Al-Ahram Hebdo : Que représente pour vous cet hommage que vous a rendu le Festival de Gouna, quelques semaines après votre hommage aux Journées cinématographiques de Carthage ?
Adel Imam : Une grande joie. J’ai été honoré un peu partout, mais c’est la première fois que je vis des émotions aussi intenses, car ce sont mes amis et collègues, cinéastes égyptiens, qui me rendaient hommage. Cela réchauffe le coeur, car c’est une reconnaissance, une appréciation, qui m’est montrée de mon vivant.
— Est-ce que c’est une occasion pour vous de passer en revue votre carrière ?
— Une occasion de contempler mon parcours, pour en tirer profit, sans me vanter de mes oeuvres, car je n’aime pas revoir mes films. Je ne suis jamais satisfait ; c’est normal pour la majorité des artistes. Je regarde les rushes qui m’aident à poursuivre mon travail, mais je n’ai jamais aimé me voir à l’écran, même quand j’étais beaucoup plus jeune. L’essentiel est de profiter de chaque hommage pour se regarder en face et faire mieux, et non pas pour célébrer ce qui a été déjà accompli. C’est mon conseil aux jeunes artistes.
— Est-ce que votre regard sur le métier a changé ?
— Non, c’est le métier qui a changé ! Et avec les réussites successives, les beaux rôles sont plus difficiles à trouver. On a parfois affaire à des oeuvres à grand succès mais sans saveur, d’autres succès viennent facilement, offrant la célébrité à des jeunes, après deux ou trois oeuvres seulement, alors qu’autrefois, pour réussir il fallait travailler énormément et prouver — à chaque fois — son talent et sa persévérance. Aujourd’hui, plusieurs autres facteurs entrent en jeu comme les chaînes satellites et Internet. Un vrai talent est avant tout un don de Dieu, c’est grâce à ce talent que tout artiste peut réussir, et c’est lui qui vous mène — en avançant dans l’âge — aux pistes des hommages et à l’amour ou l’estime du public .
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