Al-Ahram Hebdo : Vous avez participé, fin février, à la Conférence internationale des télécommunications (Mobile World Congres, MWC), à Barcelone. Quelle était l’importance de cette participation ?
Amr Talaat : Le MWC est le plus grand forum annuel pour les télécommunications. Il regroupe les plus grands acteurs du secteur, qui tiennent à se rencontrer chaque année pour échanger sur les plus récentes technologies et conclure des partenariats importants. Lors de notre participation, nous avons eu l’occasion d’observer des technologies très prometteuses. Je me suis intéressé à plusieurs applications de la technologie 5G, surtout pour des domaines tels que la santé, les ambulances et la gestion de la consommation et de l’énergie. C’était très intéressant.
— Vous avez conclu, au cours de cette visite, des accords et des partenariats avec les plus grands acteurs du secteur des télécommunications. Quelle est l’importance de ces accords ?
— C’est vrai. Nous avons conclu plusieurs accords avec de grandes entreprises de télécommunications telles qu’Etisalat, Ericsson, LG, Huawei et Microsoft. Le contrat le plus important était celui de Microsoft Car ; c’est le seul contrat de partenariat contraignant, qui exige la mise en place du premier centre de données en Afrique et au Moyen-Orient. Telecom Egypt et Microsoft ont signé ce contrat qui prévoit la mise en place du premier « cloud informatique » en Egypte. Une délégation de Microsoft s’est d’ailleurs installée au Caire immédiatement pour commencer à travailler dans ce centre. Cet accord est une première étape vers la conclusion de contrats similaires avec les autres quatre plus grandes entreprises mondiales opérant dans le domaine de la conservation des données, dont Amazon, Facebook et Google. En effet, ce contrat rassure les grandes entreprises qui souhaitent investir en Egypte et montre une nouvelle fois que le climat d’investissement est stable. Notre objectif est de devenir un hub pour les centres de données, car nous disposons des critères et des éléments nécessaires pour cela. Bien que le centre de données soit petit en termes de taille de stockage, cela n’est pas une préoccupation, car il est normal de commencer petit. Une fois que la société verra que le cloud fonctionne bien en termes de travail technique et de services, le nombre de clients, et donc sa taille, augmentera. Les autres entreprises internationales leur emboîteront le pas.
— Le secteur des télécommunications et de la technologie de l’information est l’un des secteurs importants sur lequels compte le gouvernement pour relancer l’économie. Quels sont les taux de croissance visés pour le secteur des télécommunications d’ici la fin de l’exercice en cours et le pourcentage prévu de la contribution du secteur au PIB ?
— Il est prévu que la contribution du secteur au PIB atteigne 5 % en trois ans et il devrait atteindre près de 4% cette année. Concernant la croissance du secteur, le ministère visait une croissance supérieure à 12%. Le secteur a enregistré une croissance de 14% au premier trimestre de l’exercice en cours et de 16,5% au cours du deuxième trimestre, enregistrant ainsi la plus forte croissance des secteurs du pays. L’objectif est donc facilement réalisable.
— La transformation numérique figure en tête des priorités de l’Etat. Qu’a accompli le ministère des Télécommunications dans ce dossier? Et quels sont ses plans?
— Le ministère oeuvre fortement à finaliser ce dossier. Nous lancerons un projet à Port-Saïd le 30 juin prochain, dans le but de transformer tous les services gouvernementaux aux citoyens en services numériques. Ainsi, l’Egypte assistera au lancement de la plateforme électronique égyptienne destinée à fournir les services gouvernementaux les plus importants. A travers ce projet, nous ciblons 25 services principaux à Port-Saïd. Certains doivent être mentionnés en détail, tels que l’assurance maladie, car il s’agit d’un très grand projet. Selon le plan, il y aura des points de vente dans lesquels ces services seront fournis aux citoyens, notant que ces points de vente devront être mis en oeuvre ou conçus pour couvrir toutes les demandes des différentes catégories de la population.
— L’infrastructure disponible est-elle capable de répondre à une telle transformation numérique des services ?
— Oui. Le ministère a créé au gouvernorat de Port-Saïd 4 centres de services, dont le premier est destiné à ceux qui maîtrisent les technologies modernes. Le deuxième est destiné à l’homme qui a l’habilité d’aider les clients à utiliser les services. Le troisième est la Poste égyptienne, qui sera transformée en fournisseur de services gouvernementaux, et le quatrième est un point de vente qui fonctionnera comme un centre pour recevoir le courrier électronique. En plus, le ministère s’emploie actuellement à renforcer l’infrastructure présente à travers l’installation de câbles à fibres optiques, afin de pouvoir numériser tous les organismes gouvernementaux de Port-Saïd. Ce denier n’est qu’un début et le gouvernement va poursuivre ce projet de transformation numérique dans tous les gouvernorats, et par conséquent améliorer l’infrastructure dans les différents gouvernorats d’Egypte.
— Quel est l’objectif de cette transformation numérique ?
— La transformation des services gouvernementaux en services numériques vise de nombreux objectifs: faciliter la vie des citoyens, fournir des services plus facilement ainsi que rationaliser et gérer les ressources de l’Etat. Par exemple, nous ne pourrons préciser les bénéficiaires des subventions que si nous utilisons le système numérique. La transformation numérique fait partie d’une inclusion numérique plus vaste, qui permet de fournir au citoyen une gamme de services et d’outils au moyen du numérique. Nous avons donc commencé avec les services gouvernementaux.
— Une telle transformation numérique n’exige-t-elle pas une loi pour la protection desdonnées?
— Certainement. Un tel projet de loi est très important dans la mesure où il contribuera à attirer de nombreux investisseurs étrangers qui veulent être sûrs de la protection des données au sein du pays. Les investisseurs recherchent un environnement sûr, un environnement législatif favorable, des cadres formés, ainsi que des avantages d’investissements, tels que l’exonération fiscale. A cet égard, nous avons préparé un projet de loi qui est en cours de discussion au parlement.
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