser Internet mobile avec la 4G, en la rendant accessible à tout le monde. Nous avons un objectif de couverture de 100 % de la population égyptienne d’ici 2021. Mais il reste énormément de choses à faire pour le rendre accessible à tout le monde. Nous pensons que cela aura un impact positif sur notre part du marché, mais aussi que la 4G aura un impact positif sur le développement du pays, à travers la création d’entreprises et l’enseignement en ligne par exemple.

— A combien évaluez-vous les investissements nécessaires pour ces nouveaux projets ?

— Ces investissements prévus sur les 3 prochaines années sont évalués à des centaines de millions par an, sachant que depuis la création d’Orange, nous avons investi plus de 33 milliards de L.E. dans le pays, sans compter le prix des nouvelles licences.

— Est-ce que la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) aura un impact sur la valeur des services offerts par Orange ?

L’application de la TVA a un impact temporaire sur le pouvoir d’achat des Egyptiens. Mais les communications mobiles restent prioritaires pour les Egyptiens, qui bénéficient de prix de télécommunications mobiles parmi les plus bas du monde. Et puis, nous investissons sur le long terme et nous sommes persuadés que la situation va se rétablir d’ici 2 ans. Le développement long terme du pays implique que la grande majorité des Egyptiens accèdent à Internet, particulièrement en mobilité. Nous continuons à investir dans cette perspective, malgré quelques impacts court terme sur notre cash-flow. Aujourd’hui, le financement d’Orange Egypte est assuré par le groupe Orange, notre actionnaire majoritaire qui a accepté de prêter l’argent nécessaire au financement de nos investissements.

— Allez-vous recourir à des produits à prix réduits pour attirer les clients ?

— Nous le faisons déjà. Nous avons à coeur d’offrir des prix de services très bas. Par exemple, nous présentons aujourd’hui des plans data à partir de 10 L.E. Nous voulons mettre la 4G à la portée de tout le monde, car nous pensons que tout le monde a besoin d’accéder à Internet mobile.

— Comment allez-vous surmonter la crise du dollar ?

— La hausse du dollar va rendre plus chers certains équipements que nous achetons en monnaie étrangère. Heureusement, nous avions anticipé une telle situation en commençant très tôt à investir dans la 4G. Et nous nous adaptons à cette nouvelle situation pour continuer ces investissements, parce qu’il n’est pas question de les ralentir.

— Quelle est la stratégie d’Orange Egypte pour les trois prochaines années ?

— Rendre Internet mobile 4G accessible à tous : offrir des tarifs data abondants à des prix raisonnables et des smartphones 4G que tous les Egyptiens pourront s’offrir.

— Comment évaluez-vous le climat de l’investissement sur le marché égyptien actuellement ?

— Le prix élevé du dollar et l’inflation rendent la situation temporairement difficile, mais le gouvernement a adopté un certain nombre de mesures fortes qui ont convaincu le FMI de prêter au pays l’argent dont il a besoin pour se transformer. Et puis l’Egypte a un certain nombre d’atouts. D’abord, une population globalement très qualifiée, polyglotte, ce qui est une clé pour le développement des services. Une monnaie pas chère et une place stratégique aux frontières de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, qui représentent autant d’atouts pour l’exportation. Avec ces atouts, nous croyons que la situation va s’améliorer et l’économie repartir à la croissance. C’est pour cette raison que le groupe Orange, malgré le climat d’incertitude temporaire, a été le premier opérateur mobile à acheter de nouvelles fréquences et à lancer la 4G.

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