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Gehad Greicha : Arbitrer au Mondial, c’est le plus beau souvenir de toute ma vie 

Amr Moheb, Mardi, 17 juillet 2018

Dans un entretien accordé à Al-Ahram Hebdo, l’arbitre international égyptien Gehad Greicha revient sur sa participation à la Coupe du monde en Russie et fait part de ses ambitions de participer au Mondial 2022.

Gehad Greicha : Arbitrer au Mondial, c’est le plus beau souvenir de toute ma vie
(Photo : AFP)

Al-Ahram Hebdo : Vous venez de rentrer de Russie après y avoir arbitré un match de Coupe du monde. Comment vous sentez-vous ?

Gehad Greicha : Dommage, j’aurais voulu rester plus de temps et arbitrer plus de matchs. Je m’étais bien préparé pour le Mondial physiquement et mentalement. Comme je l’avais expliqué à Al-Ahram Hebdo avant mon départ, mon objectif était de faire un bon premier match pour que la FIFA m’accorde d’autres matchs au Mondial. J’ai réalisé la moitié de mon objectif et j’ai bien arbitré le match entre l’Angleterre et le Panama, mais la deuxième partie de mon objectif n’a pas été réalisée, puisque la FIFA ne m’a pas donné d’autres rencontres à arbitrer au Mondial.

— La FIFA n’était-elle pas satisfaite de votre performance lors du match que vous avez arbitré ?

— Au contraire. Les membres du comité d’arbitrage de la FIFA m’ont félicité après le match et m’ont dit que j’avais fait un grand match et qu’ils s’attendaient à ce que j’arbitre une deuxième rencontre aux tours suivants. Grâce à Dieu, j’ai fait un très bon match Angleterre-Panama, sans erreur d’arbitrage. Le président du comité d’arbitrage de la FIFA, l’Italien Pierluigi Collina, m’a chaleureusement félicité après le match. Je lui ai demandé: « Est-ce que j’ai fait un bon match ? ». Il m’a répondu: « Non, tu n’as pas fait un bon match, Gehad, tu as fait un excellent match ». L’évaluation du comité d’arbitrage pour ma performance a été de 8,9 sur 10. A partir de 8,5, c’est excellent. Sur le terrain, après le match, les joueurs des deux équipes et les membres des deux staffs techniques sont venus me saluer et c’était clair qu’ils étaient satisfaits de ma performance et de mes décisions. Même les arbitres européens qui étaient avec moi au Mondial sont venus me féliciter. Le grand arbitre serbe Milorad Mazic m’a grandement félicité pour ma performance et m’a dit qu’il était vraiment étonné, car normalement, les Anglais critiquaient toujours les arbitres de leurs matchs. Or, ils ne l’avaient pas fait dans mon cas. Il m’a dit que c’était la première fois que les Anglais soient satisfaits d’un arbitre qui avait arbitré l’un de leurs matchs.

— Alors pour quelles raisons le comité d’arbitrage ne vous a-t-il pas donné d’autre match à arbitrer aux tours suivants ?

— Je n’en ai aucune idée. De mon côté, j’ai fait ce que je devais faire pour gagner la confiance et la satisfaction du comité d’arbitrage, mais la décision finale leur revient. Franchement, je m’attendais à ce qu’ils me donnent un deuxième match aux tours finaux du Mondial. Lorsque les arbitres des matchs des 8es de finale ont été annoncés et que je n’ai pas figuré parmi eux, je me suis dit que je serais peut-être nommé pour les quarts de finale. J’ai été vraiment étonné de ne pas être parmi les arbitres des quarts de finale. Collina m’a dit : « Désolé Gehad, tu as fait du bon travail, mais tu ne vas pas arbitrer de match lors des tours suivants. Pas de problème, on t’attend en Coupe du monde 2022 ». Ce que j’ai compris plus tard est que les arbitres qui ont été nommés pour les tours suivants sont ceux qui avaient déjà arbitré dans des éditions précédentes de la Coupe du monde. Aucun nouvel arbitre n’a été sélectionné pour les tours finaux en Russie. Lorsque j’ai appris cela, j’ai compris que je n’avais pas été écarté par la FIFA à cause de mon niveau, mais parce que je n’avais pas assez d’expérience et que je n’avais pas participé à l’une des éditions précédentes du Mondial. J’espère que je serai présent au Mondial au Qatar en 2022. Arbitrer au Mondial, c’est le plus beau souvenir de toute ma vie. C’est un bon souvenir d’avoir arbitré des matchs pour de grandes stars du football, tels Ashley Young de Manchester United, Raheem Sterling, également de Manchester United, et Harry Kane de Tottenham.

— Le fait d’arbitrer des matchs pour ces grandes stars ne vous met-il pas sous pression ?

— Non, aucune pression, ni tension. Nous sommes des professionnels. Ces grands joueurs font leur travail de jouer et moi je fais mon travail d’arbitrer sans la moindre tension, ni pression. Chacun de nous, les joueurs et moi, veut faire son travail à la perfection. Personnellement, ce qui occupait ma pensée durant la rencontre, c’était de faire un bon match pour bien représenter mon pays et pour que je reçoive une bonne évaluation par le comité d’arbitrage— et j’ai réussi. Plusieurs personnes m’ont appelé presque tous les jours pour m’encourager, tels les anciens arbitres Gamal Al-Ghandour, Ahmad Al-Chennawi et Essam Abdel-Fattah, qui était aussi le chef de la délégation de l’équipe nationale au Mondial. Ils étaient tous fiers de moi et m’ont dit que j’avais bien représenté l’arbitrage égyptien en Russie. Ils m’ont félicité d’avoir eu le courage de siffler deux penalties pour l’Angleterre en un seul match sans la moindre hésitation. C’est la première fois dans l’Histoire qu’un arbitre égyptien siffle deux penalties en un seul match.

— En parlant d’arbitrage... En Russie, la FIFA a appliqué pour la première fois le système vidéo d’assistance aux arbitres (VAR). Comment jugez-vous cette expérience ? Est-ce que nous pouvons appliquer ce système en Egypte ?

— A mon avis, le système VAR a réussi à 90%. Il a aidé les arbitres à bien faire leur travail. Plusieurs arbitres ont eu recours au VAR pour revoir des actions et prendre les bonnes décisions. En général, je pense que le système VAR peut améliorer le jeu et diminuer les fautes d’arbitrage. Avec le temps, la FIFA pourra améliorer cette technique pour qu’elle soit encore plus efficace. Mais je crois qu’il est impossible d’utiliser ce système dans le Championnat égyptien, car il est extrêmement cher. Cela fait que seuls 4 ou 5 pays en Europe vont y avoir recours.

— Vous avez dit lors de votre dernière interview avec Al-Ahram Hebdo que l’arbitrage en Coupe du monde était votre grand rêve. Après l’avoir réalisé en Russie, quel est votre nouveau rêve ?

— C’est la Coupe du monde toujours. Arbitrer au Mondial 2022 avant d’arrêter ma carrière d’arbitre. Pour atteindre cet objectif, je dois beaucoup travailler durant les quatre prochaines années. Je dois participer aux prochaines grandes compétitions, comme le Championnat arabe, les compétitions africaines des clubs, la prochaine Coupe d’Afrique des nations et les prochaines Coupes du monde des juniors et cadets. Je ferai de mon mieux pour atteindre mon top niveau et être retenu pour la Coupe du monde au Qatar en 2022.

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