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Big Ramy : Pour le culte du corps

Chourouq Chimy, Mardi, 23 mars 2021

Le bodybuilder Big Ramy, ou Mamdouh Elssbiay, est un nom qui a brillé il y a quelques mois après avoir été couronné Mr. Olympia 2020 en culturisme. Un grand succès qui vient après un long parcours dans l’ombre.

Big Ramy

Le voir sur le podium de Mr. Olympia en culturisme ou battant ses forts adversaires, Big Ramy donne immédia­tement l’impression d’être une machine à tabasser, une sorte de rou­leau compresseur qui écrase tout sur son passage. Pourtant, cet homme de 36 ans, costaud et super-baraqué (178 cm pour 130 kg), n’a rien d’un monstre. Si sa densité musculaire lui a permis de gagner tant de compétitions, son caractère doux et agréable, ainsi que son coeur tendre lui ont valu l’amour de son entou­rage.

Bien que les débuts de Big Ramy en catégo­rie Amateurs soient modestes, son succès en catégorie Seniors a été remarquable, arrivant au grand moment en décembre 2020, lorsqu’il a remporté le titre de Mr. Olympia, le plus prestigieux titre en culturisme aux quatre coins du monde. Il est le premier joueur égyptien et le deu­xième arabe à réaliser ce grand exploit. « J’ai participé à Mr. Olympia 6 fois avant 2020. A chaque fois, j’améliorais mon classement, mais je n’arrivais pas à réaliser mon but qui était de décrocher le titre. En 2020, j’ai foulé le podium, face à des adver­saires tout puissants, de renommée internationale, tels l’Américain Phil Heath, 7 fois Mr. Olympia, et l’Ira­nien Hadi Choopan. Cette fois-ci, j’avais la détermination de gagner », signale Big Ramy, en ajoutant que pendant les 10 ans de sa carrière en culturisme, il pratiquait ce sport avec une grande passion et qu’il lui a consacré toute sa vie.

Ce n’est qu’en 2020 qu’il a commencé à être connu en Egypte et sou­tenu par un large public, qui attendait cet événe­ment avec impatience et aspirait à voir sa star couronnée Mr. Olympia. « Je n’aime pas jouer sous pression. C’est mon point faible. Cependant, j’ai pensé que si jamais je gagnais, une grande catégorie de jeunes Egyptiens m’imiterait, ce qui contribuerait à promouvoir ce sport en Egypte. Cette idée m’a incité à remporter le titre », souligne Big Ramy, précisant que son parcours en culturisme n’était point facile. Mais il se plaît à être considéré comme un modèle inspirant les jeunes joueurs qui veulent suivre ses pas.

En fait, la première participation internationale de Big Ramy en cultu­risme remonte à l’année 2011, préci­sément à l’Open de Koweït au cours duquel il a gagné, faisant la surprise de tout le monde, d’autant plus que cette compétition rassemblait les grandes stars de la discipline. Ensuite, il a décidé d’entreprendre un pas encore plus sérieux et de par­ticiper à Mr. Olympia Amateurs. En 2012, il a remporté le titre de Mr. Olympia Amateurs, alors que c’était sa première participation. « Je me rappelle le jour où j’ai dit à mes amis — après avoir remporté Mr. Olympia Amateurs — que je rejoin­drais la Fédération internationale pour joueurs professionnels de culturisme et que je participerais aux tournois professionnels. Tous se sont moqués de moi ce jour-là. Mais je n’ai prêté aucune attention à leurs préjugés et j’ai poursuivi mon che­min avec détermination et persévé­rance », raconte le bodybuilder. Quelques mois plus tard, son voeu commence à devenir réalité, notam­ment au mois de mai 2013, lorsqu’il participe à son premier tournoi pro­fessionnel, l’Open de New York, où il a fait sa deuxième surprise en écra­sant ses adversaires, plus forts et plus expérimentés. Cette victoire était un vrai tournant pour Big Ramy, qui a travaillé ardemment pour amé­liorer sa densité musculaire, ayant les yeux braqués sur le titre de Mr. Olympia.

Ses débuts en culturisme revien­nent à l’âge de 7-8 ans, quand il accompagnait son frère Ihab au gymnase. « J’habitais dans le village de Baltim à Kafr Al-Cheikh, dans le Delta, loin de toute forme de vie moderne. Mon frère Ihab était ma seule idole et mon inspiration. Je l’appe­lais le dieu du sport », se souvient-il. Big Ramy, ou à l’époque Mamdouh Elssbiay (son vrai nom), n’arrê­tait pas d’aller au gym­nase, même pendant ses études. A l’âge de 25 ans, il est parti au Koweït pour rejoindre les membres de sa famille qui y travaillaient comme pêcheurs. Une fois, il est tombé sur un gymnase et il a quitté sa famille pour y travailler.

Pendant un an et demi, il a fré­quenté de nombreux gymnases, mais ses yeux étaient fixés sur un célèbre gymnase où s’entraînaient les grands noms de culturisme, issus non seule­ment du monde arabe mais aussi de par le monde. « Je ne faisais rien à part observer de près leurs talents exceptionnels et je suivais leur entraînement à la lettre. Deux ans plus tard, j’ai décidé de commencer ma carrière comme joueur profes­sionnel. Après des années de travail dur, je suis devenu le Big Ramy d’au­jourd’hui », dit-il fièrement. Le jour où Big Ramy a décidé d’abandonner son métier de pêcheur et sa carrière en tant qu’entraîneur dans les salles de sport, il n’était pas sûr de son succès, mais le culturisme était la seule chose qu’il maîtrisait vraiment dans la vie.

Son parcours pour arracher le titre de Mr. Olympia 2020 était semé d’embûches, surtout la période qui a tout de suite précédé cet événement majeur. En 2019, il a été blessé aux épaules et a déclaré forfait à cette édition de Mr. Olympia. Tous ses sponsors ont suspendu leur contrat avec lui, croyant qu’il s’agissait de la fin de sa carrière.

Après son rétablissement, son come-back sur le plan financier et physique était très difficile, notam­ment après la suspension de la plu­part des tournois à cause de la pandé­mie. Ensuite, il a annoncé avoir contracté le coronavirus et ne pas pouvoir participer à la seule compé­tition qualificative de Mr. Olympia 2020. « Je me suis adapté à franchir les obstacles et à relever les défis. Je n’avais pas la moindre chance de pouvoir participer à cette édition de Mr. Olympia, mais je m’entraînais très dur, jour et nuit. Mon entourage et même mon entraîneur me deman­daient d’arrêter les entraînements. Cependant, j’avais la conviction que vouloir c’est pouvoir, en dépit des circonstances ». Avant la compéti­tion de Mr. Olympia 2020, les res­ponsables de l’événement ont infor­mé Big Ramy qu’il pourrait prendre part à cette édition sous invitation et sans être obligé de disputer le tour­noi qualificatif qui a eu lieu pendant sa mala­die. « La participation de Big Ramy aurait été difficile s’il n’avait pas tenu à s’entraîner. Je l’apprécie énormé­ment. J’ai croisé et j’ai entraîné de nombreux joueurs, mais Big Ramy est vraiment exceptionnel. Je ne crois pas qu’il existe­rait en Egypte un joueur ayant ce poten­tiel incroyable en lui. Il a un caractère d’or et une grande humilité avec les jeunes talents égyptiens et avec ses fans », note l’Américain Dennis James, entraî­neur de Big Ramy depuis 4 ans. Selon lui, Big Ramy est un joueur phénoménal. Il possède une grande volonté et un esprit de combattant qui sont ses deux principaux avan­tages face à ses adversaires.

Désormais, Big Ramy a quitté le Koweït avec sa femme et ses trois filles, pour s’installer définitivement en Egypte, avec son fidèle entraîneur James. Malgré le grand succès qu’il a réalisé en culturisme, il n’aimerait pas que ses trois filles pratiquent ce sport du fait qu’il nécessite une exposition des corps. « Je suis issu d’une famille très conservatrice. J’aime beaucoup le Koweït, mais j’ai préféré revenir en Egypte et y rester. Ces dernières années, j’ai reçu des offres de nationalités étran­gères, mais j’ai refusé, car je suis très attaché à mon pays », dit-il.

Plein d’ambition pour l’avenir, Big Ramy commence à s’entraîner avec James pour le titre de Mr. Olympia 2021. Il vient de signer un contrat de sponsor avec Haytham Haggag, vice-président d’une entreprise inter­nationale de compléments alimen­taires, Enhanced Labs. Cette entre­prise ouvrira une nouvelle phase dans sa carrière de culturisme. « Big Ramy mérite tout notre soutien pour qu’il puisse bien se préparer à son plus fort challenge qui est de conser­ver son titre de Mr. Olympia. Il s’en­traîne 3 heures et demie par jour : 2 heures de condition physique et une heure et demie de musculation », indique Dennis James. Gardons un oeil sur le nom de ce champion, il apparaîtra encore plusieurs fois. « J’ai précisé un âge où je vais arrê­ter de jouer, mais avant cela, je veux remporter Mr. Olympia à plusieurs reprises », conclut Big Ramy, plein de courage. Après, il pourrait peut-être se convertir en homme d’af­faires.

Jalons

16 septembre 1984 : Naissance dans le Delta égyptien.

2012 : Vainqueur de Mr. Olympia Amateurs.

2013 : Premier titre en catégorie professionnelle. Vainqueur de l’Open de New York.

2013-2018 et 2020 : Sept fois qualifié à disputer Mr. Olympia.

2020 : Mr. Olympia.

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