Al-Ahram Hebdo : Peut-il y avoir une crise en Arabie saoudite en cas de vacance du pouvoir ?
Anouar Magued Eichqi: La passation du pouvoir en Arabie saoudite est régie par des lois et des règles. Le roi Abdallah est en bonne santé et il y a un prince héritier. Il existe un conseil d’allégeance formé des fils du roi Abdel-Aziz. Ce conseil est chargé de désigner le futur roi et le prince héritier. Il existe également le conseil de la famille royale qui se charge de la résolution des différends et conflits. Mais il n’existe actuellement aucun différend ni aucune crainte concernant les postes suprêmes en Arabie saoudite.
— Mais ce mécanisme n’a jamais été testé...
— L’article cinq du système fondamental du pouvoir stipule que: « Le régime en Arabie saoudite est un régime royal. Se chargent du pouvoir les fils du roi fondateur Abdel-Aziz bin Abdel-Rahmane Al-Fayçal Al S aoud et leur progéniture. Le plus apte prête allégeance, la main sur le Coran et la sunna du prophète. Le roi choisit son prince héritier et le nomme par décret royal. Le prince héritier se donne entièrement à son poste et aux travaux que lui demande le roi. Le prince héritier se charge des pouvoirs du roi après son décès, jusqu’à ce qu’on lui prête allégeance ». Il n’existe aucun problème dans la passation du pouvoir en Arabie saoudite. Conformément à cet article, le conseil de la famille royale qui regroupe les grands princes se réunira pour prêter allégeance au nouveau souverain et nommer son prince héritier. Il est à noter que la famille royale se trouve à la tête du système politique du Royaume. Le nombre des membres de la famille royale a largement augmenté depuis 1932. Ses membres occupent les postes importants dans les différents ministères, ainsi que dans les principales villes et régions. Mais il est à noter aussi que les membres de la famille royale n’ont pas d’emprise sur certaines institutions de l’Etat comme le Conseil consultatif.
— Quel bilan faites-vous du règne du roi Abdallah ?
— L’Arabie saoudite possède le plus ancien régime royal stable dans le monde arabe. L’Etat saoudien contemporain est passé par trois étapes. La première phase, entre 1746 et 1818, a vu se succéder quatre rois fondateurs. La seconde, de 1823 à 1891, a vu la naissance de neuf princes de la famille Al Saoud. Quant à la troisième phase, qui a commencé en 1891 et qui se prolonge jusqu’à nos jours, elle a été marquée par le règne de six souverains dont le dernier fut le roi Fahd bin Abdel-Aziz. Ce dernier a accédé au pouvoir en 1982 et a suivi les pas de son père sur le chemin de la construction de l’Etat. C’est sous son règne que sont nées les instances qui gèrent le pouvoir, comme le Conseil consultatif. La charia islamique a toujours été le principal pilier de l’Etat. Sous le roi Fahd, la loyauté n’était plus due à la personne du souverain, mais plutôt à l’Etat. Puis, est venu le roi Abdallah qui a ouvert la porte au dialogue pour tous et qui a consolidé les principes de dévouement à la nation ainsi que la citoyenneté. Le peuple a alors commencé à participer au pouvoir à travers le Conseil consultatif. C’est ainsi que l’unité nationale a été achevée. Le Royaume saoudien avance à pas sûrs sur la bonne voie et assimile les changements.
— Peut-il y avoir un changement de politique étrangère au Royaume en cas de changement à la tête de l’Etat ?
— Je ne pense pas, car la politique étrangère de l’Arabie saoudite est basée sur trois constantes. Il n’est permis à aucune force étrangère de s’ingérer dans les affaires religieuses du Royaume. Il n’est permis à personne de s’ingérer dans les affaires sécuritaires du Royaume. Et, il n’est permis à personne de s’ingérer dans la politique interne du Royaume.
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