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Philippe Garcia : L’Egypte est très convoitée par les entreprises françaises

Propos recueillis par Gilane Magdi, Mardi, 15 juin 2021

Philippe Garcia, conseiller commercial de l’ambassade de France et directeur de Business France, revient sur les efforts visant à augmenter les investissements français en Egypte. Entretien.

Philippe Garcia,

Al-Ahram Hebdo : Une mission commerciale de 18 entreprises françaises a effectué une visite au Caire du 7 au 9 juin. Quels étaient ses objectifs ?

Philippe Garcia: L’objectif de la mission était de réunir un groupe collectif des grandes entreprises françaises pour accompagner l’Egypte dans son développement économique durable. Donc, on a privilégié les secteurs de la santé, des transports, des infrastructures, de l’eau, de l’assainissement, du traitement des déchets et des énergies renouvelables. 18 entreprises appartenant à ces secteurs ont rencontré, le premier jour de l’événement, les bailleurs de fonds actifs en Egypte: la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la Banque africaine de développement, la Banque européenne d’investissement et l’Agence Française pour le Développement (AFD). La liste des entreprises françaises comprenait : Alstom, Beaudry et Cie, Coppelis, ETF, Maidis, Mascara, Ragni, RATP Dev, Setec, Sncf, Sofia Europa, Steam France, Suez, Tesalys, Thales, Veolia, Vinci et Voltalia. Le deuxième jour, les entreprises françaises ont rencontré les 4 principaux contracteurs égyptiens : 3 privés (Hassan Allam, Orascom et Elsewedy) et un public (Arab Contractors), pour présenter leurs solutions au bénéfice d’un développement économique durable en Egypte. Nous avons choisi spécifiquement de rencontrer ces quatre sociétés à cause de la nature de l’activité des entreprises françaises. Par le positionnement de ces sociétés en Egypte, on a estimé qu’elles étaient les mieux placées pour consolider les relations de partenariat avec les sociétés françaises.

— Les secteurs du transport, de l’eau et de la numérisation sont prioritaires dans la phase actuelle pour le gouvernement égyptien, y aura-t-il des projets à l’avenir dans ces domaines ?

Philippe Garcia,

— On espère que oui, nous procédons de la façon suivante: on écoute les sociétés que j’ai citées. On cherche à comprendre leurs besoins et leurs politiques de développement. Notre objectif est de les aider avec l’expertise française à mieux gérer leurs politiques de développement. Nous avons une offre de qualité avec une forte expérience dans les domaines mentionnés. En termes de réalisation, je ne peux pas vous dire à ce stade qu’il y aura des accords à signer dans les prochaines semaines. On estime que les relations franco-égyptiennes sont construites à long terme. On ne vient pas ici pour une seule fois pour signer des accords et partir, mais pour solidifier et développer un partenariat à long terme.

— Est-ce que cela signifie qu’il y a des visites programmées durant la prochaine période par les entreprises françaises? Si oui, quel est l’agenda de Business France ?

— Pour Business France, nous accompagnons les entreprises françaises tous les jours. L’Egypte est aujourd’hui très demandée et très convoitée par les entreprises françaises. Elles ont beaucoup apprécié la manière de gérer la pandémie de coronavirus en préservant l’activité économique. Ce qui a permis à l’Egypte d’afficher un taux de croissance élevé en 2020. C’est l’un des rares pays au monde à afficher un taux de croissance élevé en dépit de la pandémie. C’est un grand succès qui a beaucoup séduit les entreprises françaises. Pour ce qui est de notre agenda d’activités, je pense organiser une visite collective d’entreprises françaises très spécialisées dans le domaine de la technologie financière (fintech) en juillet ou en septembre, pour présenter leurs expertises au côté égyptien et renouer les contacts avec le secteur financier en Egypte. Le secteur du fintech a vraiment un grand potentiel à explorer alors que toutes les banques égyptiennes et étrangères sont en train d’accélérer leur transformation numérique. De même, on est en contact avec une société locale emblématique de la nouvelle économie égyptienne, Fawry, avec laquelle on essaye de lancer un partenariat approfondi. Il y a aussi une coopération avec l’Autorité du Canal de Suez. Nous avons tenu la première réunion la semaine dernière pour travailler davantage sur les sujets de la sécurité, de la gestion du trafic et de la valorisation de la zone économique du Canal de Suez. On peut travailler sur beaucoup d’autres choses. Je pense qu’à ce stade, il n’y a pas assez de relations entre les entreprises françaises et l’Autorité du Canal de Suez.

— Les investissements français en Egypte ont augmenté et s’élèvent à 329 millions de dollars en 2019-2020, toutefois, ce chiffre est inférieur aux opportunités qu’offrent les deux pays. Quel est votre plan pour augmenter les investissements à l’avenir ?

— On a déjà 160 entreprises qui sont implantées en Egypte. Aujourd’hui, les nouveaux arrivants commencent à écouter le marché et à répondre à ses demandes. Nous commençons en tant qu’exportateurs et en fonction du succès des entreprises françaises sur le marché, on peut leur conseiller de localiser leurs activités en Egypte. Je pense que l’économie égyptienne va dans ce sens. Et j’ai dit aux 18 entreprises réunies avant l’événement du 7 juin que le plus important est d’être locales en Egypte. C’est-à-dire de montrer qu’on est en Egypte pour longtemps et non pas qu’on vient conclure un contrat et repartir. Le marché égyptien est un marché sur lequel on investit parce que c’est un marché qui a un gros potentiel et qui est très concurrentiel. Nos concurrents italiens, espagnols et russes font de l’Egypte un marché prioritaire. Nous aussi faisons de l’Egypte un marché prioritaire, mais nous devons faire face à une très forte concurrence. Quand on arrive sur le marché, il faut être plus compétitif que les autres.

— Quels sont les nouveaux domaines d’investissement que le milieu d’affaires français doit encore explorer en Egypte ?

— Je crois qu’il y a trois domaines qui méritent d’être explorés. Le premier est celui de l’hydrogène vert, un nouveau combustible très demandé par les autorités égyptiennes. Le deuxième est l’intelligence artificielle et enfin la numérisation des chaînes de valeur, un domaine qui a un potentiel très important. On espère que l’Egypte pourra attirer des chaînes de valeur dans les domaines du combustible et de l’automobile dans le futur. L’Egypte possède des usines d’assemblage. Elle peut se positionner sur le marché des véhicules du futur. Les nouveaux investissements viendront de la fintech. Les grands informateurs technologiques auront un espace en Egypte pour se développer. C’est le bon moment pour déployer leurs activités en Egypte. Tous ces sujets méritent d’être abordés par la France et l’Egypte. Je pense qu’ils peuvent générer de nouveaux investissements.

— Sous l’effet de la pandémie, les échanges commerciaux entre l’Egypte et la France ont reculé. Est-ce qu’il y a un plan pour les relancer à l’avenir ?

— D’après la Direction Nationale des Statistiques du Commerce Extérieur (DNSCE), les échanges commerciaux entre la France et l’Egypte ont atteint 3,03 milliards de dollars en 2020. On observe ainsi une baisse de 10,4% des échanges comparés à l’année qui précède. Les importations françaises en provenance de l’Egypte ont chuté de 15% en 2020 pour atteindre 693 millions de dollars. Quant aux exportations françaises, elles ont légèrement diminué en 2020, passant à 2,34 milliards de dollars, contre 2,57 milliards de dollars en 2019. La navigation aérienne ou spatiale est le premier secteur des exportations françaises en 2020, suivie par les produits pharmaceutiques, les machines et appareils électriques, les chaudières et appareils mécaniques et, enfin, les céréales.

Nous possédons un plan pour augmenter les exportations françaises au niveau gouvernemental. Il fait de l’exportation l’une des priorités de la relance économique française. On a mis en place plusieurs dispositifs pour encourager les entreprises françaises à partir à la conquête de nouveaux marchés. Depuis la mise en application de ce plan en octobre 2020, l’Egypte fait partie des marchés prioritaires les plus convoités par les entreprises françaises. Mais il n’y a pas de plan précis pour l’Egypte. Nous identifions les secteurs cibles et travaillons pour accroître le nombre des exportateurs français en Egypte. Aujourd’hui, il y a 4000 exportateurs réguliers en Egypte. Je pense qu’on peut viser 6000 exportateurs rapidement, c’est-à-dire 2000 de plus. Il y a aussi de Petites et Moyennes Entreprises (PME) françaises qui exportent aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et qui pourraient très bien exporter vers l’Egypte.

— Avec l’accélération du processus de vaccination contre le coronavirus, verrons-nous une augmentation des touristes français dans les jours à venir en Egypte ?

— L’Egypte est une destination privilégiée pour les Français. Avec l’autorisation de déconfinement prise par le gouvernement français, oui, l’Egypte peut recevoir la visite de nombreux touristes français au cours des prochaines semaines. Le fait que l’Egypte soit encore un pays ouvert et facile d’accès par rapport à d’autres pays va favoriser les visites touristiques. L’Egypte possède tous les atouts pour séduire les voyageurs français et devenir la première destination touristique pour les Français. Vous avez une offre culturelle extraordinaire, de belles plages, d’excellentes infrastructures, une sécurité qu’on trouve rarement. Le facteur sécuritaire est vraiment très important .

160 entreprises françaises sont implantées en Egypte.

3,03 milliards de dollars, montant des échanges commerciaux entre l’Egypte et la France en 2020.

4 000, nombre d’exportateurs français réguliers en Egypte.

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