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Anju Singh : L’énergie positive

Dina Kabil, Lundi, 22 juin 2020

Sage et sereine, Anju Singh, professeure de yoga au Centre culturel indien Maulana Azad au Caire, a fait le tour de l’Egypte pour enseigner cette discipline millénaire. Son objectif: mener les autres au bien-être physique et mental. Portrait à l’occasion de la Journée mondiale du yoga le 21 juin.

Anju Singh

Rien n’est poussé à l’extrême chez la professeure de yoga Anju Singh. Tout est équilibré, à l’instar des postures de yoga qu’elle enseigne à ses étudiants, des pos­tures qui donnent de l’énergie vitale et dont la clé est l’harmoni­sation intérieure. Installée depuis deux ans en Egypte, Anju Singh semble avoir un objectif bien clair : faire connaître et répandre la pratique du yoga dans les quatre coins du pays. Car « le yoga qui a ses racines en Inde est un cadeau inestimable pour l’humanité. Il est bien connu pour la prévention des maladies et la promo­tion de la santé », avance Miss Anju.

Les Nations-Unies ont déclaré, il y a quelques années, le 21 juin, Journée inter­nationale du yoga. Les préparatifs en cours sont l’occasion pour Anju Singh de multi­plier les activités autour des concepts zen qui lui sont chers. Car Anju cherche tout simplement à ce que chaque individu bénéficie des bienfaits du yoga. Les prépa­ratifs de la Journée mondiale ne se limitent pas au 21 juin, mais ils commencent au moins deux mois à l’avance. Anju explique avec beaucoup d’enthousiasme comment cette année, en raison de la pandémie du Covid-19, de nombreuses activités de sensibilisation, des compétitions et des flashs mobs de yoga ont été inter­rompues. « Cependant, le Centre Maulana Azad pour la culture indienne (MACIC), qui dépend de l’ambassade d'Inde au Caire, organise une série d’événements, tels un concours de photographie portant sur le yoga, des ate­liers spécialisés en ligne notamment au profit des entreprises, des profession­nels des médias et des diplo­mates… De même, des témoignages qui racontent l’histoire du yoga et le voyage spirituel des étudiants du yoga sont publiés sur notre page Facebook. Antérieurement, le gouvernement indien avait lancé le concours international des blogs-vidéo : MyLifeMyYoga. Compte tenu des normes de distanciation sociale, cette année, nous organisons la Journée internationale du yoga en direct le 21 juin à 18h », précise Anju Singh.

Cette dernière est très humble, comme doivent l’être les professeurs de yoga. En parlant, elle a tendance à s’oublier et à se focaliser sur le yoga, à tel point qu’elle a du mal à évoquer sa personne, les secrets de sa bienveillance et ses accomplisse­ments. Elle a cependant réussi à attirer un nombre croissant de « yogis » et à les sti­muler à pratiquer ce sport de manière régulière. Elle évite d’en parler ou d’indi­quer les chiffres exacts par exemple, parce que sans aucun doute, l’idée de se vanter de ses exploits est complètement rejetée par la philosophie du yoga. Un ascète l’a très bien souligné: l’adversaire du yogi est son ego.

« C’était très encourageant de constater qu’au fil du temps, les gens réalisent l’im­portance de pratiquer le yoga authentique et sont plus enclins à apprendre ses bases philosophiques », dit-elle.

C’est facile de remarquer, dans les cercles de yogis, que le nombre d’étu­diants qui s’inscrivent à ses cours de yoga est en nette croissance. Un bon nombre parmi eux sont envoyés, afin de suivre des cours de formation en Inde et devenir enseignants. Toujours rayonnante, avec un sourire paisible et une étoile dans les yeux, elle avoue: « C’est telle­ment réconfortant de voir des gens se joindre à nos cours, dans les différentes villes d’Egypte, telles Alexandrie, Ismaïliya, Mansoura, pour ne citer que quelques-unes. Bien que notre Centre culturel indien soit basé au Caire, ses activités sont réparties entre plusieurs gouverno­rats. Les visites régulières des écoles dans les différents gouvernorats ont permis à des centaines d’établissements scolaires et à un millier d’élèves d’en savoir plus sur la culture indienne », indique Anju.

Pendant les premiers jours de confine­ment dû à la pandémie, tout le monde était prié de rester chez soi, y compris les étu­diants de yoga du Centre culturel indien. Anju a commencé à organiser des classes en ligne, à travers la fameuse application Zoom. Les abonnements aux cours vont bientôt arriver à terme, mais la profes­seure dévouée continue à donner des cours en ligne gratuitement. Elle ne cesse d’in­viter ses étudiants à pratiquer le yoga en famille, devant l’écran de leurs ordina­teurs. A cause de l’épouvante pandémie, elle tient davantage à répandre le salut autour d’elle, à fournir à tout un chacun une dose d’harmonie, avec son corps et avec le cosmos. « Le yoga nous apprend à voir le positif dans ce qui peut être norma­lement considéré comme négatif. Lorsque ce n’était plus possible de tenir des cours réguliers, avec la présence physique des yogis, à cause de la pandémie, nous avons commencé à le faire en ligne. J’ai princi­palement travaillé sur l’amélioration de la mobilité et de la flexibilité corporelle, sur le renforcement de l’immunité, sur l’appareil respiratoire et l’équilibre du système énergétique aux niveaux physique et mental. Nous avons reçu des réactions très positives et les étudiants étaient très impatients d’assister aux cours virtuels ». Les classes de yoga en ligne ont donc aidé certaines personnes à rester en bonne santé et à avoir une énergie positive, pen­dant une période assez précaire.

Transformer le yoga en une mission de vie, est-ce un choix ou une destinée? L’on se demande en voyant Anju si son amour pour le yoga vient d’une vocation innée ou si chaque citoyen indien rêve-t-il de devenir un jour un maître ?

La passion de Miss Anju remonte à son enfance. « J’ai, bien évidemment, déve­loppé ce penchant naturel, en suivant les enseignements de yoga. Mon vrai voyage sur le chemin du yoga a commencé avec la Fondation Art of Living. Le yoga ne concerne pas simplement les asanas (les postures), il va bien au-delà de cela et beaucoup plus profondément. Il s’agit surtout de faire l’expérience de votre moi intérieur. En Inde, nous suivons la voie des maîtres spirituels. Seul un maître peut vous aider à se découvrir, à grandir... Il est très important d’avoir un maître qui peut vous guider, pour devenir ensuite professeur de yoga », précise-t-elle.

Anju a une double formation, un master en sciences de gestion et un certificat de professeur de yoga avancé. « La forma­tion en sciences de gestion m’a aidée à acquérir de l’expérience dans le monde de l’entreprise et la philosophie yoga m’aide à mener une vie meilleure », ajoute-t-elle.

Enseignant aussi la culture indienne, elle tient à souligner les bienfaits de son séjour en Egypte: « Cela m’a rapprochée de la culture à laquelle j’appartiens et en même temps m’a beaucoup aidée à appré­cier la culture égyptienne. Avant, j’igno­rais que la culture indienne, les produc­tions de Bollywood, les langues, les festi­vals sont tellement appréciés ici. Je me sens chanceuse d’avoir eu l’occasion de servir dans un pays connu pour son ancienne civilisation. C’est tout simplement incroyable de voir les similari­tés entre l’Inde et l’Egypte ».

Interrogée sur le point fort de son séjour égyptien, elle répond sur un ton enthousiaste que c’est surtout l’enseignement du yoga aux enfants. « C’est mon cours préféré, car il implique beaucoup de plaisir et d’interaction. Le yoga aide énormément les enfants dans leur développement global, améliorant leurs niveaux de concentration. Ils réagissent rapidement au yoga ».

Et la philosophie de tout son itinéraire ? Miss Anju la résume comme suit: « Le yoga offre une approche holistique de la vie et donne ainsi à l’enseignant une occasion d’avoir un apport, un impact sur la société ». Cela dit, en tant que profes­seure de yoga, elle s’est approchée davan­tage des individus, elle a appris à mieux connaître les organisations et les établis­sements d’enseignement, avec qui elle traite, afin de mener les autres au bien-être physique et mental. « En tant qu’ensei­gnante, quand je vois comment le yoga transforme des vies, cela suscite chez moi un sentiment de satisfaction », affirme-t-elle. Lorsque la conversation avec elle prend fin, les échos de sa voix provien­nent de loin, comme à la fin des séances de yoga. On a l’impression de l’entendre dire: « N’oubliez pas le sourire sur vos visages ! » .

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