Al-Ahram Hebdo : La BAII entretient des relations étroites avec l’Egypte en matière de développement des infrastructures. Pouvez-vous nous indiquer les secteurs prioritaires de cette coopération ?
Sir Danny Alexander : L'Egypte est un membre fondateur de la BAII et un partenaire important. Le portefeuille le plus important que la BAII finance en dehors de l'Asie se trouve en Egypte, avec un montant de 1,3 milliard de dollars. Nous sommes prêts à investir davantage dans le cadre de notre plan d’action climatique 2024-2030 que nous avons lancé lors de la huitième réunion annuelle de la BAII, tenue fin septembre à Charm Al-Cheikh. Nous soutiendrons des projets liés à l’action climatique en Egypte et il y a de nombreux domaines à couvrir à cet égard. Nous avons actuellement cinq projets en Egypte et nous sommes impatients de poursuivre notre collaboration avec elle.
Parmi ces projets figurent le parc de production d'énergie solaire de Benban à Assouan, d'une valeur de 210 millions de dollars, et un projet de financement du programme des services d'assainissement durable dans les zones rurales au profit du ministère du Logement, des Services publics et des Communautés urbaines, d'une valeur de 300 millions de dollars. De même, nous finançons un projet de construction d’un métro reliant Alexandrie à Abouqir, d'une valeur totale de 1,5 milliard d'euros, avec la Banque européenne d'investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et l'Agence française de développement, avec une contribution de la BAII à hauteur de 250 millions d'euros.
Le conseil d’administration de la BAII a approuvé le fait de fournir des garanties financières au projet égyptien des transports durables et des infrastructures numériques lors de sa réunion en septembre dernier au Caire. Les obligations financières proposées seront utilisées en faveur des transports propres, des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique, de la gestion durable de l'eau et des eaux usées, du financement des petites et moyennes entreprises et des initiatives de services de santé essentiels, entre autres.
— Comment évaluez-vous le programme égyptien NWFE de financement des projets climatiques, des secteurs de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie ? Que peut offrir la BAII pour ce programme ?
— La BAII est fière de faire partie du partenariat Nexus of Water, Food & Energy (NWFE), qui travaille avec d'autres banques multilatérales de développement, sous la supervision du gouvernement égyptien, pour soutenir les investissements dans le domaine de la transition énergétique visant à réduire les émissions de carbone. Notre rôle dans ce partenariat en particulier est de soutenir les investissements dans de nouvelles sources renouvelables de production de l’énergie. Le programme NWFE avait deux missions principales : réduire progressivement les émissions de carbone et financer la production d'énergies renouvelables.
NWFE est un partenariat innovant, et la BAII et d’autres banques multilatérales de développement considèrent ce programme comme un modèle qui peut être appliqué ailleurs dans le monde, car il y a actuellement de grands débats sur la manière dont les banques multilatérales de développement peuvent se développer, financer le développement et soutenir le changement climatique. Je pense que nous pourrions voir davantage de programmes similaires au NWFE dans d’autres pays, qui imiteront certainement ce modèle afin d’accélérer le processus de transition énergétique dans le monde.
— Comment la BAII peut-elle soutenir le secteur privé en Egypte ?
— Renforcer le secteur privé est un domaine-clé de la coopération avec l’Egypte. Les efforts du pays pour stimuler le secteur privé et accroître sa participation à l'économie sont extrêmement positifs. Les actions entreprises par l'Egypte et celles qu'elle exécutera sont également extrêmement bonnes et peuvent être réalisées grâce à la collaboration avec les partenaires internationaux. La BAII travaille avec le gouvernement égyptien pour mettre en application ces actions, en particulier le financement climatique, dans un contexte économique toujours difficile.
— Quels étaient les résultats les plus importants de la huitième réunion annuelle de la BAII tenue en septembre dernier en Egypte ?
— Nous avons été ravis de nous réunir en Egypte pour notre huitième réunion annuelle, pour la première fois en Afrique. En organisant notre assemblée annuelle en Egypte, nous avons eu l'occasion de dialoguer directement avec un plus grand nombre de nos membres dans la région et d'élargir nos partenariats dans la région.
L’une des priorités de la réunion annuelle était d’annoncer notre tout premier plan d’action climatique et de démontrer à nos membres notre engagement à être leur partenaire climatique. Le plan définit comment nous allons progresser au-delà du statu quo, en créant un nouveau manuel opérationnel pour le financement climatique et en déployant tous nos outils disponibles pour accélérer de toute urgence l’action climatique. Nous avons également été ravis d'annoncer trois nouvelles adhésions, ce qui porte le nombre total de nos membres à 109.
— Qui sont ces nouveaux membres ? Et quels sont les critères d’adhésion ?
— Il s’agit de la Tanzanie, du Salvador et des Iles Salomon. Avec ces trois nouveaux membres, la BAII est devenue la deuxième plus grande banque multilatérale de développement au monde en termes de nombre de membres. Ce dont nous sommes extrêmement fiers. Nos membres représentent 81 % de la population mondiale et 65 % du produit intérieur brut mondial. Les trois membres rejoindront officiellement la BAII une fois qu'ils auront terminé les procédures nationales requises et déposé le premier versement de capital auprès de la banque.
— La tenue de la huitième réunion annuelle de la BAII pour la première fois en Afrique aura-t-elle un impact sur son implication dans le continent ?
— La réunion annuelle qui s’est tenue pour la première fois en Afrique était une démonstration de l’engagement croissant de la BAII à cofinancer des infrastructures durables dans le continent et une reconnaissance des effets positifs pour le monde de la construction des infrastructures de demain en Afrique.
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