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Magdi Abdel-Ghani : La génération de 1990 avait plus de chance que la génération actuelle

Amr Moheb, Mercredi, 29 novembre 2017

Magdi Abdel-Ghani, milieu de terrain des Pharaons à la Coupe du monde 1990 en Italie et membre du conseil d’administration de la fédération, revient sur les préparatifs de l’équipe nationale pour la Coupe du monde 2018 en Russie.

Magdi Abdel-Ghani
Magdi Abdel-Ghani

Al-Ahram Hebdo : Après 28 ans d’absence, l’équipe nationale de football s’est qualifiée pour la Coupe du monde …

Magdi Abdel-Ghani : C’est le résultat logique des grands efforts déployés par le staff technique de l’équipe sous la direction d’Hector Cuper. C’est aussi le fruit du grand soutien de la Fédération égyptienne de football présidée par l’ingénieur Hani Abou-Reida. La Fédération a fourni à l’équipe tout ce dont elle avait besoin depuis l’arrivée de Cuper. Le résultat est que l’Egypte possède en ce moment une équipe de football toute jeune qui regroupe des joueurs locaux et d’autres qui évoluent à l’étranger. Cette équipe a réussi non seulement à se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) après 7 ans d’absence, mais aussi à réaliser un parcours exceptionnel à la CAN et terminer à la 2e place après le Cameroun. Elle a réussi également à se qualifier pour la Coupe du monde après 28 ans d’absence et à une journée de la fin des qualifications. Cette équipe a réussi à placer l’Egypte, pendant plusieurs semaines, en tête des pays africains et arabes au classement mensuel de la FIFA. Elle a réussi aussi à monter de la 3e palette à la 2e au classement des pays de la FIFA. Sans doute c’est un exploit historique pour cette génération de joueurs ainsi que pour le staff technique, pour tous les membres de la Fédération égyptienne de football en général et pour moi-même en particulier.

— Et pourquoi pour vous en particulier ?

— Car la qualification de l’Egypte pour la Coupe du monde m’a offert un nouveau record personnel. Déjà, j’étais le premier footballeur africain et arabe à marquer un but à la fois en Coupe du monde et aux Jeux olympiques. J’étais le seul joueur égyptien à marquer un but en Coupe du monde 1990 et aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. J’étais également le premier joueur égyptien à évoluer au championnat portugais de football. Après la qualification de l’Egypte au Mondial 2018, je suis le premier footballeur égyptien qui participe à la qualification de l’Egypte pour la Coupe du monde en tant que joueur en 1989 puis en tant que membre du conseil d’administration de la Fédération en 2017.

— Parlons du dernier match de l’Egypte aux éliminatoires de la Coupe du monde contre le Ghana à Accra. Les Pharaons étaient déjà qualifiés et Cuper n’a pas aligné les vedettes de l’équipe comme Mohamad Salah ...

— Pourtant, nous n’avons pas perdu. L’équipe a fait un match nul 1-1 bien que Cuper n’ait pas joué avec son effectif complet. Il a préféré ne pas aligner les vedettes de l’équipe Mohamad Salah, Essam Al-Hadari, Ahmad Fathi et Ahmad Hégazi pour donner la chance à de nouveaux joueurs comme le défenseur Sam Morsi, l’attaquant Amr Mareï et le milieu de terrain Chikabala qui a marqué le but de l’Egypte. Ce n’était pas une surprise pour nous. Nous savions que Cuper allait jouer avec un tel effectif et nous avions confiance qu’il ne perdrait pas. La Fédération égyptienne de football fait confiance à Hector Cuper. C’est un bon entraîneur qui a réussi à qualifier l’Egypte à la Coupe d’Afrique des Nations et à la Coupe du monde après une longue absence. Cuper est un bon coach sur le plan technique et sur le plan personnel avec les joueurs.

— Vous étiez joueur au sein de l’équipe nationale à la Coupe du monde en Italie 1990. Quelle différence y a-t-il entre l’équipe nationale de 1990 et celle d’aujourd’hui ?

— Franchement, la génération qui a participé à la Coupe du monde en Italie 1990 avait plus de chance que la génération actuelle qui partira en Russie 2018. Il est clair que l’équipe nationale de 1990 avait plus de soutien et de support que l’équipe nationale actuelle. En 1990, l’Etat égyptien, avec toutes ses institutions, était derrière l’équipe. Réaliser de bons résultats au Mondial était un but national en ce moment. La Fédération égyptienne de football avait annulé le championnat de la saison 1989-1990 pour éviter les blessures et la fatigue des joueurs et pour ne pas perturber le programme de préparation de l’équipe. L’Egypte a même participé à la CAN 1990 en Algérie avec l’équipe olympique, pour que les joueurs de l’équipe nationale puissent se concentrer sur leur préparation. Cette saison, le Championnat 2017-2018 et la Coupe d’Egypte prendront fin juste avant le début de la Coupe du monde, alors les joueurs locaux de la sélection n’auront pas assez de temps pour se reposer avant le Mondial. Il ne faut pas oublier que depuis 3 ans, la période qui séparait la fin d’une saison du début de la suivante était très réduite, ce qui veut dire que les saisons sont presque collées les unes aux autres. Il n’y a pas assez de temps entre les saisons pour que les joueurs puissent récupérer. Il est très important de bien se préparer pour la Coupe du monde et de mettre à côté toute autre compétition. La preuve est que la Confédération Africaine de Football (CAF) a décidé de reporter les éliminatoires de la CAN qui devaient commencer en mars 2018 et de les remettre après la fin de la Coupe du monde, pour que les 5 pays africains qualifiés (ndlr : Egypte, Nigeria, Sénégal, Maroc et Tunisie) puissent se préparer et jouer plus de matchs amicaux avant le Mondial.

— Le Nigeria vient de battre l’Argentine dans un match amical 4-2, une très bonne préparation pour les Super Eagles. L’Egypte disputera-t-elle aussi des matchs de préparation de haut niveau avant le début de la Coupe du monde ?

Football

— Oui. Déjà la Suède a demandé de jouer contre l’Egypte en mars prochain. Comme vous le savez, la Suède est une bonne équipe qui vient d’éliminer l’Italie aux qualifications européennes de la Coupe du monde. Mais franchement, l’équipe nationale qualifiée pour la Coupe du monde 1990 a joué beaucoup plus de matchs amicaux que ceux que l’équipe nationale actuelle va jouer. En 1990, l’équipe nationale avait joué 20 matchs amicaux avant de jouer la Coupe du monde. J’étais le milieu de terrain de cette équipe et je me rappelle très bien que nous avons joué des matchs contre plusieurs pays de niveau technique très élevé. Nous avons joué à domicile et à l’extérieur. C’est pourquoi nous avons fait de bons résultats bien que notre groupe n’ait pas été facile. Nous avions dans notre groupe les Pays-Bas, champions d’Europe 1988, l’Angleterre et l’Irlande. Nous avons fait match nul contre les Hollandais et les Irlandais et nous n’avons perdu qu’un seul match contre l’Angleterre sur le score de 0-1. C’était grâce à la bonne préparation de cette équipe sous la direction du coach Mahmoud Al-Gohari. L’équipe nationale actuelle n’a pas ce privilège. Etant donné que les règlements des matchs amicaux ont changé, il faut attendre les jours réservés aux matchs amicaux par la FIFA (FIFA Day) pour jouer les matchs amicaux. Alors d’ici jusqu’au début de la Coupe du monde, l’équipe disputera entre 5 et 6 matchs amicaux au maximum, ce qui n’est pas suffisant à mon avis.

— En tant que membre du conseil d’administration de la Fédération égyptienne de football, pouvez-vous nous dévoiler le budget alloué aux préparations de la Coupe du monde ?

— Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de budget fixe, car nous n’avons pas encore approuvé le programme final de préparation de l’équipe. La FIFA a déjà transféré à la Fédération égyptienne de football 1,5 million de dollars après sa qualification pour la Coupe du monde. Cette somme sera mise à la disposition du programme de préparation de l’équipe. Mais nous ne savons pas encore contre quelles équipes nous allons jouer. Il faut attendre le résultat du tirage au sort, qui aura lieu vendredi 1er décembre au palais de l’Etat du Kremlin, à Moscou. Les 32 pays qualifiés seront divisés en 4 palettes de 8 équipes. L’Egypte est dans la troisième palette. En fonction des équipes qui seront avec nous dans le groupe, le staff technique pourra décider contre quelles équipes et quelles écoles de football il préfère jouer les matchs de préparation. Espérons que le tirage au sort sera favorable à l’Egypte et que les équipes de notre groupe ne seront pas très forts.

— Etant donné que l’équipe nationale actuelle n’a pas la même préparation que celle de 1990 qui avait été éliminée au premier tour, pensez-vous donc que les chances de qualification des Pharaons au deuxième tour en Russie 2018 ne soient pas très grandes ?

— Non … pas du tout ! J’ai dit que l’équipe de 1990 était mieux préparée que l’équipe actuelle, mais cela ne veut pas dire que l’équipe actuelle n’est pas capable de faire de bons résultats en Coupe du monde. Nous avons un bon staff technique et une bonne génération de joueurs, qu’il s’agisse de ceux qui évoluent à l’étranger comme Mohamad Salah, Mohamad Al-Nenni, Mahmoud Trezeguet et Ramadan Sobhi, ou ceux qui évoluent au championnat égyptien tels Abdallah Al-Saïd, Ahmad Fathi, Tareq Hamed et Rami Rabia. Cette équipe est capable d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du football égyptien en réalisant un exploit en Coupe du monde 2018. Nous prions tous pour que l’équipe égyptienne fasse un parcours satisfaisant en Russie.

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