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Mohamad Mamdouh : Dévorer l’écran à pleines dents

Yasser Moheb, Dimanche, 14 août 2016

Avec une vingtaine de films, de téléfeuilletons et de pièces de théâtre, le comédien Mohamad Mamdouh devient une vraie star montante. A 35 ans, il ne cesse de multiplier les projets, faisant le tout avec un grand appétit.

Mohamad Mamdouh

Il appartient à cette espèce de comé­diens, de grands comédiens dont le talent n’est plus à prouver. Très vite, il a embrassé dans sa carrière des rôles qui ont contribué à le rendre inoubliable. Mohamad Mamdouh vient d’être nommé par les critiques comme « l’Espoir de l’année » pour sa presta­tion distinguée dans le feuilleton Grand Hôtel, diffusé durant le dernier Ramadan.

Pour lui, assiduité et passion riment aisément avec succès et ambition. Il est décidément l’une des grandes révélations de l’année. Après avoir incarné un jeune frère vicieux, au côté de la chanteuse Chérine Abdel-Wahab, dans le télé­feuilleton Tariqi (mon trajet) diffusé l’année dernière, il émeut encore plus fort durant le dernier Ramadan, dans le succès télévisé Grand Hôtel. L’acteur dévore l’écran dans la peau d’Amin, un servant trentenaire, isolé depuis son enfance dans l’hôtel, au point d’avoir l’air d’un retardé, mais aux caractères pourtant vifs et humains. Un rôle qui lui fait mériter tant l’ad­miration que le respect de ses fans.

« Je n’ai pas prévu franchement ce grand succès, alors que j’avais prévu la réussite de toute l’oeuvre, écrite par Tamer Habib et réa­lisée par Mohamad Chaker Khodeir. La plus belle surprise était l’accueil sublime et encen­sé réservé par les critiques et les téléspecta­teurs au personnage d’Amin, malgré les com­plexes qu’il incarnait. J’ai fait de mon mieux pour le présenter sous un angle nouveau », avoue Mohamad Mamdouh, sur un ton modeste. Reconnu aujourd’hui pour son fabu­leux don de faire oublier l’acteur caché der­rière un personnage, il lance ce défi à chaque fois qu’il se met devant la caméra. Avec lui, l’émotion et la crédibilité sont toujours à leur comble. En diversifiant les rôles, il sait autant faire rire que pleurer.

Le comédien parle sans faux-semblant ni affectation feinte, s’offrant comme un homme droit et bien instruit. Il est avant tout un homme de la scène. D’ailleurs, c’est pratiquement là où tout a commencé pour lui, même si c’était par pur hasard, comme il se plaît à le dire : « Quelle belle chance de commencer une carrière sans grande peine, et par hasard. Un jour, j’ai été invité par un ami pour l’accompagner au théâtre où il jouait quelques scènes dans un petit spectacle. Là-bas, l’équipe du travail m’a proposé de jouer un petit rôle dans le même spectacle, vu l’absence de l’un des acteurs. Au début, j’ai refusé fermement, mais face à l’insis­tance de toute l’équipe, je me suis laissé aller, et ça s’est bien passé ».

Issu d’une famille conservatrice mais intel­lectuelle, le jeune homme avait un destin qui semble être tracé différemment : il a suivi le voeu de son père qui voulait voir son fils avocat et a donc choisi de faire des études en droit. Toutefois, encore jeune, Mohamad Mamdouh s’intéressait à plein d’autres choses. « Je ne pensais jamais à devenir comédien. J’ai passé mes années scolaires très studieusement, et je m’intéressais particulièrement à tout ce qui a trait au sport et au droit. J’ai tout fait pour mener une vie simple, mais bien riche en expé­riences », explique Tyson, comme le surnomme son entourage. « C’est le surnom qui m’accom­pagne depuis mon enfance, étant donné que j’étais boxeur, moi-même, durant mes études secondaires. Mes amis m’appelaient ainsi, car je ressemblais au célèbre boxeur américain Mike Tyson, sur le plan physique, mais surtout parce que je lui ressemblais dans la façon de jouer et dans la courte carrière. Blessure oblige ! ». Un jour, en plein match et devant une centaine de spectateurs, ce dernier a reçu un knock-out qui lui a causé une blessure inatten­due, à cause de laquelle il a passé des semaines loin du ring de boxe. D’où la décision de sa retraite antici­pée.

En 2006, Mohamad Mamdouh joue sur les planches du Théâtre national, dans la pièce Ahlan Ya Bakawat (bienvenue aux beys). C’est la révélation. Il découvre l’éclat du monde de l’interprétation. Cette pre­mière expérience a été suivie d’une autre plus discrète, celle de sa participation, un an plus tard, au feuilleton Lahazat Haréga (moments critiques), ensuite au spectacle de théâtre Zaki Fel Wézara (Zaki au ministère), en 2008. Mais, il a fallu attendre l’année 2009 pour qu’il reçoive son premier rôle important, celui du truand dans le film Ibrahim Al-Abyad. « Je me souviens bien que la compagnie de production m’avait choisi pour camper un personnage secondaire, mais assez particulier, à cause de mon côté costaud. Toutefois, j’ai essayé de l’interpréter à ma façon, selon les directives du réalisateur Marwan Hamed ». Et, comme un succès ne vient jamais seul, il est, peu de temps après, à l’affiche du film collectif 18 Youm (18 jours), portant sur la révolution égyptienne en 2011, lequel a été projeté au Festival de Cannes, dans le cadre d’un hommage spécial à l’Egypte. Il participe toujours en 2011 au sitcom Ana We Baba (moi et papa), mais son premier grand second rôle lui est offert à travers la comédie Bibo wa Béchir (Bibo et Béchir) de Mariam Abou-Auf.

Rapidement, il baigne dans le monde du cinéma et de la télévision, berçant entre les différents genres dramatiques. Il continue à percer, petit à petit, à travers des drames télévi­sés, jusqu’à se frayer une voie à part sur la scène artistique. « J’avais très peur de partici­per à plusieurs feuilletons à la fois. J’avais l’habitude de me concentrer sur une ou deux oeuvres au maximum, mais ces oeuvres télévisées m’ont accordé la célébrité et une plus grande confiance en soi, autant sur le plan personnel que sur le plan professionnel », souligne le comédien, avec son sourire enfan­tin qui le caractérise dans la vie, comme sur les plateaux.

Mais son apparition en 2013 dans Al-Hafla (la soirée), un film du réalisateur Ahmad Alaa Al-Dib, a bien démontré que c’est un monstre sacré de l’inter­prétation. « C’était un match entre tous les acteurs participant à ce film, dont Ahmad Ezz et Roubi. Chacun donnait de son mieux, vu que le scénario présentait des ver­sions différentes, des mêmes faits, selon les points de vue des protagonistes ». Une autre consécration ? Bien sûr, car il n’a pas tardé à accepter de jouer le rôle du psychiatre jaloux et rancunier dans le film Al-Fil Al-Azraq (l’élé­phant bleu). Toujours sans grand artifice, il a l’air en forme, dans ce rôle qui lui allait comme un gant. Le film connaît un grand succès et lui met le pied à l’étrier.

Ni jeune premier, ni beau gosse, ni farceur, Mohamad Mamdouh a compris qu’il fallait miser sur la sincérité du jeu. Il s’est mis à varier les registres des films dans lesquels il joue, tantôt c’est l’ami fidèle, le voisin traître, le tueur, le policier, le frère confus, le père sévère ou le mari sage. Puis c’est en 2015 qu’il pré­sente le personnage du truand criminel, d’une façon assez mûre, dans le film Chad Agzaä (prêt à tirer). Tout à fait loin des clichés, Tyson a la chance de prouver son talent dévorant de comédien, capable de jouer tous les genres et tous les personnages, en étant très à l’aise et très crédible. « Le pari était de présenter un person­nage cliché, de façon différente, c’est pourquoi j’ai passé des semaines à travailler sur le com­portement, le look, la gestuelle et le timbre de la voix de ce gangster ». C’est sans doute sa voix qui le caractérise le plus, rappelant des monstres sacrés comme Adel Adham ou Mahmoud Al-Melligui. Une voix cassée, nasillarde et légèrement rauque, avec un petit défaut de lan­gue, qui vient de former un composant caracté­ristique, surtout vu sa grande taille, mais il y a aussi son sourire d’enfant, tantôt espiègle, tantôt inoffensif. Durant la même année 2015, il prend la décision de camper le rôle tout à fait contraire à celui du criminel, à savoir le policier dans le film Wélad Rizq (fils de Rizq). Quoique cor­rompu, ce personnage est venu marquer la richesse de la palette des expressions et de la performance de Mamdouh qui s’attaque tou­jours aux petits détails.

Artiste tout-terrain, éclectique et polyvalent, il collabore aujourd’hui avec tout un arsenal de réalisateurs et de stars, avec notamment quelques modèles à suivre : Abdallah Gheiss, Ahmad Zaki et Nour Al-Chérif. Il souhaite éga­lement incarner le rôle du non-voyant, à l’image du comédien Mahmoud Abdel-Aziz dans Al-Kit-Kat de Daoud Abdel-Sayed. Il dit avoir beaucoup d’admiration pour Marlon Brando, une autre idole dont il espère suivre les traces. En ce moment, le comédien se sent comblé. Son côté raisonnable fait qu’il garde quand même les pieds sur terre. « Avant de faire tête d’af­fiche, je préfère passer mon temps à savourer le succès des seconds rôles. Je veux profiter de chaque phase de ma vie et déguster ses saveurs ». De nouveaux projets sur les rails ? Certes, oui. « Je me prépare pour un nouveau film : Torab Al-Mass (la poussière de diamant), d’après le roman éponyme d’Ahmad Mourad ». Un nouveau défi à relever, vu le succès du best-seller .

Jalons :

9 mai 1981 : Naissance au Caire.
2006 : Première apparition sur scène, dans la pièce Ahlan Ya Bakawat (bienvenue aux beys).
2009 : Participation au film Ibrahim Al-Abyad de Marwan Hamed.
2012 : Premier second rôle dans le film Bibo wa Béchir.
2015 : Succès du feuilleton Tariqi (mon trajet).
2016 : Sélection par les critiques comme l’espoir de l’année pour son rôle dans le feuilleton Grand Hôtel.

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