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Walid Soliman : Je dois tout ce que j’ai réalisé en 2018 aux supporters d’Ahli

Amr Moheb, Mardi, 08 janvier 2019

Dans un entretien accordé à Al-Ahram Hebdo, Walid Soliman, vainqueur de l’H d’Or du meilleur joueur de football égyptien évoluant en Egypte en 2018, revient sur les réussites et les déceptions de l’année écoulée et évoque ses ambitions pour la suite.

Je dois tout ce que j’ai réalisé en 2018 aux supporters d’Ahli
(Photo : Reuters)

Al-Ahram Hebdo : Vous avez remporté l’H d’Or 2018 du meilleur joueur de football égyptien évo­luant en Egypte et la troisième place dans le classement général des meilleurs joueurs égyptiens. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Walid Soliman : Je suis très heu­reux de ce titre. Mais franchement, je dois tout ce que j’ai réalisé en 2018 aux supporters d’Ahli. C’est grâce à eux que j’ai réussi cette bonne per­formance. En effet, l’équipe d’Ahli a vécu des moments difficiles au cours de l’année : éliminée de la Coupe d’Egypte, battue par Zamalek à la fin du Championnat national et mauvais résultats aux deux premiers matchs de la phase de poule de la Ligue des champions. Comme je suis l’un des joueurs les plus expérimentés de l’équipe, les supporters me parlaient toujours et me demandaient de déployer tous les efforts pour que l’équipe sorte de cette crise. De mon côté, j’ai fait de mon mieux pour aider l’équipe à faire de bons résul­tats pour rendre hommage aux mil­lions des fidèles supporters du club qui nous ont soutenus malgré notre mauvaise performance.

— Les départs de Abdallah Al-Saïd et du coach Hossam Al-Badri sont-ils la cause des diffi­cultés que l’équipe a connues ?

— C’était l’une des causes. Abdallah Al-Saïd est parti avant la fin de la saison dernière. Sans aucun doute, son départ a affecté la perfor­mance de l’équipe, car il était l’un des meilleurs joueurs, un meneur de jeu et un buteur exceptionnel. Quelques semaines plus tard, le coach Hossam Al-Badri est parti suite aux mauvais résultats de l’équipe, alors, la situation est deve­nue plus difficile. L’arrivée du tech­nicien français, Patrice Carteron, était un point positif pour les joueurs. Il était très gentil avec les joueurs et c’était un bon technicien, mais mal­heureusement, il n’a pas eu de chance. Personnellement, je m’en­tendais bien avec Carteron et il avait une grande confiance en moi. Avec lui, je jouais souvent au poste de numéro 10, comme meneur de jeu à la place de Abdallah Al-Saïd, bien qu’il y ait eu d’autres bons joueurs évoluant à ce poste, comme Nasser Maher ou Mohamad Hamdi. Mais Carteron préférait me faire évoluer à ce poste. Il m’a donné une grande liberté tactique sur le terrain et m’en­courageait toujours à épauler les attaquants et à marquer des buts. Sous la direction de Carteron, j’ai vécu l'une des périodes les plus lumineuses de ma carrière. Il m’en­courageait toujours et m’appelait « Walid Messi » (sourire). L’équipe a réussi à se qualifier, sous sa direc­tion, pour la finale de la Ligue des champions d’Afrique, bien qu’à son arrivée, elle ait été à la dernière place de son groupe dans la phase de poule, après deux matchs joués. Mais malheureusement, avec l’ab­sence d’un grand nombre de joueurs — entre blessés et suspen­dus — nous avons perdu la finale de la Ligue des champions d’Afrique. Quelques jours plus tard, nous étions éliminés de la Coupe arabe des clubs. En tout cas, nous avons tourné la page de cette finale manquée et nous sommes bien concentrés sur la nouvelle édition de la Ligue des champions d’Afrique. J’espère que sous la direction du nouveau coach uruguayen, Martin Lasarte, l’équipe remportera le titre, surtout que le club vient de recruter de nouveaux joueurs pour rapporter du sang frais à l’équipe.

— Au début de l’année 2018, vous attendiez-vous à ce que celle-ci serait l’une des meilleures de votre carrière et que vous seriez élu meilleur joueur en Egypte ?

— Je ne m’y attendais pas, mais j’ai fait ce que je devais faire. C’est-à-dire que je me suis entraîné sérieu­sement et que j’étais bien concentré, comme je le suis depuis des années. Je remercie Dieu de m’avoir récom­pensé pour mon travail sérieux tout au long des dernières années. Début 2018, j’avais toutefois des objectifs que je n’ai pas pu réaliser. Mes objectifs étaient de remporter la Ligue des champions d’Afrique avec Ahli et de participer à la Coupe du monde des clubs. Je voulais aussi participer, avec l’équipe nationale, à la Coupe du monde en Russie. Malheureusement, je n’ai pas pu réaliser ces trois objectifs.

— En parlant de l’équipe natio­nale, vous n’avez pas été sélec­tionné par l’entraîneur argentin Hector Cuper pour la Coupe du monde, bien qu’étant l’un des meilleurs joueurs d’Egypte. Après le départ de Cuper et l’arrivée du Mexicain Javier Aguirre, ce der­nier, non plus, ne vous a pas sélec­tionné …

— C’est vrai que j’ai réussi une des meilleures années de ma carrière en 2018, mais cela ne veut pas dire que je dois forcément être sélection­né. Le sélectionneur national est libre de choisir les joueurs qu’il voit utiles pour lui. J’ai 34 ans, je com­prends que le sélectionneur veuille préparer des jeunes pour bâtir une équipe en vue de l’avenir. Je dois respecter sa décision. Mais les sup­porters et les médias n’ont pas com­pris cela et ont exercé une grande pression sur Aguirre, parce qu’il ne m’avait pas sélectionné. Pour mettre fin à ces histoires et pour qu’Aguirre puisse travailler sans être sous pres­sion, j’ai décidé, il y a quelques semaines, de mettre fin à ma carrière internationale. La seule raison de cette décision était de ne pas mettre le staff technique de l’équipe natio­nale sous pression et de l’aider à bien faire son travail.

— Quels sont vos objectifs pour 2019 et les années à venir ?

— J’aimerais bien remporter, avec Ahli, le Championnat national, la Coupe d’Egypte et la Supercoupe d’Egypte. Sur le plan africain, mon grand objectif est de remporter la Ligue des champions d’Afrique en 2019. Nous étions à deux doigts du titre les deux dernières années, mais nous avons perdu la finale 2017 devant le Wydad de Casablanca et la finale 2018 devant l’Espérance de Tunis. J’espère que nous pourrons remporter le titre en 2019 pour nous qualifier pour la Coupe du monde des clubs. Mes objectifs pour les années suivantes est de porter le maillot d’Ahli jusqu’à la fin de ma carrière.

— Revenant à l’H d’Or. Vous avez remporté le titre de meilleur joueur de football égyptien évo­luant en Egypte et la troisième place dans le classement général des meilleurs joueurs égyptiens, derrière Mohamad Salah et Mahmoud Hassan « Trézéguet » et avec un écart de 75 points entre vous et le quatrième du classe­ment, Ahmad Hégazi. Qu’en dites-vous ?

— Je tiens à féliciter Salah et Trézéguet. Ils ont fait un parcours exceptionnel en 2018. Trézéguet est un très bon joueur, son niveau s’amé­liore d’année en année et je crois qu’il sera, dans quelques années, l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste. Quant à Salah, comme je le dis toujours, c’est un phénomène. Il doit être un modèle à étudier dans les écoles. Nous devons enseigner à nos enfants comment ils peuvent réaliser leurs rêves malgré les difficultés. Salah est un modèle à suivre pour les enfants. Il était un enfant dans un petit village, mais il a cru à son rêve et a bien travaillé pour le réaliser. Aujourd’hui, il est le troisième meilleur joueur du monde. Il est la fierté de son pays et un héros national dans le domaine du sport égyptien et arabe. J’ai la chance que Salah soit l'un de mes amis. J’ai beaucoup joué avec lui en équipe nationale. Loin du terrain, il est une personne modeste et très gentille. Je soutiens Liverpool à cause de lui, bien que je sois un grand fan de Barcelone et de Leo Messi, mais maintenant, je fais comme tous les Egyptiens : je soutiens Liverpool grâce à Mohamad Salah.

— Votre histoire ressemble un peu à celle de Mohamad Salah. Vous aussi vous venez d’un petit village …

— (Sourire) Oui, j’ai commencé à jouer au football lorsque j’étais petit dans mon village de Béni-Mazar, à Minya, et je rêvais de jouer un jour à Ahli. Puis, j’ai été transféré de Béni-Mazar au club de Haras Al-Hodoud, puis à Gouna, puis à Petrojet, puis à Ahli Djeddah, puis à Petrojet de nouveau, puis à Enppi et — enfin — j’ai réalisé mon rêve de jouer à Ahli en 2011. Comme c’était mon rêve et le rêve de toute ma famille, je n’ai pas hésité une seconde à signer pour Ahli, bien que j’aie eu, à ce moment-là, une autre proposition de Zamalek, avec un montant bien plus élevé que celui qu’Ahli me proposait.

Mon histoire d’amour avec les supporters d’Ahli a commencé depuis mon premier jour au club. Ils sont devenus ma deuxième famille. C’est grâce à eux que mon niveau s’est amélioré. C’est grâce au sou­tien des supporters d’Ahli que je suis parmi les meilleurs en 2018, et qu’à l’âge de 34 ans, j’ai été élu meilleur joueur en Egypte dans la plupart des sondages sportifs de 2018. C’est pourquoi j’aimerais dédier l’H d’Or 2018 aux supporters d’Ahli, car c’est grâce à eux que je suis maintenant le meilleur joueur en Egypte.

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