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Ali Aboul-Qassem : J’ai dû travailler énormément pour arriver au niveau qui est le mien aujourd’hui

Mirande Youssef, Mardi, 01 octobre 2019

Ali Aboul-Qassem revient sur son exploit lors de la Coupe du monde de gymnastique artistique, en septembre en France, lors de laquelle il a été sacré dans l’épreuve des anneaux. Il détient le record de médailles d’or obtenues par un gymnaste égyptien. Interview.

Ali Aboul-Qassem

Al-ِAhram-Hebdo : Vous avez remporté l’or à la Coupe du monde en France dans l’épreuve des anneaux. Comment évaluez-vous cette performance ?

Ali Aboul-Qassem : Je suis très fier de cette performance considérée comme la meilleure pour un gymnaste égyptien. J’ai pu montrer mon potentiel dans l’une des grandes compétitions de la discipline où la concurrence est très forte, notamment face à la Chine, le Japon et la France qui possèdent de très bons gymnastes. J’ai remporté l’or dans l’épreuve des anneaux avec un score de 14,950 et j’ai pu devancer le Japonais Kentaro Yunoki, l’un de mes plus grands concurrents qui a remporté la 2e place avec un score de 14,600. Il s’agit pour moi de la 7e médaille d’or dans l’épreuve des anneaux que j’ai raflée dans les compétitions de la Coupe du monde auxquelles j’ai participé depuis 2011. Cette performance est très importante pour moi dans mon parcours de collecte des points pour la qualification de Tokyo 2020.

— Comment êtes-vous arrivé à ce haut niveau professionnel ?

— A vrai dire, la gymnastique est une discipline qui exige un dur entraînement et a besoin de longues années de préparation sans aucune perturbation pour créer un vrai champion. Voilà pourquoi j’ai dû travailler énormément pour arriver au niveau qui est le mien aujourd’hui. Je m’entraîne au rythme de deux séances par jour, et chaque séance dure 4 heures. Mon but est d’améliorer ma technique d’équilibre, de souplesse et de force physique qui sont les points les plus importants dans cette épreuve. L’expérience a joué un grand rôle dans ma réussite, car j’ai dû disputer un grand nombre de tournois qui m’ont permis de me classer parmi les grands.

— Pouvez-vous nous parler des étapes que vous devez suivre pour composter votre billet de qualification pour Tokyo 2020 ?

— La qualification pour Tokyo 2020 se fait à travers des étapes de la Coupe du monde. Elle est basée sur le cumul des points obtenus sur les 3 meilleurs résultats réalisés lors des différentes étapes de Coupes du monde auxquelles je participe. Pour assurer ma qualification, je dois donc obtenir le meilleur total sur les agrès des anneaux. Il s’agit d’un rêve que j’ai longtemps attendu lors des Jeux Olympiques (JO) de Rio 2016, mais la Fédération égyptienne de gymnastique artistique avait refusé d’engager les gymnastes qui jouent dans un seul agrès. Mais désormais, la Fédération m’a permis de pouvoir participer en tant que spécialiste dans l’agrès des anneaux. En fait, je n’ai pas encore terminé mes étapes de qualification, car je dois participer à d’autres étapes de la Coupe du monde jusqu’à la fin de l’année 2019 et en 2020. Je participerai aussi dans mon parcours de qualification aux Championnats du monde de Stuttgart en octobre prochain.

— Vous êtes spécialiste de l’épreuve des anneaux. Pouvez-vous nous en parler ?

— Je me suis spécialisé dès le début de mon parcours professionnel dans l’épreuve des anneaux. Les anneaux sont les plus difficiles de la discipline, car ils exigent à la fois un maximum de souplesse, de maîtrise et de force physique. J’ai choisi cet agrès en particulier, car très peu de gymnastes au niveau africain y obtiennent de bons résultats. Cette épreuve est tellement difficile qu’elle fait perdre beaucoup de points aux gymnastes égyptiens dans le classement général. Mais pour moi, c’était un défi de maîtriser cette épreuve, car celui qui arrive à améliorer son niveau dans cette épreuve peut, par la suite, maîtriser les 5 autres agrès de la discipline, à savoir le sol, le cheval d’arçons, le saut, les barres parallèles et la barre fixe.

— Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre palmarès ?

— Depuis 2011, j’ai commencé à me distinguer dans les tournois internationaux. En 2011, j’étais sacré champion dans l’épreuve des anneaux aux Jeux arabes du Qatar, et aux Championnats du Qatar. En 2012, je me suis classé 8e à la Coupe du monde en Slovénie. En 2013, j’ai réalisé une première pour l’Egypte, car j’ai réussi à inscrire mon nom au registre de la Fédération internationale pour avoir inventé un nouveau mouvement artistique sur l’agrès des anneaux lors des Championnats du monde en Belgique. Le jury a inclus ce mouvement qui porte mon nom sur la liste des nouveaux mouvements susceptibles d’être étudiés par les autres gymnastes. En 2014, j’ai remporté le titre africain dans l’épreuve des anneaux et en 2015, j’ai remporté la médaille de bronze dans le tournoi Grand Prix de Hongrie. En 2016, 2017 et 2018, j’ai décroché le titre des Coupes du monde.

— Pensez-vous que la discipline ait évolué durant cette dernière décennie ?

— Je pense que la gymnastique artistique commence à sortir de l’ombre. La Fédération égyptienne de gymnastique a connu des années de confusion qui ont négativement affecté le niveau de la discipline et qui a causé sa régression, alors que cette discipline de haute technique exige un travail continu. Voilà pourquoi l’Egypte n’a pu participer aux JO de Rio qu’avec une seule gymnaste, Chérine Al-Zeini. Mais la sélection égyptienne était absente dans les deux autres épreuves que sont la gymnastique rythmique et le trampoline, et aucun homme n’était présent. Pourtant, après la nomination du président actuel de la Fédération, Ihab Amin, en charge depuis octobre 2017, une nouvelle ère a commencé. Il a pu unifier les rangs de la Fédération dans le but d’instaurer la stabilité. Il a financé toutes les compétitions de la Coupe du monde auxquelles j’ai participé pour m’aider à accumuler les points pour Tokyo 2020. Dès lors, on a commencé à entendre parler des succès de la gymnastique dans toutes ses épreuves, soit rythmique et trampoline. Par exemple, la gymnastique s’est classée à la première place en décrochant 36 médailles, dont 17 d’or, lors des Jeux Africains de la Jeunesse (JAJ) en juillet 2018. La gymnastique a également brillé lors des derniers Jeux africains du Maroc.

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