Le rapport Global Soft Power Index 2023, récemment publié par Brand Finance, un cabinet indépendant d’évaluation et de conseil en stratégie qui s’appuie sur les témoignages de dizaines de milliers de personnes, révèle que l’Egypte est en tête de liste des pays africains en termes d’influence et d’acceptabilité de son soft power. Le rapport mesure la capacité des pays à influencer et à attirer d’autres peuples et pays par des moyens culturels, politiques et économiques.
C’est en 1990 que Joseph J. Nye a introduit le terme de soft power pour la première fois, le décrivant comme un moyen alternatif de la politique étrangère pour les pays de gagner le soutien d’autres pays, contrairement à la puissance traditionnelle, qui est associée à l’utilisation de moyens militaires et économiques comme principal moyen d’atteindre leurs objectifs. Le « Soft Power Index » est basé sur un programme de recherche très étendu et analyse les réponses de plus de 110 000 individus et institutions à travers le monde qui sont interrogés dans les différents critères de l’indice : familiarité, réputation, influence, culture et patrimoine, relations internationales, gouvernance, affaires et commerce, médias et communication, éducation et science, avenir durable. L’évaluation de l’indice dépend donc d’un ensemble complexe de critères. C’est ainsi que la liste des dix premiers pays africains de l’indice, à savoir l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Maroc, les Maldives, l’Île Maurice, la Tunisie, le Rwanda, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Ghana est quelque peu inattendue ? A l’exception des trois premiers.
Le Global Soft Power Index 2023 présente une lecture importante de la diversité des éléments du soft power sur le continent africain entre culture, patrimoine et influence diplomatique (comme l’Egypte), secteurs économiques avancés selon les normes internationales (comme l’Afrique du Sud), ou développement important dans le secteur des énergies renouvelables, qui représente l’un des plus grands intérêts mondiaux (comme le Maroc) … Tout ceci représente une autre preuve de la riche diversité que présentent les pays du continent africain, ainsi que de leur capacité de réaliser des progrès importants sur l’indice mondial de soft power au cours des prochaines années, de fournir divers domaines d’échange d’expériences et de renforcer les projets d’intégration économique et politique entre les pays du continent.
L’Egypte est en tête de liste
L’Egypte occupe la tête de liste du classement des pays africains avec la 38e place mondiale. Elle est également le seul pays africain qui figure dans les principales évaluations de l’indice, soit l’impact culturel, en venant après la Grèce en ce qui concerne la richesse du patrimoine (suivie par l’Italie) et les moteurs mondiaux de la réputation, car sa puissance douce est fortement présente en ce qui concerne la durabilité dans les secteurs du tourisme et de l’investissement, dans le commerce et l’efficacité, ainsi que dans la diplomatie. De plus, la présence de l’Egypte est évidente dans la diplomatie internationale et régionale. Ce qui lui a valu d’accueillir d’importantes conférences telles que la COP27 à Charm Al-Cheikh. La position de l’Egypte dans l’indice a aussi été renforcée par le fait qu’elle est le premier pays du continent à contribuer à la diplomatie active dans diverses affaires internationales, ainsi que son émergence en tant qu’acteur international et régional important dans de nombreux dossiers mondiaux, tels que le climat, la lutte contre le terrorisme et la coopération économique internationale et régionale. Sans oublier qu’elle possède un énorme héritage historique qui maintient fortement son soft power à l’échelle mondiale. De plus, l’Egypte est en tête du classement africain dans les critères du cinéma, de la production des films, du tourisme et des cultures étrangères, et enregistre de bonnes performances sur les normes de technologie, d’affaires internationales, de rôle religieux, de science, de théâtre, d’opéra et de ballet.
L’Afrique du Sud, le pays le plus avancé industriellement
L’Afrique du Sud est passée du 34e rang dans le rapport précédent au 40e derrière l’Egypte au niveau de l’Afrique. Cependant, l’Afrique du Sud reste le plus important de l’Afrique dans l’indice grâce à ses secteurs miniers, industriels et agricoles très solides comparables à ceux des pays développés. L’évaluation a également montré que l’Afrique du Sud était le pays d’Afrique subsaharienne le plus avancé industriellement, le pays conservant des entreprises publiques qui gèrent l’électricité, les routes, les ports et les services postaux tout en prenant en compte les dimensions sociales, afin de protéger les citoyens des chocs de la hausse des prix des services. Cependant, la baisse du classement de l’Afrique du Sud était due aux problèmes du marché du travail, aux taux élevés de pauvreté et d’inégalité économique, ainsi qu’aux problèmes de sécurité avec des taux de criminalité et des niveaux d’inflation élevés, ce qui a entraîné la baisse des principaux indices de l’Afrique du Sud, à l’exception de la culture et du patrimoine. Sa place est renforcée par le fait qu’elle représente l’un des principaux pays du monde qui devrait connaître une forte croissance, selon le critère du « Potentiel de croissance future » (Future Growth Potential) où elle est classée 5e au rang mondial et première en Afrique.
La position de l’Afrique du Sud est largement renforcée par ses accomplissements dans les domaines du sport, du commerce, des affaires, de la diplomatie et des affaires internationales en 2022.
Le Maroc, pionnier des énergies renouvelables
Le Maroc vient à la 3e place au niveau de l’Afrique. Sa classification est basée sur un ensemble d’avantages comparatifs, notamment le fait qu’il fournit des solutions bas carbone qui en font l’un des pays les plus compétitifs au monde dans ce domaine. Le Maroc est pionnier dans le secteur des énergies renouvelables sur le continent africain, en construisant l’un des plus grands parcs solaires au monde, qui porte le nom de Nour, alors que la part des énergies renouvelables dans son équation énergétique est de 37 % et devrait atteindre 52 % d’ici 2030. Le Maroc possède également l’un des ports les plus avancés au monde, Tanger Med Port, classé 23e au monde, et Rabat a signé des accords de libre-échange avec plus de 50 pays, renforçant ainsi sa position de puissance commerciale dans le monde et en Afrique. En plus de l’initiative du roi Mohammed V du Maroc pour des réformes politiques qui assurent plus de stabilité au Maroc et approfondissent l’engagement du gouvernement en faveur du développement économique, humain et démocratique selon ce que l’on appelle le nouveau modèle de développement.
Le Maroc a également l’un des taux les plus élevés au monde en matière d’investissement public (représentant les deux tiers du total des investissements), contribuant ainsi à un soutien durable aux infrastructures et à la transformation industrielle du pays.
Le Kenya, le soft power culturel
Le Kenya est classé 100e dans l’indice, enregistrant une baisse significative par rapport à la version précédente. Le soft power du Kenya vient de l’histoire, la culture, les ressources naturelles, le patrimoine chantant et artistique de haut niveau et ses contributions à la paix et à la stabilité régionales, sans oublier sa nature pittoresque et sa faune intacte difficile à reproduire ailleurs dans le monde. Ce qui en fait une destination touristique très importante dans le monde. La position du Kenya dans l’indice a également été renforcée par l’adoption, par son gouvernement, de plusieurs politiques économiques visant à créer des environnements favorables à l’emploi, telles que la création de zones économiques spécialisées et la simplification du processus d’enregistrement des sociétés. Le Kenya a également atteint une place importante dans les prévisions de croissance économique pour la prochaine décennie, selon plusieurs statistiques officielles.
Le Kenya conserve également sa position sur l’indice de soft power grâce à sa diversité, qui est l’un des éléments qui renforcent son influence et ses intérêts mondiaux, alors que Nairobi reconnaît la nécessité d’en faire plus dans ce domaine.
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