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Iyad Nassar : L’artiste inspire

Yasser Moheb, Lundi, 29 janvier 2018

Iyad Nassar fait partie des comédiens qui ont le vent en poupe. Cet artiste, qui a entamé sa carrière il y a 23 ans, est aujourd’hui en tête d’affiche. Actuellement, il prépare son prochain film, Torab Al-Mas (poussière de diamant), d’après le roman d’Ahmad Mourad.

Iyad Nassar

Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la carrière prometteuse d’Iyad Nassar de plus en plus prolifique. Dandy sans scru­pule, admiré par une base de fans depuis ses débuts, il reste encore aujourd’hui un comé­dien d’exception, capable de maintenir sa position malgré les nombreux concurrents.

Il ne cesse d’enchaîner films et feuilletons, de recevoir de nombreuses récompenses. Nasser est devenu en peu de temps l’un des comédiens les plus sollicités, un visage fétiche dans plusieurs studios en Egypte comme par­tout dans le monde arabe.

Le comédien impressionne, depuis quelques semaines, dans le téléfeuilleton Sabaa Arwah (l’homme à sept vies), diffusé sur plusieurs chaînes arabes. Il y incarne un nouveau rôle, celui du vilain richissime. « J’y tiens le rôle du fils cadet du proprié­taire d’un groupe financier, qui ne peut aucunement contrôler son caractère rancu­nier et sa méchanceté gratuite. De quoi le pousser à assassiner son père et à séduire la femme de son frère », commente Iyad Nassar.

« Dès que j’avais lu le scénario, je me suis senti enthousiaste. Ce personnage est tout à fait différent de tous ceux que j’ai interprétés auparavant ». Et d’ajouter : « Chaque être humain renferme en lui le bien et le mal. Le personnage de Sabri Al-Sioufi a décidé de passer sa vie en imposteur. C’est peut-être ce qui m’a plu dans ce rôle. Il en est de même pour le personnage d’Akram que j’ai inter­prété dans un autre feuilleton, Haza Al-Massä (cette soirée), diffusé durant le dernier Ramadan. C’était un mari qui cher­chait l’amour ailleurs, en dehors du foyer conjugal ».

Né en Arabie saoudite, d’origine palesti­nienne, ayant grandi en Jordanie, Nasser s’est installé au Caire ces dernières années. Ses premières années passées à Riyad où travaillait son père, il sera vite envoyé par ses parents pour vivre chez sa grand-mère en Jordanie, en raison de problèmes financiers. Il grandit alors auprès de ses grands-parents dans une fratrie de six garçons et filles. Très jeune, il se passionne pour l’art sans savoir qu’il sera sa destinée.

« Tout petit, je m’intéressais beaucoup à écouter les chansons d’Oum Kalsoum et à voir les films arabes en noir et blanc, mais surtout les sketchs de Charlie Chaplin », raconte-t-il.

Aux beaux-arts de l’Université Al-Yarmouk, il se spécialise en sculpture. Le jeune homme développe ainsi très vite sa fibre artistique. Devant ses camarades, il improvise des sketchs et présente quelques premières performances sur les planches du théâtre universitaire. Il se prête alors à des rôles shakespeariens, dont Roméo, aussi charmant que tragique, et Hamlet, perdu dans la confusion d’un rêve.

C’est comme s’il était né pour faire car­rière de comédien. Le seul métier qu’a réussi Nassar, après avoir exploré plein d’autres. Il commence sa vie professionnelle en tant que professeur d’arts dans des écoles jorda­niennes, puis comme assistant de réalisateurs dans des agences publicitaires, avant de se tourner vers la comédie. Il a d’ailleurs com­mencé sa carrière d’acteur en 1995, par des seconds rôles dans des feuilletons télévisés. Ensuite viennent les premiers vents du suc­cès, au bout de 3 ans, avec le feuilleton Ors Al-Saqr (noces du faucon), où il a joué 2 ou 3 scènes, pas vraiment marquantes.

« J’étais dévoré par la pas­sion du cinéma et de la télévi­sion. J’ai travaillé d’abord derrière la caméra en tant qu’assistant-réalisateur. Puis devant la caméra en tant que comédien, partageant la vedette avec d’autres beau­coup plus rodés ».

Ensuite, les petits rôles ont commencé à se multiplier avant qu'il ne décolle en 2002. Révélé au grand public par une oeuvre historique sur le poète Emrö Al-Qays, Nassar a gagné l’attention et la confiance du réalisateur jordanien Mohamad Azizéya, qui lui a proposé par la suite le rôle du chevalier et du combattant arabe, Tareq Ibn Amr, dans le feuilleton Al-Haggag, qui a provoqué un vif débat à sa projection en 2003.

« Je n’étais pas encore connu du grand public, donc il était probablement plus facile d’être crédible dans des rôles historiques. C’était une belle occasion de jouer dans des oeuvres à grands budgets, diffusées — presque toutes — lors des Ramadans consécutifs ».

Mais ce sont les deux rôles : le calife Al-Mämoun dans le feuilleton Abnä Al-Rachid : Al-Amin wal Mämoun (fils d’Al-Rachid) et le calife Omar Ibn Abdel-Aziz dans Abou-Jaafar Al-Mansour, qui restent gravés dans les mémoires et dans les registres des drames historiques syriens les plus réussis.

Iyad Nassar s’est toujours intéressé à bien trier ses rôles, selon son coeur et selon le potentiel de leur succès commercial. Il a refusé par exemple d’incarner le personnage de Jésus et celui du calife musulman Omar Ibn Al-Khattab, car c’était contre ses convic­tions. « Je refuse l’idée de traiter la biogra­phie des icônes spirituelles ou religieuses sur l’écran. Je n’aime même pas les voir, alors comment avoir l’audace de les interpré­ter ?! », s’interroge-t-il.

Pas question pour l’artiste de se laisser enfermer dans des personnages stéréotypés qui se ressemblent. Il se lance vite vers d’autres genres, parfois comique, comme dans Chou Hal Haki ? (qu’est-ce que c’est ?) en 2004, parfois social, comme dans Madrasset Al-Ostaz Bahgat (l’école de mon­sieur Bahgat), en 2006. Puis, ce fut le tour­nant en 2007, avec le feuilleton égyptien Sarkhet Onsa (cri d’une femme), devant Dalia Al-Béheiri.

« Jouer dans les drames égyptiens était le rêve de ma jeunesse, non seulement pour franchir ce monde éblouissant et spécial, mais surtout pour apprendre l’art comme il le faut, en côtoyant ses grands maîtres », souligne jovialement Iyad Nassar.

Et comme un succès appelle souvent un autre, le jeune acteur, beau et serein, a com­mencé à enchaîner les succès : le feuilleton Khas Gueddane (privé), le film Hafl Zéfaf (noces), le film Adrénaline, etc.

Son gros coup : c’était le rôle de Hassan Al-Banna, fondateur de la confrérie des Frères musulmans, qu’il campe dans le télé­feuilleton égyptien Al-Gamaa (la confrérie) en 2010. Avec un tel rôle, le comédien prouve une fois de plus son talent de pouvoir présenter de différents personnages, de diffé­rentes allures.

« C’était mon plus grand succès en Egypte, puisque tout le monde a suivi le feuilleton, écrit par Wahid Hamed. J’insiste toujours sur le fait de souligner que je n’ai pas joué le personnage d’Al-Banna en tant que héros national, mais en tant qu’un personnage qui a marqué les esprits et qui a eu un impact indélébile sur son entourage et sur la socié­té. C’était pourquoi je ne m’attardais pas trop sur les détails physiques, mais sur l’idéologie ». Un pari gagné.

Avec beaucoup de finesse, il esquisse le portrait érodant, plein de contradictions, de ce personnage qu’il a l’air de connaître comme les lignes de la main. Et c’est grâce à son rôle d’ailleurs que son père a commencé à le prendre au sérieux. « Mon père me trou­vait bon à rien et refusait fermement que je fasse une carrière artistique. Le succès du feuilleton Al-Gamaa lui a fait changer d’avis et l’a rendu même fier de moi. Son compte Facebook est devenu Abou Iyad Nassar (père d’Iyad Nassar) », dit le comédien avec un sourire sur les lèvres.

Métamorphoses techniques et choix intelligents, voilà ses secrets. En 2011, au lendemain du Printemps arabe, le comé­dien présente quelques oeuvres importantes : le feuilleton Al-Mowaten X (le citoyen x) et surtout le film collectif 18 Youm (18 jours) projeté et célébré au Festival de Cannes, traitant de la révolution égyptienne du 25 janvier 2011 et des jours passés à la place Tahrir. « Je tenais dans ce film le rôle d’un policier dans l’un des services de sécurité. C’était assez diffi­cile d’incarner un personnage des plus criti­qués par le peuple égyptien à l’époque ».

En 2012, ses fans le retrouvent dans un look assez différent sur l’affiche du film choral Saa wa Nos (une heure et demie), cette fois-ci dans la peau d’un vendeur ambulant de livres, dans un train, rencontrant tous types de voyageurs. Durant la même année, il a partagé la vedette avec Ghada Adel, dans le feuilleton Serr Alani (secret de polichinelle).

Ainsi, au fur et à mesure, il devient le jeune premier indispensable dans les divers métrages. « J’avoue être fier d’avoir réussi en dehors de mon pays, la Jordanie, avec autant de talents sur scène ».

Mais si chaque filmographie renferme certaines oeuvres phare, pour celle de Nassar, on peut citer avant tout le feuilleton Oridou Ragolanne (je cherche un homme), un feuilleton romantique dont le succès a encou­ragé l’équipe de travail à présenter une deu­xième partie, poursuivant l’histoire des Roméo et Juliette modernes.

Fort de ses 46 ans, le jeune trompettiste possède déjà une forte personnalité artistique capable de l’amener à émerger rapidement sur le devant de la scène. Du nouveau ? Outre le film Torab Al-Mas (poussière de diamant) qu’il tourne actuellement face à Asser Yassine, selon le roman éponyme d’Ahmad Mourad, sous la houlette du réali­sateur Marwan Hamed, il se prépare à tour­ner un nouveau feuilleton dont la diffusion est prévue au prochain Ramadan. Un nou­veau rôle qu’il qualifie d’original sans vou­loir en dévoiler les détails. Encore des rôles plus variés, en attendant de voir la suite d’une carrière amorcée sur les chapeaux de roue.

Jalons :

9 Novembre 1971 : Naissance en Arabie saoudite.
1995 : Début de carrière artistique en Jordanie avec le feuilleton Ors Al-Saqr (noces du faucon).
2007 : Premier rôle en Egypte, dans le feuille­ton Sarkhet Onsa (cri d’une femme).
2010 : Personnage de Hassan Al-Banna dans Al-Gamaa (la confrérie).
2010 : Prix Jordan Award en tant que meilleur comédien jordanien.
2017 : Tête d’affiche du téléfeuilleton Haza Al-Massä (cette soirée).

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