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Ezz-Eddine Koyareb : Lybie ; L’Occident veut nous imposer des groupes terroristes »

Osman Fekri, Mardi, 24 février 2015

Ezz-Eddine Koyareb, député au Parlement libyen de Tobrouk, dénonce la position occidentale vis-à-vis de son pays. Il demande une intervention militaire sous l’égide de la Ligue arabe, pour mettre fin aux exactions terroristes qui dévastent la Libye.

Ezz-Eddine Koyareb
Ezz-Eddine Koyareb

Al-Ahram Hebdo : Quelle est la position libyenne envers le projet égyptien concer­nant la Libye ?

Ezz-Eddine Koyareb : Le Parlement libyen accueille favorablement cette démarche prise par l’Egypte, en ce qui concerne la crise en Libye. Il remercie ses efforts, au niveau interna­tional, visant à faire parvenir la voix d’un pays épuisé par les guerres avec les groupes isla­mistes et leurs milices. C’est aussi un message, adressé par les institutions légitimes libyennes au monde entier et à la communauté internatio­nale, qui ont oublié la Libye, la laissant seule affronter le terrorisme transfrontalier.

Donc, le projet proposé par l’Egypte com­plète les efforts précédents qui vont de pair avec ceux du Parlement libyen, réclamant que la Ligue arabe et l’Onu interviennent pour proté­ger les civils contre l’expansion des groupes extrémistes et pour aider l’Etat libyen à imposer son autorité sur ses frontières et ses institutions. Nous accueillons, donc, favorablement cette position de solidarité et de soutien de la part du Caire.

— Qu’est-ce qui a changé sur le terrain et au niveau politique après les frappes aériennes égyptiennes contre les bases de Daech en Libye ?

— Le groupe terroriste a accentué ses menaces et ses manoeuvres pour répondre aux frappes, à travers des opérations suicides dans la ville de Tobrouk. Daech exploite les photos d’innocents qui ont été tués dans le bombarde­ment. Mais ils étaient employés comme bou­cliers humains. La vérité est qu’ils ont réussi à influencer une partie de l’opinion publique grâce au soutien médiatique du pseudo-gouver­nement de Hassi. Nous avons demandé à l’Egypte d’intervenir auprès de la direction du Nilesat pour fermer ces chaînes, mais en vain. Sur le plan politique, le gouvernement et le commandement de l’état-major libyen ont dif­fusé des communiqués pour confirmer que le raid avait eu lieu avec leur coordination pour éviter toute allégation de violation de la souve­raineté des territoires libyens.

— Y a-t-il vraiment une possibilité de for­mer une coalition arabe pour lancer des opérations militaires contre Daech en Libye ?

— Nous aspirons à la formation d’une telle coalition entre les pays arabes. La communauté internationale et le Conseil de sécurité ont renoncé à soutenir la Libye et son armée. Il est indispensable d’activer la convention de défense arabe conjointe, ainsi que la conven­tion arabe de lutte contre le terrorisme, signée dans le cadre de la Ligue arabe. Nous aspirons que l’Egypte oeuvre rapidement à cette fin car le danger est imminent. La lenteur va dans l’in­térêt de ce groupe terroriste, qui exploite au mieux le temps pour s’étendre, visant à affaiblir les institutions libyennes et épuiser l’armée souffrant déjà de la destruction engendrée par l’intervention internationale précédente.

— Comment est-elle interprétée la posi­tion occidentale qui invite à une solution politique ?

— L’insistance occidentale d’engager un dia­logue, sans soutenir l’armée libyenne émane du fait que certains pays soutiennent des partis précis en Libye, au détriment des autres. Ils veulent nous imposer, à travers ce dialogue, un partage du pouvoir avec des criminels et des groupuscules islamiques qui sont entièrement responsables de l’expansion du terrorisme. Le peuple libyen a compris cette réalité et ne leur a pas donné sa voix aux élections. L’Occident veut que ces groupes reviennent au pouvoir par l’intermédiaire du dialogue.

— Quels sont les scénarios possibles face à Daech ?

— Le gouvernement légitime Libyen sou­haite une intervention militaire extérieure pour contrer le terrorisme et demande des armes, ce qui est une demande tout à fait raisonnable vu que les milices de Fagr Libya insistent sur l’idée d’un règlement militaire. Dans ce contexte, le discours national ne semble, nulle­ment, constituer une issue à la crise. Le dialo­gue affronte de grands obstacles malgré les progrès formels réalisés après le lancement des pourparlers entre le gouvernement reconnu par la communauté internationale et le Congrès national, dirigé par les milices de Fagr Libya.

A mon avis, ce dialogue ne réussira pas, à cause de la lenteur évidente de la position des représentants du Congrès de Tripoli qui aspi­rent à trancher la situation par les armes. La structure politique actuelle comprend quatre acteurs principaux, dont deux seulement parti­cipent au dialogue parrainé par l’Onu. Le pre­mier acteur est affilié au Congrès national public de Tripoli, mais aussi aux Frères musul­mans. Le second reste le Parlement légitime de Tobrouk qui jouit de la légitimité internatio­nale.

Le problème réside dans les milices soutenues par l’étranger, affiliées au courant de l’islam politique et qui ne veulent pas de solutions poli­tiques mais cherchent à s’imposer par les armes. Nous réclamons de la communauté internatio­nale et du Conseil de sécurité de lever l’embar­go sur les armes afin que l’armée libyenne soit capable de défendre la légitimité du Parlement élu de Tobrouk.

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