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Khaled Fouda : Le développement est une arme pour préserver la sécurité du Sinaï

Hani Al-Asmar, Mardi, 28 avril 2020

A l’occasion du 38e anniversaire de la libération du Sinaï, le général Khaled Fouda, gouverneur du Sud-Sinaï, revient sur le plan de développement de la péninsule et les efforts visant à contrer le terrorisme.

Khaled Fouda

Sud-Sinaï,

De notre correspondant

Al-Ahram Hebdo : Alors que nous célé­brons le 25 avril l’anniversaire de la libération du Sinaï, la péninsule est aujourd’hui engagée dans une guerre acharnée contre le terrorisme. Quel est le rôle du développement dans cette guerre ?

Le général Khaled Fouda: L’armée et la police mènent une guerre sans répit contre le terro­risme, notamment au Nord-Sinaï. Dans cette guerre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a sou­ligné à maintes reprises que le développement et l’urbanisation de la péninsule ont la même importance que les batailles militaires. En effet, le développement est important pour contrer le terrorisme. Le président a donc lancé un vaste plan de développement du Sinaï de 600 milliards de L.E. Ce plan ambitieux prévoit la création de nouvelles agglomérations urbaines, agricoles et industrielles ainsi que la construction de stations d’assainissement, d’étangs pour l’élevage du poisson, d’écoles et d’hôpitaux, notamment au centre et au nord du Sinaï. Des tunnels ont été inaugurés l’année dernière reliant le Sinaï aux gouvernorats et cela a une grande importance dans la mesure où ils mettent fin à l’isolement du Sinaï, un fait mis à profit autrefois par les groupes terroristes. Ces tunnels serviront les projets de développement et le commerce. Dans son ensemble, ce plan de développement per­mettra de créer des emplois, d’assurer une vie décente aux Sinaouis. Bref, le développement est une arme pour préserver la sécurité du Sinaï.

— Le président Sissi a donné ses directives pour augmenter la superficie des terres agri­coles au Sinaï. Qu’a-t-on accompli à ce niveau ?

— Le secteur agricole est l’un des piliers du développement au Sinaï. Nous avons aujourd’huides milliers defeddans de terrains agricoles. Dans la région de la plaine d’Al-Qaa au nord d’Al-Tor, nous avons 100 000 fed­dans dont 20 000 ont été inclus au projet natio­nal de culture d’un million et demi de feddans et sont irrigués par les eaux souterraines. D’ailleurs, les forces armées ont offert aux habitants du Sud-Sinaï 925 serres agricoles, alors que le ministère de la Planification leur a présenté gra­tuitement les semences et les plantules.

— Mais la rareté de l’eau dans la péninsule représente un défi de taille pour le déve­loppement du secteur agricole. Comment le gouvernorat du Sud-Sinaï a-t-il surmonté ce problème ?

— Nous avons affronté ce pro­blème en creusant, jusqu’à pré­sent, 265 puits et en construisant en place des stations de dessale­ment de l’eau de mer. La station de dessalement de l’eau de mer de la ville d’Al-Tor a une capa­cité de production de 30 000 m3 et la capacité de la station de l’ouest du tunnel passera de 35 000 à 70 000 m3/jour. D’ailleurs, les travaux sont en cours pour achever, d’ici 2022, 8 autres stations de dessalement de l’eau de mer dont le coût s’élève à 2,6 milliards de L.E. Des projets desti­nés à fournir l’eau potable aux habitants de la péninsule qui connaît une croissance au niveau de la population. Le président Sissi a annoncé cette semaine que des projets hydriques seront lancés au centre et au nord du Sinaï pour aug­menter la superficie des terrains cultivés. Un projet qui revêt une grande importance dans cette région confrontée au terrorisme et à la contrebande.

— Il y a un intérêt accordé aujourd’hui au développement des agglomérations bédouines, notamment dans les zones éloi­gnées …

— On ne peut pas parler de développement sans inclure les agglomérations bédouines au fond du désert. D’où l’importance accordée par le gouvernorat à développer les sociétés bédouines en créant de nouvelles aggloméra­tions agricoles et urbaines dans le cadre de l’initiative présidentielle « une vie décente » destinée à améliorer les conditions de vie de ces bédouins et à créer des emplois. Dans ce contexte, le gouvernorat du Sud-Sinaï a lancé des projets importants pour développer les sociétés bédouines. Cinq villages bédouins ont été réaménagés avec un coût de 220 millions de L.E. et ce, dans le cadre du projet de réaména­gement des 25 villages les plus nécessiteux qui vise à assurer la stabilité des familles bédouines. 60 maisons bédouines d’une superficie de 140 m2 cha­cune ont été construites à Al-Tor avec un financement de 28 millions de L.E. assu­mé par l’Organisme de l’ur­banisation du Sinaï. Alors que le Fonds de développe­ment des zones sauvages s’est chargé de construire 62 maisons bédouines d’une superficie de 85 m2 chacune à Al-Guobil avec un coût de 28 millions de L.E. Des efforts qui se poursuivent avec l’établissement de 7 agglomérations dans les villes de Sainte-Catherine et Ras Sidr. Il y a aussi des projets agricoles et le réaménagement du réseau routier et des infrastructures.

— Le gouvernorat souffre-t-il toujours de problèmes d’électricité ?

— Ce secteur au gouvernorat du Sud-Sinaï a connu une véritable modernisation au cours des 4 dernières années. Personne au gouvernorat ne se plaint d’un problème de coupure ou de manque de courant électrique. Même les ras­semblements bédouins éloignés bénéficient aujourd’hui de l’électricité et sont connectés au réseau, alors qu’auparavant, ces régions n’avaient accès à l’électricité que 4 heures par jour car il n’y avait que des générateurs diesel pour produire l’électricité. Aujourd’hui, l’élec­tricité est fournie 24h/24. Les stations d’eau et de drainage sanitaire sont aussi alimentées en électricité pour qu’elles puissent répondre aux besoins des citoyens. Pour profiter de l’énergie solaire, 3 parcs solaires ont été construits d’un coût d’1,9 million de L.E. Ces efforts ont per­mis d’en finir avec les problèmes d’électricité au gouvernorat, ce qui est nécessaire pour boos­ter le développement.

— Qu’en est-il du réseau routier ?

— Le Sud-Sinaï en particulier est l’un des gouvernorats qui témoignent d’accidents rou­tiers meurtriers, d’où l’importance d’entretenir les routes. D’autant que les routes sont les artères du développement. Le président Sissi a consacré 9 milliards de L.E. à la modernisation du réseau routier et pour créer de nouveaux axes routiers au Sud-Sinaï, et ce, dans le cadre du projet national des routes. Ce dossier est à la tête de mes priorités en tant que gouverneur. La route de Wadi Tir de 102 km de long a été réno­vée. Beaucoup de travail a été fait aussi au niveau des routes à Charm Al-Cheikh, Al-Tor, Sainte-Catherine et Dahab dont la rénovation a coûté 581 millions de L.E.

— Dans quelle mesure le tourisme a-t-il été affecté par la crise du Covid-19 ?

— Avec la crise du coronavirus, le taux d’oc­cupation des hôtels à Charm Al-Cheikh a chuté à zéro. Nous en avons profité pour entretenir et rénover les hôtels et les sites touristiques. On travaille aussi sur la rénovation du port de Charm Al-Cheikh où des ateliers pour l’entre­tien des bateaux touristiques et des yachts sont en construction. Car les propriétaires des bateaux et des yachts sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour entretenir leurs bateaux à Hurghada, ce qui leur coûtait des sommes exorbitantes. Ces ateliers seront un grand atout pour le port de Charm Al-Cheikh qui connaît habituellement un grand afflux touristique. Nous avons aussi achevé les tra­vaux de rénovation du point de passage de Taba. D’un coût de 49 millions de L.E., ces travaux ont consisté à mettre en place un sys­tème de surveillance moderne ainsi que des salles d’arrivée et de départ bien équipées pour accueillir les visiteurs de Taba, portail de l’Egypte au nord-est.

— Quel est le plan du gouvernorat pour que la ville de Charm Al-Cheikh redevienne une destination touristique mondiale ?

— Nous nous sommes bien préparés pour relancer le tourisme à Charm Al-Cheikh, l’une des plus agréables stations balnéaires au monde, et nous espérons que cela se produira prochai­nement. Depuis 1982, le gouvernement accorde un intérêt particulier à la ville de Charm Al-Cheikh qui ne comptait à l’époque que deux hôtels, et a appelé les hommes d’affaires à y investir. Au fil des années, les hôtels et les sites touristiques se sont multipliés. Aujourd’hui, Charm Al-Cheikh compte 551 hôtels et est l’une des destinations privilégiées sur la carte du tourisme mondial. Un essor que nous cher­chons à investir et à développer pour faire de Charm Al-Cheikh le paradis touristique qu’il a toujours été.

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