Al-Ahram Hebdo : Y aura-t-il une amélioration dans les relations entre l’Iran et l’Occident après l’élection du président Hassan Rohani ?
Mugtabi Amani : Sous les prédécesseurs de Rohani, Téhéran a toujours cherché à convaincre toutes les parties qu’elle aspirait à la stabilité régionale et mondiale. Nous avons pris d’innombrables mesures dans ce sens, mais certains pays occidentaux comme les Etats-Unis et l’Angleterre voulaient donner une image négative des initiatives iraniennes. Ils ont multiplié les accusations contre notre pays. Raison pour laquelle je dis que la balle est désormais dans le camp de l’Occident. Il lui revient à l’avenir de réviser ses relations avec l’Iran en abandonnant le langage des menaces et des sanctions et en optant pour le dialogue et la coopération.
— Les relations égypto-iraniennes ont-elles toujours été mouvementées. Pourquoi ?
— Nous sommes engagés dans une voie bien déterminée, mais la scène égyptienne interne connaît certains problèmes et il y a quelques obstacles. On peut dire qu’il y a un progrès au niveau des relations bilatérales, à tous les niveaux : politique, économique et touristique. Ainsi qu’au niveau de l’échange des visites officielles, et une augmentation concrète des échanges commerciaux qui a été cette année multipliée par 4 par rapport à l’année dernière. Les chiffres d’affaires sont passés de 100 à 400 millions de dollars.
— Les tentatives de remettre sur les rails les relations entre l’Egypte et l’Iran avaient déjà commencé sous l’ancien régime. Y a-t-il une différence sous l’actuel régime ?
— Nous n’avons pas perçu un sérieux changement. Mais après la révolution, une page a été tournée pour de bon. Une nouvelle page a été ouverte par le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Nabil Al-Arabi. Mais à cause de la lenteur dans la prise de décision, les choses n’ont pas pris le tournant qu’on souhaitait.
— L’extension du chiisme fait-elle obstacle à l’amélioration des relations entre l’Egypte et l’Iran ?
— C’est un prétexte qui rend service à certaines puissances internationales et régionales pour empêcher l’instauration de bonnes relations entre Le Caire et Téhéran. Ces propos sont dénués de fondement. Et il n’y a aucune preuve à ce sujet. Il n’y a aucune tentative d’expansion du chiisme chez les sunnites.
— Croyez-vous que certains pays du Golfe aient un intérêt à entraver le rapprochement égypto-iranien ?
— Nous entretenons des relations étroites avec tous les pays, tant sur le plan diplomatique que sur le plan économique. Nos relations avec l’Egypte ne concernent que nous et nous refusons toute ingérence dans cette affaire. Nous avons entendu certaines menaces provenant du Golfe sur la rupture des aides et sur l’ingérence des services secrets pour contrecarrer ce progrès dans les relations.
— Mais contrairement à l’Iran, l’Egypte a des relations étroites avec les Etats-Unis et Israël ...
— En général, aucune relation est source d’embarras pour nous. Mais la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis a beaucoup nui à l’Egypte.
— L’Iran est pourtant accusé d’avoir aidé les Frères musulmans à détourner la révolution ...
— L’Iran n’a jamais cherché un tel objectif. Les Frères musulmans ont accédé à la présidence par voie démocratique. On ne peut pas dire qu’ils ont détourné la révolution. Nous respectons la démocratie en Egypte comme ailleurs et nous entretenons des relations avec toute personne élue par le peuple.
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