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Khaled Okacha : Face à la menace transfrontalière, la coopération avec d’autres pays est une nécessité

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 10 mars 2020

Le général Khaled Okacha, membre du Conseil national de la lutte antiterroriste, revient sur les efforts menés dans ce domaine.

Khaled Okacha

Al-Ahram Hebdo : Quels mes­sages envoie l’exécution le 4 mars du terroriste Hicham Achmawi, impliqué dans plusieurs activités terroristes en Egypte et en Libye ?

Khaled Okacha : C’est un message dissuasif destiné à toute personne qui tente de nuire à la sécurité natio­nale égyptienne. L’exécution d’un terroriste comme Achmawi est un coup dur pour ces organisations ter­roristes. Surtout qu’il est très rare de pouvoir arrêter un chef terroriste en vie, puisque souvent, les éléments trouvent la mort lors des opérations qu’ils commettent ou lors d’accro­chages avec les forces de sécurité. L’autre message c’est que l’Egypte valorise l’Etat de droit puisque Achmawi a été exécuté après avoir épuisé toutes les procédures judi­ciaires. Sa pendaison est aussi un message de soulagement aux familles des victimes, l’Egypte ne renonce jamais aux droits des martyrs.

— Qui était Achmawi ?

— Il était l’un des terroristes les plus dangereux, étant donné le nombre d’opérations terroristes qu’il a perpétrées d’autant plus qu’il était un cadre actif à l’organisation d’An­sar Beit Al-Maqdès au Sinaï avant d’adhérer à Al-Qaëda et de former ensuite le groupe Al-Morabétoune en Libye. C’était aussi une personne obsédée par la violence, le meurtre et la trahison. Il a commis une quin­zaine d’opérations terroristes parmi lesquelles deux qui lui ont valu deux condamnations à la peine capitale. Entre autres, l’attaque contre un check-point à la frontière avec la Libye en 2014, qui a coûté la vie à 22 soldats. Il est également accusé de l’assassinat du procureur général Hicham Barakat en 2015, et de l’at­tentat de mai 2017 contre un bus de pèlerinage chrétien qui a tué 29 per­sonnes à Minya. Il a également été condamné pour avoir participé à la tentative d’assassinat de l’ancien ministre égyptien de l’Intérieur Mohamad Ibrahim en septembre 2013.

— Son arrestation a été possible grâce à une coordination sécuri­taire entre l’Egypte et la Libye. Où en est cette coordination et quelle est son importance ?

— Cette coordination entre deux pays voisins touchés par le terro­risme se révèle indispensable à la lumière d’une situation régionale enflammée et délicate. Sans oublier que la menace terroriste est devenue transfrontalière vu que les organisa­tions terroristes exécutent leurs opé­rations dans des pays voisins, y envoient des éléments terroristes et des armes. D’où l’importance, face à cette menace transfrontalière, de cette coopération sécuritaire et d’échange des informations entre les pays pour pouvoir resserrer l’étau autour de ces organisations. L’Egypte coordonne en termes de lutte antiter­roriste également avec le Soudan, la Syrie, l’Iraq, la Tunisie, l’Algérie et les pays du Sahel et du Sahara.

— Les frontières ouest avec la Libye représentent-elles toujours une source d’inquiétude pour l’Egypte ?

— Certainement, puisque la mon­tée du terrorisme en Libye représente une menace directe à la sécurité nationale égyptienne. Et là, il suffit de citer qu’au cours de l’année der­nière, l’armée a avorté environ 2 000 tentatives d’infiltrations à travers les frontières ouest, ce qui témoigne de l’ampleur de la menace. C’est pour cette raison que d’importants efforts ont été déployés pour sécuriser ces frontières. Une tâche ardue accom­plie avec succès, de pouvoir sécuri­ser des frontières s’étendant sur 1 200 km de désert.

— Plus généralement, où en sont les résultats des efforts de lutte antiterroriste en Egypte ?

— L’Egypte a réussi à démanteler les capacités des organisations terro­ristes sur ses territoires grâce à l’opé­ration militaire globale Sinaï 2018, la plus vaste opération, compte tenu du nombre des forces qui y participent et les dispositifs qui y ont été utilisés. L’Egypte a également réussi à sécu­riser ses quatre axes stratégiques à l’est, à l’ouest, au sud et au nord du pays à travers ses gardes-frontières et a éliminé en grande partie les tenta­tives d’infiltrations d’éléments terro­ristes ou d’armes sur ses territoires. Cela dit, il faut noter que les risques pèsent toujours vu l’instabilité régio­nale.

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