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Sahar Nasr : Répondre aux besoins de la population est une priorité

Névine Kamel, Lundi, 12 octobre 2015

Sahar Nasr, ministre égyptienne de la Coopération internationale, a décroché à Lima (Pérou) divers accords de coopération avec différentes institutions financières. Entretien.

Sahar Nasr, ministre égyptienne de la Coopération internationale
Sahar Nasr, ministre égyptienne de la Coopération internationale

Al-Ahram Hebdo : Le gou­vernement égyptien a tenu à assister aux réu­nions d’automne du groupe Banque Mondiale et du Fonds monétaire international au Pérou. Pourquoi ?

Sahar Nasr : Les réunions cette année ont eu lieu à un moment critique pour l’économie mondiale et pour l’Egypte. Celle-ci devait transmettre un message de confiance au monde et mettre en relief ses réalisations. Il nous faut, au cours de la prochaine période, préciser les priorités de l’économie égyptienne et ses besoins pour avancer à pas rapides. Nous avons réussi cette tâche au Pérou. Nous avons tenu plusieurs réunions avec de nombreuses institutions interna­tionales et, entre autres la Banque africaine pour le développement, les Banques islamique, euro­péenne, mondiale. Nous avons pré­senté nos projets prioritaires et les avons invitées, en tant que parte­naires du développement, à contri­buer au financement de ces projets.

— Avez-vous signé des accords en marge des réunions ?

— Oui. Le ministère de la Coopération internationale a réussi à conclure un accord très important avec le Fonds africain, dépendant de la Banque africaine pour le déve­loppement, en vue du financement de la troisième phase de l’aéroport de Charm Al-Cheikh. Le montant de cet accord est 50 millions de dollars afin de finaliser le projet le plus rapidement possible. Ce crédit est le premier de la banque à l’Egypte depuis 2010. Le coût total du projet est de 610 millions de dollars. La Banque africaine y par­ticipe à hauteur de 90 millions de dollars, et il a été signé au mois de mai dernier. Le Fonds africain y participe avec les 50 millions de l'accord conclu cette semaine, alors que la Banque islamique pour le développement contribue avec deux crédits déjà signés d’un total de 457 millions de dollars. L’entreprise égyptienne des aéroports assume le reste du financement avec ses propres ressources .

— Quelle est l’importance de ce projet ?

— Ce projet vise à accroître la capacité de l’aéroport de Charm Al-Cheikh et moderniser son infrastructure afin d’améliorer le transport aérien du pays pour mul­tiplier les revenus du tourisme avec la construction d’un nouveau terminal international d’une capa­cité de 18 millions de voyageurs par an. Nous visons, au cours de la prochaine période, des projets de services car répondre aux besoins de l’économie et de la population est une priorité.

— Pourquoi la Banque afri­caine s’est-elle abstenue d’accor­der des crédits à l’Egypte ?

— L’Egypte, la Tunisie et le Maroc s’emparent de plus de la moitié du portefeuille de la banque. Alors que les 51 autres pays de la région se divisent les 50 % res­tants. La banque devait créer un équilibre. De même, depuis la révolution du 25 janvier 2011, l’Egypte souffrait de turbulences politiques, et la banque craignait donc une baisse de sa notation au moment d’octroyer un prêt à un pays jugé à risques. Maintenant, l’économie a commencé à se redresser, le taux de croissance a enregistré une hausse et la coopé­ration avec la banque se poursui­vra. Nous nous sommes mis d’ac­cord pour un prêt de 450 millions de dollars en 2015.

— Et où en est le projet de création d’un fonds commun par les pays arabes ?

— Il y a eu des consultations concernant la création d’un tel fonds avec les pays arabes. Nous parlons des conflits politiques, des réfugiés ou des problèmes et défis internes. Car le portefeuille des institutions internationales ne suf­fit pas au financement des nécessi­tés de la région. Nous avons donc pensé à créer un financement des ressources internes de la région au lieu de compter sur le financement extérieur. Les pays arabes ont tous salué l’initiative, et nous commen­cerons tout de suite à former le conseil administratif du fonds. L’Egypte a l’intention de jouer un rôle primordial dans ce fonds.

— Qu’en est-il de la gestion de ce fonds et d’où viennent les res­sources ?

— Les Nations-Unies, la Banque mondiale, l’IFC et la Banque isla­mique pour le développement diri­geront la création de ce fonds. Le conseil d’administration regroupe­ra des représentants de tous les pays. Et pour ce qui est des res­sources, elles dépendront des contributions des différents pays membres.

— Le ministère oeuvre-t-il à obtenir d’autres accords de financement ?

— Le ministère a signé récem­ment deux accords avec la Banque mondiale. Le premier concerne les projets d’habitat des classes défavo­risées, d’une valeur de 500 millions de dollars. Et le deuxième, signé depuis trois jours, pour financer les projets de drainage sanitaire, d’une valeur de 550 millions de dollars. Nous commencerons à exécuter ces deux projets le mois prochain.

— Le ministère fait-il actuelle­ment la promotion d’autres pro­jets ?

— Oui. Des missions en Egypte examinent des projets avec les ministères de l’Agriculture et de l’irrigation. De même, il existe des projets dans les zones industrielles avec le ministère de l’Industrie et du Commerce extérieur, ainsi qu’une liste de projets de services.

— Quelles sont les institutions financières auxquelles s’adresse le ministère ?

— Le ministère s’adresse à toutes les institutions internationales, sans exception. Nous visons un nouveau mécanisme au cours de la prochaine période. Le ministère précisera ses projets prioritaires et les exposera ensuite aux institutions financières puis choisira la meilleure offre. Nous parlons ici des offres finan­cières, mais aussi de la qualité des services, des délais de mise en exé­cution du projet et de la compétence de l’institution présentée dans les différents domaines. Le fait de s’adresser à toutes les institutions financières créera une concurrence et nous permettra d’avoir une meilleure offre.

— Vous avez rencontré, en marge des réunions, des respon­sables de fonds de financement et de banques arabes. Avez-vous signé un accord avec l’une de ces institutions ?

— J’ai rencontré des représen­tants de la Banque islamique émira­tie pour le développement, du Fonds saoudien, et du Fonds koweïtien. Mais les rencontres se sont limitées à présenter les récentes réalisations de l’économie égyptienne. C’était ma première rencontre avec ces ins­titutions depuis ma nomination. J’ai présenté l’agenda de l’économie égyptienne, et ils ont indiqué un intérêt à contribuer au financement.

— Quelle est la valeur totale des aides prévues en 2015 ?

— Je ne suis pas encore en mesure de préciser un tel chiffre, mais je peux confirmer que la valeur des aides enregistra une hausse marquante.

— Quels sont les projets prio­ritaires de votre ministère ?

— Les projets de services, d’in­frastructure, de drainage sanitaire, de santé, et les projets qui présen­tent des offres d’emplois, ceux dans les zones pauvre, ainsi que les pro­jets nationaux sont notre priorité. Nous visons à améliorer les services reçus par le citoyen au cours de la prochaine période. Nous visons un développement complémentaire, il est inutile par exemple de voir se concentrer une dizaine de projets dans un seul gouvernorat. La nou­velle stratégie du ministère vise la distribution des services.

— Qu’en est-il de la prochaine stratégie du ministère ?

— La stratégie du ministère se compose de trois piliers principaux. Le premier c’est le choix. C’est-à-dire le choix de l’intérêt du pays. Il s’agit d’exécuter les projets du pays et d’apporter les services aux citoyens à travers les ressources les plus raisonnables. Il existe beaucoup d’institutions financières arabes, internationales et régionales, et cha­cune possède une compétence dans l’un des domaines. Il s’agit simple­ment de faire le meilleur choix. Quant au second pilier, il s’agit d’ac­tiver le plus vite possible les crédits que nous obtenons. Pour le troisième pilier, il s’agit de mettre en relief les réalisations du gouvernement. Chacun des ministères achèvera des réalisations importantes, mais sépa­rément, comme la loi des zones industriels, la loi unifiée de l’inves­tissement, etc. Une telle isolation entre les ministères limite les effets positifs. C’est ainsi que le ministère a décidé de jouer le rôle de coordina­teur entre les différents ministères afin de formuler une vision précise et globale. Nous parlons là d’un plan ambitieux mais réaliste.

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