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Amr Qandil : Des efforts considérables sont déployés par l’Etat pour améliorer les services de santé

Howaïda Salah, Jeudi, 27 juillet 2017

Amr Qandil, directeur du secteur de la médecine préventive au ministère de la Santé, revient sur les efforts déployés par le ministère pour améliorer le secteur de la santé en Egypte, notamment
avec l’augmentation du coût de la vie.

Amr Qandil : Des efforts considérables sont déployés par l’Etat pour améliorer les services de santé
Amr Qandil : Des efforts considérables sont déployés par l’Etat pour améliorer les services de santé

Al-Ahram hebdo : Le gouvernement n’a pas pu freiner la hausse des prix des médicaments qui ont connu une envolée, et cela représente un énorme fardeau pour les citoyens. On parle d’une nouvelle hausse au mois d’août ...

Amr Qandil : Nous savons que les conditions économiques actuelles sont dures pour les citoyens. La livre égyptienne a perdu 50 % de sa valeur face au billet vert. Les compagnies phar­maceutiques voulaient élever les prix des médi­caments à cause de la hausse du dollar, ce qui nous a poussés à régler la situation en augmen­tant les prix de 15 à 20 %. Or, les entreprises pharmaceutiques ont exigé du parlement une hausse plus importante, car les matières néces­saires à la production sont importées. Le prési­dent Sissi a demandé la tenue de négociations entre le ministère et les pharmaciens en vue d’augmenter les stocks et d’établir des prix rai­sonnables. Par ailleurs, les prix des médicaments utilisés dans le traitement des maladies chro­niques ne seront pas modifiés. Lors de son assemblée générale, le syndicat des Pharmaciens a approuvé la proposition de la commission de la santé au parlement, qui consiste à réduire tempo­rairement la marge bénéficiaire des médicaments locaux à 23 % et celle des produits importés à 15 %. L’Egypte importe 10 % de ses médicaments, dont principalement l’insuline, ainsi que des médi­caments contre le cancer, les maladies du sang, les maladies neuro-dégénératives et les maladies du système immunitaire. Quant aux 90 % restants, ils sont fabriqués en Egypte, mais 95 % des matières premières, même celles des emballages, sont importées. Nous avons 160 usines pharmaceu­tiques dans le pays, qui importent des médica­ments et des matières brutes à hauteur de 3 mil­liards de dollars et réexportent des produits finis à hauteur de 400 millions de dollars seulement. Il n’y aura pas de nouvelles hausses des prix des médicaments en août comme affirment certaines rumeurs.

— Les médicaments de certaines maladies chroniques, comme le diabète ou le cancer, sont introuvables. Qu’en pensez-vous ?

— La pénurie de certains médicaments est due au fait que quelques distributeurs n’obtiennent pas la hausse des prix qu’ils réclament. Mais nous travaillons durement pour éliminer les obstacles. Les stocks actuels sont de près de 4 millions de recharges d’insuline, ce qui suffit pour couvrir les besoins pour 7 mois.

Certains médicaments importés coûtent très cher, mais il est possible d’obtenir la substance active à un prix inférieur. Pour que cette solution soit efficace, il faut vendre ces médicaments en affichant seulement le nom de la substance active, afin d’empêcher les médecins et les compagnies pharmaceutiques de forcer le choix de tel ou tel médicament. La seule solution consiste à soutenir l’indus­trie pharmaceutique, ainsi que la recherche et le développement dans le domaine pharmaceutique. De cette façon, les compagnies publiques pourront produire la majorité des médicaments. Nous travaillons d’arrache-pied pour par­venir à un équilibre entre la disponi­bilité de ces médicaments et la hausse du dollar.

La campagne lancée dans le cadre de la lutte contre l’hépatite C a eu un vif succès, et l’OMS a salué l’expérience de l’Egypte en la matière. Combien de patients ont-ils été traités ?

Amr Qandil : Des efforts considérables sont déployés par l’Etat pour améliorer les services de santé

— Le Sovaldi a permis de guérir un million et 100 000 citoyens du virus de l’hépatite C, ceci grâce à la mise en place d’un plan qui vise à éradi­quer le virus C en Egypte et à la participation des institutions de la société civile.

Près de 1,6 million de citoyens ont bénéficié du traitement contre l’hépatite C en Egypte. 1,1 mil­lion d’entre eux ont été guéris, soit une majorité.

Dans d’autres pays comme l’Angleterre, seules 5 000 personnes ont reçu un remède contre le virus, tandis qu’en France, 20 000 personnes ont été traitées. Pourquoi un si petit nombre ? Parce que le traitement de l’hépatite C coûte plus cher dans ces pays qu’en Egypte. Dans un pays comme la Roumanie, les coûts sont extrêmement élevés. En Egypte, le médicament est produit localement.

— Quels sont les prochains plans du minis­tère de la Santé pour éradiquer le virus de l’hépatite C ?

— Le ministère poursuit actuellement une straté­gie consistant à recenser les personnes contami­nées dans les différents gouvernorats, afin de leur offrir un traitement approprié. La première phase de cette stratégie vise les personnes travaillant dans le secteur de la santé, ainsi que les étudiants, les prisonniers et les patients dans les hôpitaux. La sensibilisation continue et l’hygiène sont les deux principaux facteurs permettant d’éviter la contami­nation par le virus.

Le trafic des organes est un gros problème. Récemment, un réseau a été démantelé. Que fait le ministère pour lutter contre ce phénomène ?

— Le ministère de la Santé a pris des mesures très fermes. Nous avons fermé les hôpitaux et arrêté les médecins impliqués dans cette affaire. L’article 60 de la Constitution égyptienne de 2014 interdit formellement le trafic des organes. La loi égyptienne incrimine ce trafic d’organes.

— On parle d’une épidémie de choléra au Soudan et au Yémen. Que fait le ministère pour éviter une éventuelle transmission de la maladie en Egypte ?

— Suite à l’épidémie de choléra au Soudan, les passagers en provenance de ce pays ont com­mencé à faire l’objet d’un examen à l’aéroport du Caire, dans le but de détecter les symptômes. Des mesures similaires avaient déjà été prises pour les passagers arrivant du Yémen. On a par ailleurs augmenté le nombre de médecins et de surveillants de la santé dans la salle d’arrivée de l’aéroport. En cas de soupçon, la personne concernée est isolée et envoyée à l hôpital des maladies fiévreuses. Quant aux passagers exempts de symptômes, les données les concer­nant sont enregistrées, afin qu’ils puissent être suivis par les autorités sanitaires.

— Quand le projet de loi sur l’assurance maladie verra-t-il le jour ?

— Le projet de loi sur l’assurance maladie a été finalisé et envoyé au Conseil d’Etat pour être exa­miné. L’idée de la loi est que le gouvernement couvre intégralement les frais de traitement des citoyens pauvres et incapables de payer, qui repré­sentent 30 à 40 % de la population. L’article 18 de la Constitution égyptienne stipule, en effet, que tout citoyen a droit aux soins médicaux. La nou­velle loi prévoit par ailleurs l’amélioration de la qualité des services de santé. Le ministère de la Solidarité sociale sera chargé de recenser les patients qui peuvent prétendre aux soins médicaux gratuits. Nous avons commencé à étudier le nombre de personnes qui seront couvertes par cette loi. Le projet doit être mis en place graduellement, et on commencera par la région du Canal de Suez. Dans son budget de l’année financière 2016-2017, le gouvernement a alloué 53,3 milliards de L.E. aux dépenses de santé, ce qui représente 5,7 % des dépenses publiques, soit 1,6 % du PIB.

— La situation dans les hôpitaux publics est désastreuse et beaucoup de citoyens se plai­gnent de la mauvaise qualité des services. Qu’en pensez-vous ?

— Nous avons alloué 8 milliards de L.E. pour la modernisation des hôpitaux et des établissements médicaux au cours des deux prochaines années. 374 hôpitaux, répartis dans plusieurs gouverno­rats, sont en cours de rénovation en vue d’un fonctionnement plus efficace. Au cours d’une visite, le président égyptien a inauguré le nouvel hôpital public d’Assouan, qui compte 15 cliniques externes. Comptant six étages, l’hôpital a coûté près de 140 millions de L.E., en plus des 155 millions dépensés pour l’équipement. Des efforts considérables sont déployés par l’Etat pour améliorer les services de santé.

— Certains citoyens se plai­gnent du retard des ambulances sur les lieux d’accidents ...

— L’Etat déploie des efforts pour améliorer la qualité de ce service. 300 nouvelles ambulances ont été mises en service dans les différents gouvernorats, afin d’at­teindre le taux global d’une voi­ture tous les 25 ou 30 kilomètres et faire face à l’augmentation des situations d’urgence. Ces voitures ont coûté 221 millions de L.E.

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