Al-Ahram H
ebdo : Qu’est-ce qui distingue la célébration de l’UA cette année ?
S.E. M. Eugène Allou : Voici 50 ans que l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), aujourd’hui devenue Union Africaine (UA), a été créée. Ses fondateurs ont voulu en faire l’arme d’action unitaire, politique et économique du continent. Alors un demi-siècle d’existence (1963-2013) mérite d’être célébré. Dans ce cadre, les chefs d’Etat africains eux-mêmes ont demandé à tous les Etats membres de célébrer cette année d’une manière particulière. Une année au cours de laquelle on fêtera la réflexion, mais aussi un bilan de ce qui a été fait, de ce qui a été réalisé, de ce qui n’a pas été conclu et de ce qu’on peut faire à l’avenir.
— Au Caire, comment se déroulent les festivités ?
— Le Caire est la ville qui a plus de participation diplomatique africaine avec 44 ambassades. Ainsi, la célébration prend plusieurs dimensions. Les activités organisées du 18 au 25 mai par des groupes d’ambassadeurs sont de différents ordres. On a débuté par des activités sportives : celles-ci permettent un brassage des générations africaines, puisqu’il existe en Egypte des étudiants africains, des travailleurs dans les ambassades ou dans le secteur privé. Alors les activités sportives, comme les matchs de football, permettent de se retrouver, de créer des échanges et de former des relations. La deuxième activité est la réflexion à travers une conférence qui rassemble les ambassadeurs africains, arabes et européens, et aussi les médias. Avec cette conférence, il s’agit de faire le bilan des 50 ans. Il y a aussi une activité culturelle en 2 épisodes, à l’Opéra du Caire : une nuit artistique et un bazar. Vous savez que l’Afrique est un continent de rythmes et de couleurs, c’est ainsi que des pays comme le Soudan, le Soudan du Sud, la Côte d’Ivoire et l’Algérie présentent des danses, des interprétations artistiques. En ce qui concerne le bazar, c’est aussi une occasion pour les Africains de différents pays de faire découvrir leurs produits artisanaux et de faire des échanges, cela favorise donc le commerce intrafricain, surtout que l’Afrique commerce plus avec l’Occident qu’avec elle-même, ce qui doit changer.
— Qu’en est-il des grands sujets africains lors de cet événement ?
— Le Centre des études africaines à l’Université du Caire, qui accueille des spécialistes, des experts et des diplomates, et tous les concernés des affaires africaines, discutent pendant 2 jours successifs des grands sujets africains, des défis et des problèmes. Ils présentent leurs visions, leurs propositions sur les différentes crises qui frappent l’Afrique.
— Pouvez-vous nous en dire plus sur le bilan de l’UA dressé avec ces festivités ?
— Au début, l’OUA a été créée pour des raisons politiques afin d’aider à la libération des pays africains colonisés et de mettre fin aux différents conflits. Aujourd’hui dans la plupart des cas, c’est la pauvreté qui engendre les crises, les conflits et aussi l’instabilité. La pauvreté mène les gens à se révolter puisqu’ils ne trouvent pas les moyens de vivre. C’est pour cela que l’UA met à présent l’accent sur l’économie. Mais je voudrais dire aussi que l’argent n’est pas le seul moyen de développement, il faut des compétences, d’expérience et d’intelligence pour réussir. Il faut encourager la coopération et le commerce entre nous, en tant que pays africains, avant de chercher à commercer avec les autres pays. On possède des richesses et des moyens, mais il faut bien les exploiter.
En outre, on ne peut pas dire que le bilan est complètement positif, mais quand même, on a pu porter de grandes victoires grâce à l’union des Africains dans une seule organisation qui les présente. Et on peut citer l’exemple du Soudan qui était sur le point d’être déchiré, l’intervention de l’UA avec les Nations-Unies l’ont fait sortir de cette crise. Aussi, c’est le vote de la plupart des pays africains pour que la Palestine soit membre non permanent à l’Onu qui lui a donné cette victoire. On peut dire déjà que l’Afrique a trouvé sa voie. Mais les solutions demandent toujours du temps .
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