Al-Ahram Hebdo : Quels messages envoie l’exécution le 4 mars du terroriste Hicham Achmawi, impliqué dans plusieurs activités terroristes en Egypte et en Libye ?
Khaled Okacha : C’est un message dissuasif destiné à toute personne qui tente de nuire à la sécurité nationale égyptienne. L’exécution d’un terroriste comme Achmawi est un coup dur pour ces organisations terroristes. Surtout qu’il est très rare de pouvoir arrêter un chef terroriste en vie, puisque souvent, les éléments trouvent la mort lors des opérations qu’ils commettent ou lors d’accrochages avec les forces de sécurité. L’autre message c’est que l’Egypte valorise l’Etat de droit puisque Achmawi a été exécuté après avoir épuisé toutes les procédures judiciaires. Sa pendaison est aussi un message de soulagement aux familles des victimes, l’Egypte ne renonce jamais aux droits des martyrs.
— Qui était Achmawi ?
— Il était l’un des terroristes les plus dangereux, étant donné le nombre d’opérations terroristes qu’il a perpétrées d’autant plus qu’il était un cadre actif à l’organisation d’Ansar Beit Al-Maqdès au Sinaï avant d’adhérer à Al-Qaëda et de former ensuite le groupe Al-Morabétoune en Libye. C’était aussi une personne obsédée par la violence, le meurtre et la trahison. Il a commis une quinzaine d’opérations terroristes parmi lesquelles deux qui lui ont valu deux condamnations à la peine capitale. Entre autres, l’attaque contre un check-point à la frontière avec la Libye en 2014, qui a coûté la vie à 22 soldats. Il est également accusé de l’assassinat du procureur général Hicham Barakat en 2015, et de l’attentat de mai 2017 contre un bus de pèlerinage chrétien qui a tué 29 personnes à Minya. Il a également été condamné pour avoir participé à la tentative d’assassinat de l’ancien ministre égyptien de l’Intérieur Mohamad Ibrahim en septembre 2013.
— Son arrestation a été possible grâce à une coordination sécuritaire entre l’Egypte et la Libye. Où en est cette coordination et quelle est son importance ?
— Cette coordination entre deux pays voisins touchés par le terrorisme se révèle indispensable à la lumière d’une situation régionale enflammée et délicate. Sans oublier que la menace terroriste est devenue transfrontalière vu que les organisations terroristes exécutent leurs opérations dans des pays voisins, y envoient des éléments terroristes et des armes. D’où l’importance, face à cette menace transfrontalière, de cette coopération sécuritaire et d’échange des informations entre les pays pour pouvoir resserrer l’étau autour de ces organisations. L’Egypte coordonne en termes de lutte antiterroriste également avec le Soudan, la Syrie, l’Iraq, la Tunisie, l’Algérie et les pays du Sahel et du Sahara.
— Les frontières ouest avec la Libye représentent-elles toujours une source d’inquiétude pour l’Egypte ?
— Certainement, puisque la montée du terrorisme en Libye représente une menace directe à la sécurité nationale égyptienne. Et là, il suffit de citer qu’au cours de l’année dernière, l’armée a avorté environ 2 000 tentatives d’infiltrations à travers les frontières ouest, ce qui témoigne de l’ampleur de la menace. C’est pour cette raison que d’importants efforts ont été déployés pour sécuriser ces frontières. Une tâche ardue accomplie avec succès, de pouvoir sécuriser des frontières s’étendant sur 1 200 km de désert.
— Plus généralement, où en sont les résultats des efforts de lutte antiterroriste en Egypte ?
— L’Egypte a réussi à démanteler les capacités des organisations terroristes sur ses territoires grâce à l’opération militaire globale Sinaï 2018, la plus vaste opération, compte tenu du nombre des forces qui y participent et les dispositifs qui y ont été utilisés. L’Egypte a également réussi à sécuriser ses quatre axes stratégiques à l’est, à l’ouest, au sud et au nord du pays à travers ses gardes-frontières et a éliminé en grande partie les tentatives d’infiltrations d’éléments terroristes ou d’armes sur ses territoires. Cela dit, il faut noter que les risques pèsent toujours vu l’instabilité régionale.
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