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Rami Ayache: Chanter loin des paparazzi

Yasser Moheb, Lundi, 08 février 2016

Chanteur, auteur-compositeur et musicien maîtrisant le luth, la guitare, mais aussi la batterie et le piano, le chanteur libanais, Rami Ayache, a réussi à s’imposer parmi les stars de sa génération. Il est aujourd’hui l’un des plus grands artistes libanais sur la scène musicale.

Rami Ayache
Rami Ayache

Avec Wael Gassar, Myriam Farès, Cérine Abdel-Nour, Farès Karam et quelques autres, il fait partie de cette génération de chanteurs libanais qui ont transformé les capitales arabes en carrefour de la sono mondiale. Ses chansons Khallini maak (laisse-moi à tes côtés), Tal Al- Sahar (longues nuits) et Al-Nas Al-Rayä (les flegmatiques) ont fait le tour du monde arabe, faisant de Rami Ayache l’une des principales pop stars du Moyen-Orient. Cet amoureux de la chanson parvient à transmettre ses émotions et à les partager avec la plus grande simplicité. Fort de sa verve et de son expérience assez mûrie, Rami Ayache s’est fait une place de choix sur la scène musicale libanaise et arabe. Que vous soyez au Caire, à Amman, à Beyrouth, à Doha ou encore à Dubaï, vous pouvez assister à l’un de ses nombreux concerts.

Et il vient de faire tête d’affiche, à l’occasion de la sortie de son film, Lel Hob Hékaya — Paparazzi (l’amour a son histoire — paparazzi), dans plusieurs capitales arabes. L’artiste ne cesse d’illustrer et de moduler son talent, enchaînant des oeuvres musicales ou visuelles dont les titres parlent d’eux-mêmes. « Ce n’est pas ma première expérience devant les caméras, j’ai déjà participé il y a trois ans à un télé feuilleton, intitulé Amir Al-Layl (prince de la nuit), dans lequel j’ai tenu le rôle d’un prince libanais rejeté par l’occupation française », affirme Rami Ayache, ajoutant : « Toutefois, l’expérience de jouer au cinéma est assez différente. C’est plus facile que l’interprétation pour une oeuvre télévisée, mais c’est assez condensé, et par la suite, délicat. Je suis chanceux de collaborer avec une équipe de travail aussi harmonieuse qui m’a beaucoup aidé à m’identifier au personnage. Une belle aventure ».

Né le 18 août 1980 au Liban, dans les montagnes de son village natal, appelé Bäaqline, il est issu d’une famille de mélomanes. Du coup, il a baigné depuis son enfance dans la musique et a vite découvert sa passion pour les rythmes de la musique pop contemporaine. A peine âgé de 3 ans, il commence à jouer de plusieurs instruments, allant du piano à la guitare, en passant par la batterie. Avec ferveur, il apprend à jouer d’autres instruments comme le oud (luth oriental) et les timbales. Encouragé par ses deux frères, l’aîné Chadi et le benjamin Roni, le rêve de devenir chanteur célèbre lui a toujours caressé l’esprit. Au fil des années, Ayache développe une passion embrasée pour la musique et décide de se produire en public vers 16 ans. Sa passion est telle qu’il décide de s’éloigner un peu des bancs de l’école pour chercher à l’assouvir, en participant à des émissions de télé, réservées à la découverte de nouveaux talents.

C’est un choix qu’il ne regrette pas, car il lui permet rapidement d’être propulsé sur le devant de la scène musicale, du jour au lendemain. Comme beaucoup de célébrités libanaises avant lui, Rami Ayache a fait ses débuts à travers le programme télévisé Studio Al- Fan en 1996. Prometteur déjà à l’âge de 16 ans, il impressionne les jurés de l’émission par son interprétation prenante de la chanson Baghannilha (je lui chante) qui lui a valu la médaille d’or. Sa prestation a été accueillie avec de grandes acclamations. « Cette première chanson a suscité l’admiration des jeunes à l’époque et m’a valu le prix de la meilleure chanson libanaise en 1997 », se souvient fièrement la pop star. Pour le public, ce show n’était qu’un spectacle comme tous les autres, mais pour le jeune homme, c’était la révélation de sa vie. Le signe qu’il attendait pour se lancer sérieusement dans sa vocation. « C’était le début de toute une carrière pour ce petit bout de chanteur qui me dominait et contrôlait tous mes plans jusqu’à devenir ce que je suis aujourd’hui », lance Ayache, devenu en peu d’années la coqueluche de Beyrouth qui se produit dans les plus grands musichalls.

Cette même année, Rami Ayache sort son tout premier album au titre de Rayeh (j’y vais) et s’embarque pour une tournée mondiale de plus de 50 concerts dans 12 pays en Europe, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis. La musique est toujours pour lui un véritable rêve d’enfant, et cela se ressent. Il décrit des scènes de la vie quotidienne avec fraîcheur et émotion. Ses mélodies sont à la fois simples, envoûtantes et d’une certaine élégance. A base de textes réalistes et sincères, Ayache arpente les scènes musicales, afin de partager son amour. « Tout le monde peut se retrouver dans ce que je chante et dans les paroles que je choisis. C’était mon but — dès le début de ma carrière — et non pas un simple style », s’explique-t-il. Et d’ajouter : « Un premier disque, c’est un peu comme un premier roman, on s’inspire automatiquement de sa vie, c’est peut-être ce qui a rendu les chansons plus naturelles et la prestation plus crédible ». L’année 1999 marque pour lui le début de l’aventure musicale à proprement dire. Rami Ayache signe un contrat avec la boîte de production saoudienne Rotana à travers laquelle il lance son deuxième album Weilah ! (ouais !) où il compose la chanson Chtätillak (tu me manques) qui est un bestseller d’emblée.

Et puis un an après, c’est le décollage avec l’album Diwan Al-Hob (le recueil d’amour), et les chansons Allah Aleik (quelle beauté !), Khad Harir (une joue en soie), Arfino (vous le connaissez) dont le vidéo-clip s’est vite placé au top des sondages pendant tout un mois. Toutefois, il a fallu attendre jusqu’en 2002 pour que Rami Ayache connaisse une véritable consécration grâce à l’opus Albi Mal (coup de foudre) qui le propulse au top des classements partout dans le monde arabe et qui le conduit à rafler le prix du meilleur vidéo-clip. Par ailleurs, Mabrouk (félicitations), titre phare qui se joue partout lors des fêtes de mariage, n’est lancé qu’en 2004. L’opus s’est subitement placé au sommet des ventes, surtout après la sortie du vidéo-clip Khallini Maak (laisse-moi à tes côtés) qui a fait un tabac au Liban. D’autres pays comme l’Egypte ou les pays du Golfe n’ont pas été épargnés par la fièvre de ce single non plus. S’ensuit alors une foulée de concerts pour Rami Ayache. A 24 ans, ce dernier détonne dans le paysage pop arabe, entre déjà dans la cour des grands, et commence sa seconde tournée mondiale. Encore plus de succès foudroyants ? Certes, la sortie de son opus Habbaytak Ana (moi, je t’aime) en décembre 2006 a été bien accueilli par la critique qui n’hésite pas à qualifier Ayache de « nouvelle belle voix de l’industrie de la musique arabe ».

Un nouveau surnom qui vient de s’ajouter à celui de la pop star. « Je ne suis pas contre les surnoms que le public attribue aux artistes, mais à condition qu’ils soient mérités. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, le public a l’habitude de célébrer et de vanter ses artistes préférés. C’est quelque chose d’honorable et de précieux », réplique Ayache, avant de poursuivre : « J’en suis flatté. Je garde quand même les pieds sur terre, et souhaite être à la hauteur de l’estime de mes fans ». Des fans qui le traitent d’idole ou d’icône de la chanson pop arabe. Et lorsqu’il fut atteint d’un cancer féroce, ils n’ont pas manqué de le soutenir à fond et d’essayer de lui remonter le moral, allant au-delà de la compassion pour un beau chanteur qui a perdu ses cheveux, sous l’effet de la chimiothérapie. Ayache a connu une mauvaise passe, mais il a pu s’en sortir par miracle, et surtout grâce à la persévérance.

Sa voix de plus en plus mûre lui a ensuite permis de varier les genres, passant d’une musique à l’autre. De la chanson-historiette à la poésie, du mawal classique à l’opéra, il laisse le monstre de son talent débridé. Sa voix mélodieuse et la puissance de ses textes donnent une qualité exceptionnelle à ses albums. Mais ses chansons prennent toutes leurs dimensions en live. C’est pourquoi la qualité de ses spectacles et concerts le place comme une valeur sûre sur la scène musicale. L’année 2009 lui réservait une nouvelle grâce. Il a enregistré un duo avec Abir Nëemi, une adaptation orientale de la célèbre chanson Qui sait ? devenue en arabe Belaaks (au contraire), selon l’arrangement musical de Jean-Marie Riachi.

Puis intervient le duo Al-Nas Al-Rayä (les flegmatiques) qu’il enregistre avec le grand chanteur populaire égyptien, Ahmad Adawiya cette même année. « Dès mon enfance, j'étais — comme des millions de Libanais — un fan des chansons de Adawiya. Je chantais même quelques-uns de ses opus lors des fêtes, et me voilà chanter avec lui. Une chance inouïe », dit la jeune star modestement. Il faut quand même souligner que le chemin de Rami Ayache était parsemé d’embûches, mais il n’a jamais baissé les bras. Les rumeurs fusaient de partout le concernant : des rumeurs à propos de ses albums, de ses contrats avec les distributeurs, à propos de ses amis et collègues, et finalement à propos de sa santé. « Etre star c’est être la cible permanente des attaques et des rumeurs des uns et des autres. C’est le prix à payer quand on est célèbre », commente Ayache, qui considère cependant son foyer comme une cage bien gardée, loin des regards curieux. Marié il y a deux ans avec la modéliste Dalida Saïd, il maintient sa vie privée à l’abri de tous. Et s’intéresse plutôt aux oeuvres caritatives et au bénévolat, notamment à travers sa fondation Ayache Al- Tofoula (Ayache pour l’enfance), ayant pour but d’apprendre gratuitement la musique aux enfants âgés entre 5 et 13 ans. « C’était l’un de mes rêves de donner la chance à tous ceux qui n’ont pas eu l’occasion de devenir artiste de pouvoir faire de la musique, avoue Ayache sur un ton sincère. J’aimerais qu’on dise un jour : c’est la génération Rami Ayache, en désignant les jeunes qui ont appris grâce à cette fondation ». Toujours aussi ambitieux, l’interprètecompositeur n’arrête pas de passer d’un plan à l’autre. En ce moment, il prépare un nouvel album dont les chansons seront enregistrées entre Le Caire et Beyrouth.

Jalons

18 août 1980 : Naissance à Bäaqline (Liban).

1996 : Première apparition sur scène à travers le programme Studio Al-Fan.

1997 : Sortie de son premier album, Rayeh (j’y vais).

2002 : Prix du meilleur vidéo-clip pour la chanson Albi Mal (coup de foudre).

2015 : Sortie de son film Paparazzi, actuellement en salle.

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