Samedi, 14 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Visages >

Amany Rabie : La grande dame du powerlifting

Manar Attiya , Mercredi, 17 juillet 2024

Championne de powerlifting à l’âge de 62 ans, Amany Rabie est l’unique Egyptienne et Afro-arabe à détenir un record au concours international Mr. Olympia aux Etats-Unis. Pour de nombreuses athlètes, elle est devenue une référence et une véritable inspiration.

Amany Rabie
(Photo : Mohamad Moustapha)

Agée de 62 ans, Amany Rabie est une vraie championne du powerlifting. Elle détient respectivement le titre de championne Mr. Olympia en 2019, 2021 et 2022. Elle remporte six titres consécutifs au Championnat d’Egypte de 2019 à 2024. Elle a décroché en tout 92 médailles d’or, 4 d’argent et 3 de bronze. En juin 2024, Rabie participe au Championnat d’Egypte Elite de dynamophilie dans trois gouvernorats : Daqahliya, Damiette et Charqiya. Grâce à ses excellents résultats, elle a décroché la première place sur 50 athlètes et 50 juniors, venues d’Alexandrie, de Mansoura, de Gamassa, de Damiette, de Charqiya, de Charm Al-Cheikh et d’Hurghada.

Avec seulement une ceinture de levage et des manchons pour les genoux, Amany Rabie exerce ce sport qui requiert beaucoup de force et qui consiste à soulever le plus de poids possible. Il existe trois exercices-clés. Il y a d’abord le squat, exercice qui fait travailler les muscles du bas du dos, des hanches et des cuisses. La powerlifteuse plie ses jambes jusqu’à ses cuisses, jusqu’à ce qu’elles soient parallèles au sol. Une fois cette position atteinte, les jambes doivent être fléchies vers le bas jusqu’à ce que les hanches soient plus basses que les genoux. Ensuite, il y a le développé-couché ou le banc, cet exercice cible principalement la poitrine, les épaules et les bras. La sportive commence par s’allonger sur un banc en tenant une barre au-dessus de sa poitrine. Ensuite, elle la remonte jusqu’à ce que ses bras soient complètement tendus. Le troisième mouvement est le soulevé de terre qui fait travailler principalement les muscles des jambes, du dos et des hanches. « L’objectif est de soulever une barre tout en gardant son corps droit. A la fin de la compétition, l’arbitre additionne les scores les plus élevés réalisés dans chaque exercice pour obtenir un total à partir duquel l’athlète est classé dans sa catégorie de poids », explique Rabie.

En 2019, lors de son premier record au Championnat national, Amany a réalisé 150 kg au squat, 65 kilos au banc et 155 kg au soulevé de terre. Si on fait une comparaison entre ces records et ceux de 2024, on constate que son niveau s’est amélioré d’une façon remarquable. Elle a réalisé 170 kg au squat, 180 kg au banc et 185 kg au soulevé de terre. « Je ne pensais pas vraiment au poids que je soulevais. Il y avait tellement d’énergie dans la salle, tout le monde m’encourageait et voulait sincèrement que je gagne », dit-elle en souriant.

Amany Rabie n’est pas championne par hasard. Ses résultats sont le fruit d’un travail assidu. « Avant les compétitions, j’augmente progressivement les poids avec lesquels je m’entraîne. J’ajoute des exercices pour renforcer les lombaires, les abdos et d’autres muscles ».

Cette Cairote vient de prouver que l’âge n’est pas toujours une barrière. Ancienne designer d’intérieur, Amany a commencé sa carrière sportive à l’âge de 54 ans. Son histoire avec le powerlifting remonte à 2018, elle faisait alors de la musculation. Elle s’intéressait au monde du fitness pour éliminer les kilos en trop et brûler les calories. Au club Al-Seid à Doqqi, son coach Mohamed Sayed savait qu’elle avait de la force dans les bras. Il l’a encouragée à commencer l’aventure du powerlifting. Après des exercices de musculation, elle dispute sa première compétition.

Enfant et jeune fille, Amany Rabie adorait le sport : natation, tennis, volley-ball, basket-ball, hockey, musculation et même football. « J’étais habituée à gagner dans les compétitions scolaires et universitaires ».

La nutrition joue un rôle très important dans le powerlifting. « Une nutrition adaptée est essentielle pour stimuler la fonction musculaire ». Son régime alimentaire est composé de 1 tiers de protéines (viandes, poissons, oeufs), 1 tiers de glucides complexes (patate douce, riz complet, légumineuses et céréales) et 1 tiers de légumes verts, « c’est indispensable pour mieux digérer les protéines ».

Lorsqu’elle a commencé le powerlifting, elle a dû suivre un régime alimentaire parce qu’elle devait entrer dans la catégorie des moins de 63 kg, alors que son poids était de 66 kg. Deux ou trois mois avant la compétition, elle a commencé un régime calorique. « Je compte les calories de façon à optimiser mon programme sportif, ceci en consommant des aliments sains et nutritifs ».

La sexagénaire ne cesse de susciter l’admiration de son entourage. « Faire ce qu’elle fait à son âge est tout simplement impressionnant », commente l’un de ses fans sur les réseaux sociaux. Elle a avancé d’un pas sûr vers le succès.

Au début de sa carrière sportive, Amany a été critiquée. « Comment tu peux te soumettre à des contraintes extrêmes à cet âge ? », lui disait-on. Tout le monde doutait de ses capacités. Mais elle s’en fichait. Elle voulait prouver que les stéréotypes ne sont pas vrais et que les femmes peuvent tout faire et à n’importe quel âge. « Il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves », note Rabie, qui a suivi sa passion malgré les défis qu’elle avait rencontrés.

Ses deux fils, la quarantaine, ont protesté et lui ont dit que l’exercice physique extrême pour les personnes âgées était dangereux et qu’elle devait arrêter. Mais la réponse de cette femme cultivée était simple : « Les recherches montrent que l’exercice physique se traduit toujours par une amélioration de la masse musculaire et de la santé en général, même chez les personnes âgées de 95 ans ». Et d’ajouter : « L’exercice quotidien diminue les risques liés aux maladies cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux … L’entraînement améliore la santé mentale, le bien-être et les fonctions cognitives tout en augmentant la densité osseuse. L’haltérophilie peut également diminuer les risques de blessures en cas de chute ».

Depuis qu’elle a commencé à faire de la compétition, cette grand-mère de trois petits-enfants n’a jamais regardé derrière elle. « La dynamophilie m’a permis de renforcer les muscles, de développer ma force et d’augmenter ma masse musculaire. C’était mon exutoire et je me suis débarrassée du stress », dit-elle. « Le sport est un antidépresseur, c’est donc une source de plaisir ».

Pour elle, le powerlifting lui donne l’occasion de faire du sport et de goûter au succès. « Je ferai du powerlifting toute ma vie », conclut-elle.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique