Al-Ahram Hebdo : Quel est l’objectif de votre visite en Egypte ?
David Tang : Je suis actuellement ici pour une courte visite de 48 heures avec deux objectifs. Le premier est professionnel : animer une conférence sur le sponsoring à l’Université du Caire, pour les étudiants du programme de la gestion sportive du Centre International des Etudes du Sport (CIES). Le deuxième est purement personnel. Je voulais réaliser un de mes grands rêves, visiter les pyramides.
— Vous êtes directeur général du groupe Football City (CFG) en Chine, pouvezvous nous donner une idée de ce qu’est ce groupe ?
— Le CFG possède et exploite six clubs professionnels à travers le monde dans différents pays. Leur club phare est le club anglais Manchester City, actuel champion de Premier League. Je suis le directeur général du CFG en Chine. Déjà, avant que je ne rejoigne ce groupe, j’avais travaillé 10 ans pour Nike en Chine en marketing sportif, en marketing de marque et aux ventes, puis comme directeur général du football à Nike, en Chine. Comme vous le savez, je suis sino-canadien, je travaille et je vis en Chine.
— Suivez-vous le sport égyptien ?
— Je suis surtout le football, comme c’est ma spécialité. Je sais que l’Egypte possède un grand nombre de joueurs talentueux. Je suis la bonne performance des footballeurs égyptiens en Europe, surtout celle de Mohamad Salah à Liverpool. De même, je sais que l’Egypte a participé à la Coupe du monde 2018 en Russie. Même si les résultats des Pharaons n’étaient pas satisfaisants au Mondial, le fait d’être parmi les meilleures équipes du monde qualifiées au Mondial est déjà un exploit. Il y a de grands pays du football au monde qui n’ont pas pu se qualifier pour la Coupe du monde, comme l’Italie, les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Ghana par exemple. Je sais que les matchs du Championnat égyptien se jouent souvent sans supporters. J’espère que cette situation changera rapidement et que ceux-ci rempliront les tribunes des stades comme c’était le cas en Egypte il y a quelques années.
— En tant qu’expert du marketing du sport, comment jugez-vous l’expérience de l’homme d’affaires saoudien qui a acheté le club Pyramids en Egypte …
— Je suis pour toutes sortes d’investissements dans le domaine du sport. Ils aident au développement du sport et permettent aux athlètes de mieux faire leur métier. Il faut encourager toutes sortes d’investissement dans le domaine du sport en général et dans le football en particulier.
— Comme vous le savez, l’Egypte a été nommée tardivement par la CAF comme pays hôte de la CAN 2019 à la place du Cameroun. D’après votre expérience, lors des Jeux olympiques de Pékin 2008, estce que l’Egypte pourra bien organiser cette grande compétition et faire un bon marketing ?
— Tout d’abord, je tiens à dire que gagner le vote de l’organisation d’un grand événement continental, comme celui de la CAN, est à la fois honneur et défi. C’est un honneur d’avoir la confiance des membres de la CAF et un défi, car il ne reste pas assez de temps. Mon conseil pour le comité local de l’organisation de la CAN est de commencer immédiatement à travailler dur et à traiter tous les petits détails pour réussir une bonne organisation. Normalement, les pays qui organisent de grands événements sportifs, dès leur nomination, commencent à construire de nouveaux stades et de nouvelles infrastructures sportives pour qu’ils soient utilisés lors de la compétition. Dans le cas de la CAN 2019, je pense que l’Egypte n’aura pas assez de temps pour construire de nouveaux stades, mais je sais que le pays possède déjà de bons stades de football et des infrastructures sportives adaptées.
Alors il suffit de renouveler et de réhabiliter les lieux qui ont besoin d’être renouvelés. Mais du côté du marketing, soyons réalistes. Le fait de choisir l’Egypte, 6 mois à peine du coup d’envoi de la CAN, rend compliquée la tâche de trouver de nouveaux sponsors ou de ramener de l’argent. C’est difficile, mais ce n’est pas impossible. Mais vraiment, le plus important maintenant, c’est de travailler sur l’organisation de l’événement, voir comment rendre les séjours des athlètes, des journalistes et des supporters agréables durant la CAN. Il est aussi nécessaire de faciliter l’accès aux stades, ainsi que les transports et l’hébergement des délégations. Je suis sûr que l’Egypte va organiser une grande CAN.
— De votre point de vue, si l’équipe égyptienne ne gagne pas la coupe, cela aurat- il un impact négatif sur l’organisation de la CAN ?
— Je n’aime pas que l’on pense de cette manière. Accueillir une grande compétition est une chose, remporter sa coupe en est une autre. Cela requiert des préparatifs différents.
La Russie n’a pas remporté la dernière Coupe du monde qu’elle avait accueillie ; pourtant, l’organisation a été réussie. La vraie victoire de la CAN, c’est ce que l’organisation va laisser pour le sport égyptien. C’est une compétition dure pendant un mois, mais les infrastructures et les stades renouvelés pour l’organisation vont rester des années après la fin de la compétition, et c’est le vrai gain de l’organisation. C’est beaucoup plus important que de gagner ou de perdre la coupe.
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