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Yasser Abdel-Aziz : L’Egypte a besoin d’un nouveau système pour ses médias

Osman Fekri, Mardi, 15 juillet 2014

Yasser Abdel-Aziz,expert du système médiatique égyptien, estime positive la création du nouveau Conseil suprême des médias prévu par la Constitution. Pour lui, l'ensemble des médias publics est à reconstruire.

  Yasser  Abdel-Aziz    L’Egypte a besoin  d’un nouveau système pour ses médias

Al-ahram hebdo : Quelles sont les démarches à entreprendre avant la formation du Conseil suprême des médias ?

Yasser Abdel-Aziz : Nous avons perdu une occasion en or qui nous aurait permis de reconstruire le système médiatique égyptien sur des fondements plus solides et plus mûrs. Il était précisément question de formuler une entité médiane sous forme d’un « commissariat des médias ».

— L’article 211 de la Constitution qui stipule la création de ce Conseil suprême est-il suffisant pour réglementer l’espace médiatique ?

  Yasser  Abdel-Aziz    L’Egypte a besoin  d’un nouveau système pour ses médias

— L’Egypte a sans nul doute besoin d’un nouveau système pour ses médias. Le conseil prévu est un organisme régulateur, c’est-à-dire qu’il est le représentant de l’Etat et des citoyens dans la supervision des médias. Ce représentant doit être indépendant et doit refléter l’équilibre des forces et des intérêts sociaux. Mais il ne faut pas omettre l’angle incontournable des libertés, soit la loi sur la liberté de l’information, le droit de l’édition et l’élimination des sanctions portant atteinte aux libertés.

— Quelles sont les idées proposées pour la formation du Conseil suprême et quelles seraient ses prérogatives ?

— Je crois qu’il doit jouir de prérogatives permettant la régularisation de la diffusion audiovisuelle et la promulgation des permis qui lui sont nécessaires, au lieu que cette mission soit partagée, comme aujourd’hui, entre un grand nombre d’appareils et de ministères. Le Conseil devra également régulariser les questions relevant de la presse écrite et du numérique. Il devra aussi s’attacher à la défense de la liberté d’expression et d’opinion conformément à la Constitution.

— Qu’est-ce qui changera au niveau du financement et du contrôle ?

— Après sa création, le Conseil se chargera de régulariser le processus du financement des médias et d’assurer la lutte contre le monopole.

Ceci signifie-t-il davantage de monopole gouvernemental ?

— Non, c’est totalement l’inverse. Si une bonne loi est proposée au Conseil, l’hégémonie de l’Etat sera atténuée et donnera une plus grande marge de liberté.

— Comment le Conseil suprême des médias réglera-t-il les problèmes chroniques de Maspero, l’organe de la télévision publique ?

L’Egypte n’a pas aujourd’hui le vent en poupe en ce qui concerne la performance des médias publics. Malgré la décadence de ces derniers, l’absence de vision et la corruption financière et administrative qui le ronge, nous devons préserver le système de médias publics, pour 5 années au moins. Pour maintenir ce système sous la supervision étatique, il faut d’abord restituer les fonds détournés et demander des comptes aux responsables de cette détérioration.

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