Al-Ahram Hebdo : Est-ce que le ministère de l’Electricité continue-t-il à subventionner la consommation, même après la hausse des prix ?
Mohamad Chaker : Malgré la hausse des prix de l’électricité qui entrera en vigueur au mois de juillet prochain, l’Etat continue à subventionner toutes les catégories de consommateurs à des taux variés. Les ménages, qui consomment plus de 1 000 kilowatts/heure par mois, payeront des sommes plus élevées, afin de pouvoir subventionner les catégories de la population aux revenus limités et les défavorisés.
— Quand prendront fin les subventions sur les factures de l’électricité ?
— La fin des subventions à l’électricité était prévue pendant l’année fiscale 2020-2021, sans toucher aux subventions destinées aux plus défavorisés. Mais après les directives du président Abdel-Fattah Al-Sissi, les subventions seront totalement levées en 2022. Cependant, notre politique est que les plus démunis soient soutenus par les ménages où la consommation est grande.
— Comment seront calculées les subventions sur les factures ?
— Les subventions de l’Etat se situent à hauteur de 50 kilowatts/heure, atteignant 41,1 L.E. Alors que pour les ménages qui consomment 100 kilowatts/heure, les subventions seront de 77,2 L.E. par mois. Pour la catégorie de la population qui consomme 200 kilowatts/heure, les subventions atteindront 122,5 L.E. par mois. Pour les consommations mensuelles atteignant 250 kilowatts, les subventions seront de 133,6 L.E. Alors que les catégories qui consomment 300 kilowatts/heure seront subventionnées à hauteur de 149,7 L.E. Les 350 kilowatts/heure sont subventionnés à 165,8 L.E. La catégorie consommant 400 kilowatts/heure sera subventionnée à 169 L.E. Celle consommant 450 kilowatts mensuels recevra 176 L.E. de subventions. Les ménages consommant 600 kilowatts/heure par mois seront subventionnés à 197,4 L.E. Alors que les subventions par exemple de la catégorie consommant 900 kilowatts/heure est de 130,2 L.E. Les 950 kilowatts/heure auront 117,3 L.E. de subventions et les ménages consommant plus de 1 000 kilowatts/heure seront subventionnés à hauteur de 104 L.E.
— Quel est le coût du kilowatt/heure ? Et quel impact sur les tarifs ?
— La moyenne des tarifs de vente de l’électricité est de 96,1 piastres par kilowatt, et la moyenne du coût de l’électricité à basse tension est de 114,2 piastres par kilowatt/heure. Les factures de consommation électrique de plus de 1 000 kilowatts/heure n’ont pas connu de hausse. Les tarifs de la première catégorie de consommation (entre 0 et 50 kilowatts/heure) est de 30 piastres. La deuxième catégorie (entre 51 et 100 kilowatts/heure) est de 40 piastres, et la 3e tranche (entre 100 et 200 kilowatts/heure) est calculée à 50 piastres. La 4e tranche (entre 201 et 350 kilowatts/heure) est calculée à 82 piastres. Le tarif de la 5e tranche (entre 351 et 650 kilowatts) est de 100 piastres. La 6e tranche (entre 651 et 1 000 kilowatts) atteint 140 piastres. Alors que la 7e tranche (plus de 1 000 kilowatts) est calculée à 145 piastres.
La marge d’augmentation des tarifs d’électricité pour la prochaine année financière sera de 14,9 %. La moyenne du prix de vente de l’électricité à haute tension destinée aux usines, qui ont des niveaux intenses de consommation, et les secteurs productifs est de 109,7 piastres par kilowatt/heure. Les tarifs de la basse tension des ménages atteignent 83,5 piastres par kilowatt/heure.
Les subventions ont été réparties sur les différentes catégories de consommation, et les hausses sur les factures d’électricité ne sont pas énormes, en moyenne 26 %, en comparaison à l’an dernier.
— Quel est le montant du soutien financier apporté par le ministère des Finances au secteur de l’électricité au cours de l’année financière 2019-2020 ? Pourquoi les tarifs n’ont-ils pas été fixés pour que les citoyens n’assument pas un plus grand fardeau ?
— Le ministère des Finances continuera d’apporter un soutien financier au secteur de l’électricité. Ce soutien s’élève à 16,5 milliards de L.E. au cours de l’année financière 2019-2020. Il fait également de son mieux pour éliminer les obstacles et assurer le bon fonctionnement du secteur de l’électricité. Le montant du déficit budgétaire, si les tarifs de l’électricité n’augmentent pas, sera de 33,5 milliards de L.E.
La hausse des tarifs, qui entrera en vigueur en juillet, s’inscrit dans le plus large objectif de lever définitivement les subventions sur l’électricité d’ici 2021-2022, pour atténuer les pressions sur le budget de l’Etat et rembourser une dette due au ministère du Pétrole.
— Existe-t-il un plan pour réduire les coûts de production après l’entrée en fonction des centrales électriques à haute capacité ?
— Les tarifs d’électricité en Egypte sont inférieurs à ceux des pays voisins. Le prix du kilowatt/heure est déterminé par plusieurs facteurs, dont le prix de l’essence et le taux de change.
Le ministère fait de son mieux pour que le fonctionnement des centrales soit assuré de la meilleure manière, et cherche en même temps à baisser les niveaux de consommation de l’essence et du mazout. Ce qui permettra à l’Etat d’économiser 3 milliards de L.E. annuellement.
— Quels sont les préparatifs du ministère de l’Electricité pour faire face à la consommation accrue prévue au cours des deux prochains mois ?
— Le ministère a élaboré une étude sur la consommation au cours des deux prochains mois, qui doit atteindre 33 000 mégawatts. Nos réserves se situent autour de 25 800 mégawatts, alors que les réserves mondiales se situent entre 20 et 30 % de la consommation. L’Egypte est donc dans la bonne moyenne.
— Quel est le montant des investissements des projets de consolidation du réseau électrique ?
— Le montant total des investissements dans les réseaux à faible et moyenne tension est d’environ 22 milliards de L.E. Le ministère entend lancer et moderniser 47 centres de contrôle de l’énergie d’ici fin 2024. 5 centres de contrôle sont actuellement à l’étude par le consultant responsable du projet, pour qu’ils soient mis sur les rails.
— Quels sont les avantages de la connexion électrique avec les pays voisins ?
— Les avantages économiques comprennent notamment la réduction des coûts, la réduction des quantités d’essence utilisées dans les centrales électriques et les revenus financiers réalisés par les pays traversés par les réseaux électriques.
Les avantages environnementaux incluent la réduction des émissions nocives et l’usage de l’énergie durable. Pour les atouts techniques, on parle d’une augmentation des réserves pour faire face aux situations d’urgence et d’une diversification des ressources en énergie électrique. Le projet de connexion électrique avec les pays du Maghreb arabe vise à relier les réseaux électriques de la Libye, de la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc et de l’Egypte sur des tensions approximatives allant de 200 à 400 kilovolts. Il existe également un projet de connexion électrique entre le Congo, l’Egypte, le Nigeria, la Zambie et l’Angola d’autant qu’il est possible d’exporter l’énergie qui sera générée par le projet vers l’Europe via l’Egypte.
— Quelles sont les dernières évolutions du projet de connexion électrique avec l’Arabie saoudite ?
— Le projet est en voie de préparation. Le montant des investissements dans ce projet est de 1,56 milliard de dollars. 626 millions de dollars seront consacrés à l’Egypte. Le fonctionnement expérimental commencera en avril 2021 et le fonctionnement à plein régime aura lieu en avril 2022. Les adjudications sur la centrale de transformateurs d’électricité seront présentées d’ici la fin de l’année, et les contrats seront également conclus à la même date.
— Comment évaluez-vous les projets d’énergie renouvelable en Egypte ?
— Les projets d’approvisionnement électrique ont certes réussi. Une trentaine de compagnies mettent en place des centrales solaires d’une capacité de 1 500 mégawatts et des investissements à hauteur de 2 milliards de dollars. Nous avons des investissements qui seront injectés pour construire des centrales solaires et éoliennes à haute tension. Les compagnies étrangères et arabes sont les bienvenues pour injecter de nouveaux investissements dans les secteurs de l’électricité et de l’énergie renouvelable.
— Le ministère de l’Electricité a-t-il commencé à mettre en service les compteurs intelligents ?
— C’est un projet pilote qui est en voie d’exécution. Notre objectif est de mettre en place 250 000 compteurs électriques intelligents à travers 6 compagnies de distribution. La première phase du projet a déjà été finalisée. Nous comptons lancer les phases ultérieures dans le cadre d’un plan ministériel visant à remplacer les anciens compteurs par de nouveaux compteurs smart, électroniques et prépayés. L’installation de ces compteurs représente 40 % de l’objectif de la seconde phase qui sera achevée en décembre et janvier prochains.
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