Al-Ahram Hebdo : La Bourse a réalisé une bonne performance l’année dernière. Quels sont vos objectifs pour 2025 ?
Ahmed El Sheikh : Nous allons continuer sur la même voie et appliquer notre stratégie qui consiste à développer l’infrastructure technologique de la Bourse égyptienne et à attirer de nouvelles grandes sociétés. Notre objectif est de maximiser la valeur du marché boursier. 2025 verra l’application d’un nouveau système d’échanges boursiers et l’exécution du programme gouvernemental d’introduction en Bourse (IPO). En ce qui concerne le nouveau système d’échanges boursiers, sa mise en place nécessite 30 mois en moyenne. Etant donné que nous avons commencé à travailler sur ce dossier en septembre 2023, le nouveau système devrait être achevé début 2026, comme je l’avais mentionné. En outre, la coopération avec les Chambres de commerce et les hommes d’affaires sera relancée en 2025. De même, nous allons intensifier les contacts directs avec les entreprises pour leur expliquer les avantages de la cotation en Bourse et les encourager à s’introduire sur le marché financier. Le système de travail de la Bourse a été développé de telle sorte que la Bourse communique avec les sociétés. Il existe d’ailleurs un département spécialisé dont la mission est de faire la promotion de la Bourse auprès d’un grand nombre de sociétés. Le département chargé de la cotation en Bourse présente également des conseils aux entreprises sérieuses souhaitant s’y inscrire.
— Le gouvernement a annoncé les grandes lignes de son programme d’introduction en Bourse (IPO) en 2025. Comment l’accélération de ce programme peut-elle affecter la performance de la Bourse ?
— La Bourse est prête à assimiler de nouveaux titres financiers. Nous aspirons même à de nouvelles introductions de sociétés gouvernementales en Bourse. En attendant, la Bourse déploie des efforts pour attirer des sociétés opérant dans des secteurs non gouvernementaux.
L’augmentation de l’offre est l’un des fondements de notre stratégie qui vise à élargir le marché. La cotation de nouvelles entreprises en Bourse égyptienne va accroître son attractivité aux yeux des investisseurs, qu’ils soient égyptiens ou non égyptiens.
— Comment les conditions économiques actuelles ont-elles affecté la Bourse ?
— Les Bourses n’opèrent pas indépendamment du contexte économique. J’aimerais vous dire que la hausse mondiale des taux d’inflation a profité à la Bourse égyptienne. Au cours des deux dernières années, le marché boursier s’est posé comme un rempart contre l’inflation. C’est ainsi qu’on a assisté à une hausse significative de la valeur des indices.
— Parlez-nous du développement de l’infrastructure technologique de la Bourse ...
— Le développement du système des échanges boursiers a été notre priorité en 2024. Effectivement, nous avons conclu un contrat avec une multinationale spécialisée et les termes de ce contrat sont sur le point d’être finalisés. Les préparatifs sont en cours pour mettre en place le nouveau système, qui devrait être mis en marché début 2026 comme je viens de mentionner.
Le système de contrôle des échanges est également en train d’être modernisé. Un mécanisme sera créé pour lier les différents secteurs de la Bourse, et il devrait entrer en vigueur au début du deuxième trimestre 2026.
— Comment les nouveaux systèmes automatisés introduits par la Bourse vont-ils attirer les investisseurs étrangers ?
— La mise en place de ces systèmes s’est reflétée positivement sur le marché boursier et a conduit finalement à une augmentation du volume de liquidités. La présence d’une technologie similaire à celle avec laquelle l’investisseur négocie sur les marchés internationaux est un facteur qui encourage ce dernier à faire son entrée sur le marché égyptien.
— Envisagez-vous de recourir à l’intelligence artificielle pour renforcer la transparence des opérations boursières ?
— Bien sûr, nous travaillons sur cette question au Centre de l’innovation (CORBEH). Nous étudions actuellement les différentes perspectives.
— Des mécanismes font l’objet de critiques de la part des traders individuels, tels que le mécanisme des enchères et la poursuite du Penny Trading. Y a-t-il une intention de le reconsidérer pour améliorer l’expérience d’investissement ?
— Qui a dit que ces mécanismes étaient négatifs ? La séance des enchères est courante sur de nombreux marchés et est menée avec un degré élevé de transparence et de professionnalisme. Des limites de prix raisonnables ont été fixées il y a quelque temps pour l’évolution des cours des actions au cours de cette séance, et des modifications supplémentaires sont en cours grâce à la mise en oeuvre du nouveau système d’échange en Bourse.
Quant à la modification de l’unité des enchères pour les actions, la fixant à un millième de livre égyptienne pour les actions dont le prix est d’une livre ou moins, cela a accru la profondeur du marché et permis à la plus grande quantité de forces de l’offre et de la demande de converger. Ce qui a eu un impact positif sur la performance de ces titres et sur les volumes des exécutions. Actuellement, nous étudions la possibilité d’introduire un nouvel amendement.
— Quel bilan faites-vous des protocoles de coopération conclus avec les universités égyptiennes, afin de diffuser la culture financière et augmenter le nombre des investisseurs ?
— Nous avons vu une augmentation significative du nombre de jeunes investisseurs. Actuellement, 56 % des investisseurs boursiers ont moins de 30 ans. Ce qui est important pour nous c’est de mieux sensibiliser les jeunes à la culture financière, pour les aider à prendre les décisions qui leur conviennent en matière d’investissement.
— Qu’en est-il des entreprises qui quittent le marché boursier ?
— Ces sorties sont dues à des acquisitions. Elles entraînent une diminution de la capitalisation boursière, mais en même temps, elles peuvent véhiculer un message positif sur la position de l’investisseur et la confiance qu’il a en le marché boursier égyptien. C’est ce que nous disons toujours : lorsqu’un investisseur étranger souhaite investir dans un pays, il regarde d’abord le marché boursier et les entreprises qui y sont enregistrées.
— Existe-t-il d’autres raisons qui expliquent ce phénomène ?
— Certaines sociétés décident de quitter le marché boursier pour des raisons qui leur sont propres, peut-être liées à une restructuration ou aux conditions du marché, ou pour d’autres raisons encore. Cela ne pose aucun problème tant que la société le fait conformément aux lois et aux règles.
Dans le monde entier, il y a des sorties dues à des fusions ou à des acquisitions.
La Bourse égyptienne tient bien sûr à ce que les sociétés qui y sont cotées restent et surmontent les obstacles auxquels elles sont confrontées. Elle fait de son mieux également pour compenser la sortie de certaines sociétés du marché boursier par l’introduction de nouvelles entreprises.
Il faut dire aussi que certaines sociétés sont rayées de la Bourse parce qu’elles ne se sont pas conformées au règlement. Ceci a lieu dans des limites très restreintes, et toujours en garantissant la sécurité du marché.
La Bourse s’efforce d’encourager les inscriptions pour les entreprises. En 2024, nous avons eu 11 nouvelles entreprises, en plus d’une entreprise enregistrée après une scission. Nous nous sommes rendus dans plusieurs gouvernorats et avons rencontré des représentants des Chambres de commerce et des hommes d’affaires pour expliquer les avantages de la cotation en Bourse et encourager les entreprises à rejoindre le marché boursier et à surmonter tous les obstacles.
— Quelle a été leur réponse et quels sont les défis les plus importants ?
— Leur réponse a été très positive. Le principal défi est que la plupart des entreprises sont des sociétés individuelles ou des sociétés à responsabilité limitée. Nous travaillons avec un groupe d’entreprises à travers nos bureaux au sein de l’Autorité générale de l’investissement pour faciliter la conversion des entreprises qui souhaitent devenir des sociétés par actions.
— Quels sont les principaux facteurs qui ont aidé la Bourse égyptienne à réaliser des chiffres historiques l’année passée ?
— Il y a plusieurs facteurs, notamment la stabilité politique, l’interaction positive des acteurs du marché et enfin les efforts de l’Organisme général de contrôle financier.
— Quels sont les conseils que vous donnez aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) pour garantir un transfert réussi du marché secondaire vers le marché primaire ?
— Ces PME doivent se doter d’un plan de travail ambitieux. Le plus important est qu’elles tiennent les promesses qu’elles ont faites et qui sont incluses dans leurs bulletins d’enregistrement.
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