Al-Ahram Hebdo : Les deux sociétés de conseil européennes chargées des études relatives à l’impact du barrage éthiopien n’ont pas encore commencé leur travail ...
Mohamad Nasr Allam : Les études n’ont pas encore commencé, car aucun contrat n’a été signé jusqu’à maintenant. Ces deux sociétés devaient présenter leur offre technique mercredi dernier au comité tripartite. Ces offres doivent être considérées par les trois pays concernés lors d’une réunion à Addis-Abeba le 20 août. Une fois les trois pays sont d’accord, le contrat sera signé.
— Quelle est l’étape suivante ? Et quelles sont les questions sur lesquelles travailleront ces deux sociétés ?
— Il s’agit de deux études. La première concerne les impacts hydrauliques et hydroélectriques du barrage sur les pays en aval. La seconde concerne les effets environnementaux, économiques et sociaux sur les trois pays. Les démarches pour conclure un contrat avec ces deux sociétés sont au point mort, vu que l’offre technique conjointe n’a pas été présentée jusqu’à présent, alors que la date butoir a expiré.
Et on ne sait pas encore si l’offre sera présentée ou si les deux compagnies vont se désister. La difficulté réside dans la répartitions des tâches, sachant que la société française est censée s’occuper de 75 % du travail. Les trois pays concernés se sont contentés de déterminer le taux de participation de chaque société leur laissant le soin de se répartir les tâches. Dans cette situation, trois scénarios sont possibles : Les deux sociétés se désistent, ou la société française finit par faire, seule, le travail, ou alors les deux compagnies parviennent à un plan de travail conjoint.
— Si c’est le troisième scénario qui se concrétise, cela réglera-t-il les problèmes qui entravent la réalisation de ces études ?
— Il y aura des désaccords surtout autour de deux points. L’Egypte veut inclure la taille du barrage dans ces études, afin qu’elle soit sujette à des modifications, ce que refusent l’Ethiopie et le Soudan. Le second point est relatif aux détails nécessaires pour mener à bien les études économiques et sociales. Or, ces données relèvent souvent de la sécurité nationale de l’Egypte.
— Quelle est la date convenue pour terminer les études, surtout que la réunion de juillet n’a pas pu parvenir à un accord là-dessus ?
— Le ministre parle de onze mois, mais à mon avis, ces études prendront au moins deux ans. Je m’attends à un retard dans la communication des informations requises de la part des trois pays. Il y aura aussi les procédures d’évaluation des résultats de ces études, avec des désaccords plus que probables sur leur interprétation.
Selon la feuille de route, un expert international assurera dans ce cas un arbitrage. Ces procédures et négociations peuvent s’étendre jusqu’en 2018. Entre-temps, l’Ethiopie aura terminé le premier remplissage du barrage, et les études seraient donc sans valeur.
— Et qu’est-ce que vous proposez comme alternative ?
— L’Egypte doit tout d’abord exiger l’arrêt de la construction du barrage à 120 mètres de hauteur ou un peu plus, de façon à ce que sa capacité soit réduite de 50 %. Effectivement, les études internationales et égyptiennes ont montré qu’un barrage plus petit peut générer la même quantité d’électricité pour l’Ethiopie. Mais s’il s’avère que le fonctionnement du barrage à mi-capacité porte préjudice à l’Ethiopie. L’Egypte peut dans ce cas proposer des indemnisations. Si les études montrent que le barrage sera nuisible pour l’Egypte, ce qui est sûr, l’Egypte doit aussi exiger le respect des politiques de stockage et de fonctionnement qui permettent de diminuer ces dégâts. Dans une phase ultérieure, des négociations autour de la poursuite de la construction du barrage pourront se poursuivre .
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