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Abdel-Raouf Qotb : L’assurance des musées est devenue une nécessité

Nasma Réda, Mardi, 04 mars 2014

Entretien avec Abdel-Raouf Qotb, directeur de l’Union des compagnies d’assurances et membre du comité chargé de mettre le point sur le projet d’assurer les musées.

Abdel-Raouf Qotb
Abdel-Raouf Qotb, directeur de l’Union des compagnies d’assurances et membre du comité chargé de mettre le point sur le projet d’assurer les musées.

Al-Ahram Hebdo : Comment jugez-vous l’initiative lancée sur l’assurance des musées ?

Abdel-Raouf Qotb: C’est une étape qui a beaucoup tardé. Elle est devenue une nécessité surtout que plusieurs antiquités ont subi des vols ou des attaques ces derniers temps. Vu la situation trouble que connaît le pays, la question de l’as­surance des pièces antiques doit forcément se poser. Protéger les antiquités constitue un enjeu de plus en plus important. Les responsables des antiquités ont senti le danger qui les menace, surtout après le dernier attentat qui a touché le Musée d’art islamique. Si cette initiative se réa­lise beaucoup de problèmes se régleront.

— L’assurance concernera-t-elle uniquement les musées en tant que bâtiments ou leur conte­nu aussi ?

— Ce ne sont pas les compagnies d’assurances qui prennent une telle décision. Ce sont plutôt les respon­sables du ministère des Antiquités, et chaque cas d’assurance a son prix à payer.

— Comment évaluer les pièces contenues dans les musées ?

— C’est une affaire d’experts des antiquités en premier lieu. Les valeurs déclarées des objets ou des collections sont fixées par les pro­fessionnels des antiqui­tés. Dans un musée, ce sont le conservateur et le directeur général qui fixent la valeur des pièces. Pour une collec­tion d’Histoire naturelle par exemple, le prix dépend du genre et du nombre des pièces qui compo­sent la collection. D’autres critères doivent être pris en considération comme l’histoire du spécimen, son intérêt scientifique, sa rareté, son aspect esthétique, etc.

— L’assurance des pièces est-elle une pratique répandue dans le monde ?

— Oui. Cela se fait surtout en Allemagne, en Suisse et en Grande-Bretagne.

— Que repré­sente l’assurance des musées ou des pièces antiques au sein du marché glo­bal des assu­rances ?

— Les montants de primes d’assu­rance dites « de dommages » diffè­rent d’un cas à l’autre. Ils s’élèvent parfois à des millions ou à des mil­liards de dollars par an. Les musées et leur contenu sont estimés à des sommes énormes.

— Comment l’indemnisation se passe-t-elle en cas de dommages ?

— Une chose est sûre, ces antiqui­tés ne peuvent pas être indemnisées car elles ont une grande valeur culturelle et historique. Ensuite, la perte d’une pièce peut être totale ou partielle. Dans le premier cas, la valeur d’assurance est remboursée intégralement. Dans le second cas, l’assureur remboursera le coût de la restauration. Mais tout cela dépend du contrat signé entre la compagnie d’assurances et le ministère.

— Quelles sont les principales difficultés d’assurer un musée ?

— C’est une nouvelle initiative qu’on a bien étudiée. On est en train de discuter avec les responsables des musées et d’antiquités. Il faut leur montrer les avantages et les profits.

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