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L’Afrique et les industries de technologie

Nada Al-Hagrassy , Lundi, 25 septembre 2023

La Conférence des Nations-Unies pour le Commerce Et le Développement (CNUCED) vient de publier un rapport sur les avantages de l’intégration de l’Afrique aux chaînes d’approvisionnement mondiales à haute intensité technologique.

L’Afrique et les industries de technologie

Forte de l’abondance de ses ressources naturelles et d’un marché de consommation en pleine expansion, l’Afrique peut devenir une destination manufacturière de premier plan pour les industries à forte intensité technologique et un maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement mondiales. Tel est le message-clé du rapport publié récemment par la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce Et le Développement (CNUCED). Intitulé « Les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique : le potentiel de l’Afrique », ce rapport souligne « qu’une intégration plus poussée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales permettrait de diversifier les économies africaines et de renforcer leur résistance aux chocs futurs ». Il note que la création d’un environnement propice aux industries à forte intensité technologique permettrait une augmentation des salaires sur le continent, actuellement fixés à un minimum de 220 dollars par mois, contre une moyenne de 668 dollars dans les Amériques.

En fait, l’Afrique est assez peu représentée, par rapport à d’autres régions, dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, mais elle subit de manière disproportionnée les conséquences économiques de leur désorganisation. « Ces dernières années, les chaînes d’approvisionnement mondiales ont été mises à rude épreuve. Des perturbations sans précédent des échanges commerciaux, un contexte économique incertain, des troubles géopolitiques et des catastrophes naturelles les ont désorganisées à tel point que producteurs, distributeurs, expéditeurs et autres acteurs de la production et de la commercialisation de biens ont été amenés à réfléchir à la manière de les rendre plus résilientes », note le rapport.

L’adaptation de l’économie mondiale aux changements climatiques suppose que les procédés de production évoluent et fassent appel à de nouveaux intrants. Cela devrait profiter aux technologies sobres en carbone et entraîner une hausse de la demande des métaux qui présentent un intérêt pour la transition énergétique et la mobilité verte, comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le lithium et le manganèse. Ces métaux, en particulier ceux qui sont nécessaires à la transition énergétique, sont présents en abondance en Afrique. On y recense 48,1 % des réserves mondiales de cobalt et 47,6 % des réserves mondiales de manganèse. On y trouve aussi d’autres métaux et minéraux déterminants pour la transition énergétique, tels que l’argent, le chrome, le graphite naturel, le lithium, le nickel, le niobium, le tellure, le titane et les terres rares. Cependant, il existe certaines lacunes du côté africain qui entravent une plus grande intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. « Il s’agit essentiellement du coût de production qui est un facteur déterminant lorsqu’il est question de l’intégration de l’Afrique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et de la possibilité pour des entreprises d’installer toute leur activité de production dans la région ».

Par ailleurs, certains pays africains souffrent des lacunes logistiques de première importance qui entravent une intégration quasi totale. « Dans nombre de pays africains, les infrastructures de transport et l’existence des entrepôts et d’autres services logistiques ne sont pas encore comparables, d’un point de vue normatif et qualitatif, à celles des autres pays en développement et des pays émergents », relève le rapport. Heureusement que des mesures sont mises en oeuvre, au niveau des pays et des régions, pour augmenter le financement alloué au développement des infrastructures et à l’amélioration de l’efficacité logistique. Il s’agit du Programme de développement des infrastructures en Afrique établi par l’Union africaine, qui peut renforcer de manière stratégique l’intégration des pays africains dans les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales.

Dialogue Etats-Investisseurs

Il est également indispensable que les pays africains bénéficient de dispositions plus équitables dans les accords entre Etat et investisseurs, en particulier lorsque ceux-ci concernent des minéraux et métaux critiques qui sont utilisés dans la fabrication de produits de pointe, souligne le rapport. « C’est ainsi que l’industrie africaine prospère et que les entreprises soient mieux capables de concevoir, d’acheter ou de fabriquer des pièces et composants qui jouent un rôle essentiel dans les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique ». Dans ce cas, le continent africain pourrait commencer à constituer un réseau de fournisseurs et à élargir la base de production, et verrait augmenter le nombre de ses travailleurs et consommateurs. Reste enfin l’incitation des investisseurs et des fournisseurs étrangers de renforcer leurs présences en Afrique à travers des partenariats au niveau local. « C’est le moment pour l’Afrique de renforcer sa position dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, alors que les efforts de diversification se poursuivent. C’est aussi l’occasion pour le continent de renforcer ses industries émergentes, de favoriser la croissance économique et de créer des emplois pour des millions de personnes », a conclu Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED.

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