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Waël Fathi : Ces tombeaux ont prouvé que ce sont des Egyptiens qui ont bâti les pyramides

Nasma Réda, Jeudi, 21 décembre 2017

Waël Fathi, superviseur en chef des antiquités du plateau des pyramides, souligne l'importance de la découverte de la nécropole des ouvriers et ce qu'elle nous apprend sur les défunts. Entretien.

Waël Fathi
Waël Fathi, superviseur en chef des antiquités du plateau des pyramides.

Al-Ahram Hebdo : 27 ans après sa découverte, quelle est l’importance de l’ouverture au public du cimetière des bâtisseurs des pyramides ?

Waël Fathi : L’identité des constructeurs des pyramides a de tout temps préoccupé les archéologues. Depuis des décennies, plusieurs théories sont apparues. Certaines disaient que ce ne sont pas des Egyptiens, mais des esclaves ou des créatures extraterrestres qui ont bâti les pyramides. La découverte du cimetière et de la cité qui les entourent vient mettre un terme à l’incertitude. C’est d’ici que vient l’importance de cette nécropole, qui répond à toutes les questions qui étaient en suspens

. — Comment la découverte de la nécropole a-t-elle répondu à ces questions ?

— Les tombeaux ont prouvé de manière définitive que ce sont des ouvriers égyptiens et non pas d’autres nationalités qui ont construit les pyramides. Ils venaient des quatre coins du pays pour participer à ce travail, qu’ils considéraient comme un projet national. Et ils venaient de leur plein gré. Ainsi, ce site archéologique permet d’assurer que les constructeurs n’étaient pas des esclaves comme l’avaient suggéré quelques théories. S’ils avaient été des esclaves, il leur aurait été interdit de construire leurs propres tombes aussi près du plateau des pyramides. On a aussi pu identifier, grâce à cette découverte, leurs classes sociales : il y a des tombeaux édifiés en boue, d’autres en brique crue, encore d’autres en pierre. En plus, nous avons pu distinguer plusieurs types architecturaux, les uns étant simples, alors que d’autres ont une forme pyramidale.

— D’après les inscriptions et les objets trouvés, avez-vous pu identifier le nombre d’ouvriers, leur âge ou leur salaire ?

— A part la nécropole, nous avons mis au jour la cité, qui nous a donné des informations sur le mode de vie de ces gens et sur leur manière de réfléchir. Leur salaire était du pain, du poisson salé et de la bière. Et d’après les squelettes trouvés et conservés au Musée égyptien, nous avons pu déterminer leur âge, le sexe, etc. Les études menées nous ont aussi permis de faire une autre découverte intéressante : l’ouvrier qui se blessait ou tombait malade en travaillant était traité jusqu’à sa guérison.

— Quel but visez-vous avec l’ouverture du site au public ?

— C’est une bonne promotion pour le tourisme égyptien, et cela permettra au ministère des Antiquités de générer des recettes. En même temps, l’endroit continuera d’être restauré. Il est vrai que si ce site est important, il est aussi très délicat. C’est pourquoi la visite est limitée à trois tombeaux, et à 5 personnes à la fois. Je pense que cette mesure permettra de ménager le site.

— Le site de la nécropole est d’une grande importance archéologique, mais pensez-vous qu’il saura attirer les visiteurs ?

— Une semaine après l’inauguration du site (en novembre dernier, ndlr), le nombre de visiteurs avait dépassé la centaine, ce qui constitue un chiffre prometteur. Le site sera intégré à la carte des sites touristiques publiée par l’Office du tourisme, et nous espérons que cela fera venir plus de visiteurs.

— Maintenant que le site est ouvert au public, les travaux de fouille ont-ils été clos ?

— Nous les avons interrompus, mais les fouilles ne sont pas terminées. Le site est vaste. Mais jusqu’à présent, la décision de savoir quand nous allons reprendre les travaux n’a pas encore été prise.

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