Mahmoud Al-Halwagui, nouveau directeur du Musée du Caire. (Photo : Doaa Elhami)
Al-Ahram Hebdo : Comment le musée s’est-il préparé pour la nouvelle saison touristique ?
Mahmoud Al-Halwagui: Il y a beaucoup à faire dans le musée. On doit réorganiser l’installation intérieure car nous avons d’énormes problèmes qui se sont accumulés ces trois dernières années. Nous avons également des problèmes administratifs avec les employés et un manque de budget qui entrave notre travail.
Depuis 9 mois a débuté un grand projet de réaménagement, dont la première phase a été inaugurée cette semaine. Il s’agit de réaménager les 4 salles du jeune pharaon Toutankhamon: murs, plafonds, vitres et vitrines. Un nouveau système d’éclairage a été établi et la muséologie a été changée. Le projet va s’étendre aux autres salles. Notre objectif est de rendre sa beauté d’antan au musée.
— Quel sera le sort du Musée égyptien suite à l’inauguration des deux grands musées qui sont en construction, à savoir le Grand Musée sur l’autoroute Le Caire-Fayoum et celui de la civilisation à Fostat ?
— Les trois musées se complètent. C’est tout un travail collectif à faire entre les trois musées. Les pièces seront distribuées dans les deux grands nouveaux projets selon leur thème. Par exemple, celui de Fostat abritera les pièces racontant les aspects de la civilisation égyptienne au fil des siècles. Le Grand Musée, quant à lui, renfermera les antiquités qui racontent l’histoire de l’Egypte Ancienne, dont les trésors de Toutankhamon sont les chefs-d’oeuvre.
Quant au Musée du Caire, il deviendra le « musée de l’histoire des arts pharaoniques ». En un mot, ce sera un musée plutôt dédié à la sculpture.
— L’éclairage utilisé actuellement dans les salles du musée est loin d’être au niveau des systèmes utilisés dans les grands musées internationaux …
— Je ne peux pas le nier. Nous avons un manque de financement, nous sommes donc contraints d’utiliser des ampoules qui économisent l’énergie au lieu des LED spéciales pour les musées. Je voudrais régler ce problème le plus rapidement possible.
— Et qu’en est-il du système de sécurité ?
— On a installé des caméras supplémentaires afin de pouvoir surveiller les salles et les couloirs. Mais on a toujours besoin d’amplifier tout le système de sécurité et de le moderniser. Jusqu’à aujourd’hui, la présence de l’armée autour du musée est indispensable. Elle protège aussi les autres établissements importants de la place Tahrir
— Qu’en est-il du nombre des visiteurs ?
— Suite à la suppression des restrictions à visiter l’Egypte par plusieurs pays, le nombre de visiteurs a augmenté. Les chiffres le montrent clairement. Avant la révolution du 25 janvier 2011, le nombre de visiteurs atteignait entre 8000 et 10000 personnes par jour. Ce nombre a chuté à zéro suite aux attaques et au pillage de plusieurs pièces le 28 janvier 2011, puisque le musée a fermé ses portes pendant 20 jours consécutifs.
Au cours des trois dernières années, le nombre de visiteurs était entre hausse et baisse, il changeait selon les événements politiques. Depuis deux mois, la fréquentation du musée oscille entre 500 et 2500 visiteurs par jour. Je suis certain que ce nombre va s’accroître dans les prochains mois.
— Vous étiez directeur du Musée égyptien à Rome en 2012. Qu’est-ce qui fait le plus défaut en Egypte ?
— La créativité. Nous devons former une équipe capable d’avoir une vision différente des choses et d’avoir de nouvelles idées. On a besoin de faire un gros travail dans ce domaine. Des nouveaux équipements doivent également être installés.
— Quelles activités sont organisées par le musée ?
— On organise des activités sociales et éducatives dans le musée avec l’aide d’amateurs d’égyptologie et d’ONG. J’estime que le musée a comme rôle essentiel de donner conscience de la richesse de notre patrimoine aux citoyens, surtout parmi les jeunes, en faisant le lien entre les jeunes et leur histoire.
— Le Musée du Caire n’offre aucun service à ses visiteurs. Pourquoi ?
— C’est vrai que, depuis 2011, les visiteurs souffrent du manque de service: pas de cafétérias, ni bazars, ni centre de repos, ni boutiques de souvenirs. Nous sommes cependant en train de régler ce manque d’infrastructures.
— Y a-t-il du nouveau concernant le terrain qui jouxte le musée, où se trouve le bâtiment brûlé du PND de l’ancien régime de Moubarak ?
— Lors de la fondation du musée, le terrain sur lequel a été construit le bâtiment du PND faisait partie du musée. Puis, en 1954, une partie a été enlevée du musée pour y construire les locaux de l’Union nationale. Par la suite, le PND a récupéré des surfaces supplémentaires. Le musée a officiellement récupéré ce terrain, mais aucune décision n’a encore été prise à ce propos. Ce bâtiment en ruine, en plus de donner une image négative de l’Egypte, représente un vrai danger pour le musée.
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