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Rami Attallah : Le Music Hub est une école-leader de musique indépendante

Névine Lameï, Mercredi, 18 novembre 2020

Le pianiste, compositeur et arrangeur égyptien Rami Attallah vient d’animer deux soirées au Festival international de jazz du Caire, qui se tient jusqu’au 22 novembre. Il est le fondateur d’un centre de formation musical à Héliopolis, The Music Hub. Entretien.

Rami Attallah

Al-Ahram Hebdo : Comment vous êtes-vous préparé cette année pour le Festival de jazz qui est aujourd’hui à sa 12e édition ?

Rami Attallah : J’y ai participé avec mes deux troupes : The Rami Attallah Group, née en février 2011, et Los Compadres, fondée en juin 2012. Cette dernière joue essentiellement de la musique latine, brésilienne et cubaine.

Je m’inspire souvent du Bebop (jazz avant-garde), des musiques française et égyptienne avec ses modes orientaux. The Rami Attallah Group est plutôt un trio. Durant cette 12e édition du Festival de jazz, le trio qui a joué était composé du Libanais Fouad Afra (batteries), Ehab Tass (guitare basse) et moi-même au piano. D’habitude, à chaque nouveau concert, je choisis un quatrième invi­té, toujours variable. Cette fois-ci, c’était Sara Moullablad au chant et Mina Nashaat au saxophone. Batteries, guitare et piano constituent à mon sens la composition exem­plaire pour un excellent trio. Cela donne une grande marge de liberté, l’auditeur peut respirer et le musicien a de l’espace pour communiquer sa musique à la présence.

Avec Sara Moullablad, j’ai choisi de jouer une chanson de samba bré­silienne qui a une saveur jazzy : Another Day et deux de mes propres compositions : Shokran JAZZilan et Am I In Love. Avec Mina Nashaat, j’ai joué deux de mes compositions classiques : Dear Chopin et Réflexions de jazz européen.

— Vous êtes le fondateur de The Music Hub, pouvez-vous nous don­ner une idée sur ce centre de for­mation musicale ?

— J’y ai pensé pendant 10 ans et enfin en avril 2019, j’ai ouvert The Music Hub, un centre de formation musicale à Héliopolis. Sans se limi­ter à un genre spécifique de musique, on cherche à la rendre accessible à tous. C’est un rondpoint qui accueille toute personne passionnée de musique, ayant plus que 5 ans. C’est aussi un lieu de rencontre de musi­ciens, pour explorer des idées nou­velles, en combinant les différents genres et styles, en improvisant, en faisant dialoguer les instruments. Le centre collabore avec des musiciens et professeurs professionnels, égyp­tiens et étrangers.

J’admire la formation musicale lar­gement structurée qu’offre le somp­tueux Conservatoire de Paris et son département de jazz, qui fait naître une constellation de jeunes musi­ciens professionnels. The Music Hub a le même objectif. On donne nais­sance à des étoiles montantes dans tous les genres musicaux. Il y en a déjà des exemples comme George Nabil, Sherry Mamdouh, Michael Adel, Mario Hossam, Timo Michel, David Maged et Amr Abdel-Fattah. Leurs talents et leur savoir-faire les ont menés à participer au Festival international de jazz du Caire et à plein d’autres concerts. The Music Hub est une école-leader de musique indépendante, offrant des cours, des ateliers de formation musicale et des jeux éducatifs, dans ses locaux à Héliopolis ou en ligne, à travers le site : https://themusichubeg.com.

A cause du confinement et de la crise de coronavirus, nous avons envisagé des formations à distance, afin de répondre aux besoins de notre public, et nous avons posté les détails sur notre page Facebook.

— Qu’est-ce que vous avez suivi vous-même comme formation ?

— Je suis un ancien élève du Collège de la Sainte Famille, ensuite j’ai fait des études en génie méca­nique, à la faculté d’ingénierie de l'Université de Hélouan.

Ma passion pour la musique n’est pas un hasard, puisque mon grand-père maternel est Bib Henein, consi­déré comme le parrain des musiciens en Egypte, dans les années 1950 et 1960. Il était le mentor de plusieurs grands musiciens qui ont commencé par faire de la percussion, tels Yéhia Khalil, Omar Khaïrat, Diaa Badr, Ashraf Fouad. C’est d’ailleurs lui et Salah Ragab qui étaient les premiers à introduire le jazz et la musique latino en Egypte.

Personnellement, j’ai étudié le jazz, le piano et l’harmonie, avec mon maître Rashad Fahim, au Berklee College of Music, entre 2002 et 2006, puis avec le pianiste italien Elide Dello Strologo, entre 2007 et 2008, ensuite avec le bassiste libano-français André Segone. En 2011 et 2012, j’ai eu deux certificats : l’un en piano, l’International Examinations Board Intermediate, et l’autre en théorie musicale du Trinity College à Londres.

Par ailleurs, j’ai obtenu une bourse d’étude de jazz au CIM Music School, de Paris, France, en octobre 2016.

— Dans quel état se trouve la scène musicale en Egypte actuelle­ment ?

— La scène musicale a besoin d’être plus soutenue par l’Etat égyp­tien. Il est vraiment nécessaire d’ou­vrir plus d’espaces musicaux, des écoles, des instituts, des lieux pour jouer et de faciliter l’invitation de musiciens du monde pour favoriser l’échange artistique.

Adresses utiles :

Tahrir Cultural Center, ancien campus de l’Université américaine du Caire, place Tahrir.

Cairo Jazz Club : 197, rue 26 Juillet, Agouza.

Darb 1718 : Rue Qasr Al-Chamea, Fostat.

Espace Room : 10, rue Ittihad Al-Mohamine,Garden City.

The Music Hub : 52, rue Al-Montazah, Héliopolis.

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