Al-Ahram Hebdo : Pensez-vous que la Semaine de l’eau ait montré les enjeux du problème de l’eau en Egypte ?
Rajab Rajab : La pénurie de l’eau est l’un des défis les plus importants en Egypte. Il s’agissait ici de sensibiliser les chercheurs et les participants égyptiens à la rationalisation des ressources. Les nouvelles cultures qui consomment moins d’eau ont aussi été mises en lumière, ainsi que l’utilisation des eaux usées traitées et la télédétection dans la planification et la distribution de l’eau.
— Quels sont les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés en matière de gestion de l’eau ?
— Nous serons obligés de recourir à toutes les ressources disponibles pour l’irrigation. Le plan du ministère repose sur la gestion intégrée, de nouvelles cultures et des méthodes d’irrigation non traditionnelles, la coopération avec les agriculteurs et la réduction de l’évaporation à l’aide de cellules solaires flottantes. Vu les ressources limitées en eau et la croissance démographique galopante, établir une coopération entre les ministères de l’Irrigation, de l’Agriculture et de l’Energie est une nécessité. Etablir le lien eau-énergie-alimentation est aujourd’hui indispensable pour la gestion durable des ressources hydriques.
— Quelle est l’importance du projet de raccordement du lac Victoria à la Méditerranée qui a été évoqué lors de la conférence ?
— Ce projet est à même de promouvoir la coopération entre les pays du bassin du Nil, de renforcer leur développement et de créer des emplois. En effet, il permettra le transfert des marchandises à des coûts relativement bas, donnant ainsi un coup de pouce à l’économie dans cette région.
— Que pensez-vous de la diplomatie liée à l’eau adoptée par l’Egypte et qui a été l’un des thèmes principaux de cette semaine ?
— La diplomatie liée à l’eau est l’une des priorités du ministère de l’Irrigation, vu que l’Egypte est un pays en aval du Nil. D’ailleurs, l’Egypte a réussi à atténuer habilement les tensions entre les pays du bassin du Nil. La participation d’un grand nombre de ministres africains et d’étudiants venant de 12 pays — tels l’Ethiopie, le Congo, le Maroc, la Mauritanie et le Kenya — est une preuve indéniable de la réussite de la diplomatie égyptienne sur cette question.
— Quels sujets avez-vous abordés lors de vos interventions ici au Caire ?
— Le premier sujet a porté sur le lien étroit entre l’énergie, l’eau et l’alimentation. La gestion intégrée de celles-ci permet de calculer les quantités d’eau et d’énergie nécessaires pour augmenter la surface cultivable et donc la production alimentaire. Produire plus d’aliments avec moins d’eau et d’énergie est l’objectif. Ensuite, j’ai abordé l’utilisation des ressources non traditionnelles telles l’énergie éolienne et solaire, la récupération des eaux de puits grâce à l’énergie solaire et l’utilisation de pulvérisateurs. Ce procédé est à même d’économiser 30 % d’eau et d’énergie.
— Quelle est l’importance de l’utilisation des nouvelles technologies dans la gestion de l’eau et comment peuvent-elles être introduites ?
— Lors de ma dernière intervention, j’ai expliqué comment, en calculant les quantités exactes d’eaux nécessaires aux plantations, les nouvelles technologies permettent d’économiser environ 50 % de l’eau utilisée. Cette technologie peut être mise en place par l’intermédiaire de projets communs entre le secteur privé et le secteur public. Par ailleurs, le ministère de la Production militaire peut contribuer à la fabrication des installations à des coûts moins chers. Il est aussi possible d’établir une coopération avec des organisations internationales telles la FAO ou la Banque mondiale. A mon avis, les résultats des recherches académiques doivent être accessibles et présentés d’une manière simple aux agriculteurs, par le biais d’applications sur portable par exemple.
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