Le continent africain est l’une des régions où l’investissement est rentable. Selon les estimations de l’Onu, le taux moyen de rendement des entreprises dans le monde est de 7,1 %, alors qu’en Afrique, les entreprises ont en moyenne un rendement de 14 %, soit le double. Où investir donc en Afrique ? C’est à cette question que répond la nouvelle édition de « Where to Invest in Africa ? », publiée la semaine dernière par la banque sud-africaine Rand Merchant Bank (RMB).
Le rapport RMB 2021 classe l'Egypte pour la quatrième année successive comme la première destination d'investissement du continent. La deuxième place est occupée par le Maroc, tandis que l'Afrique du Sud est classée en troisième position. D'autres pays ont progressé dans le classement, notamment le Rwanda et le Botswana, positionnés respectivement en quatrième et cinquième position.
Les cinq autres places sont par ordre décroissant : le Ghana, les Iles Maurice, la Côte d'Ivoire, le Kenya et la Tanzanie. Le rapport est un index annuel important pour les investisseurs, car il est basé sur des statistiques réalisées par des organismes et des agences de notation multilatéraux sur le continent dans tous les domaines : politique, financier, juridique, social et technique. Selon Daniel Kavishe, économiste et auteur du rapport, le sentiment mondial positif en 2020 a été de courte durée lorsque la pandémie a commencé à ravager le monde.
« La pandémie a mis en évidence les vastes disparités dans l'accès aux services de santé et de bien-être de base entre les pays », souligne-t-il. Ce nouveau monde nécessite donc une nouvelle approche d’évaluation. « Avant l’apparition du Covid-19, les destinations d'investissement en Afrique étaient classées en fonction de l'activité économique et de l'environnement d'exploitation des entreprises. Cette année, en plus des indicateurs traditionnels, les entreprises et les investisseurs devaient être sensibilisés à l'état des finances publiques d'un pays et à sa capacité à aider son économie en crise. Ainsi, un nouvel ensemble de classements qui tient compte de certains des défis inévitables imposés par le Covid-19 a été créé », ajoute-Kavishe.
L'Egypte, la destination la plus attractive en Afrique
L’Egypte est parvenue à maintenir son attractivité sur le continent pour la quatrième année consécutive. Le rapport de RMB 2021 indique que bien que l’économie de l'Egypte ait été touchée par la pandémie à l’instar des autres pays africains, elle a été l'une des premières à rebondir sur la voie de la croissance. « C'est grâce aux mesures rapides que le pays avait introduites et au fait que son économie reposait sur une base plus solide lors de l’apparition de la pandémie », précise le rapport. Au cours des dernières années, l’Egypte, jouissant d’un énorme marché et d’un secteur commercial sophistiqué, a fait de grands progrès pour améliorer son environnement des affaires.
Le rapport Doing Business 2020, publié par le Groupe de la Banque mondiale, a souligné la progression de l’Egypte de 8 points, notamment après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les investissements, qui offre des mesures incitatives, de facilitation et de garanties pour les investisseurs étrangers.
Riposte au Covid-19

Considéré comme le 5e marché du continent, le Maroc conserve son 2e rang pour la deuxième année consécutive. L’économie marocaine « continue de bénéficier de la stabilité politique », grâce à l'initiative du gouvernement de collecter des fonds pour soutenir l'économie nationale pendant la pandémie, note le rapport. Un fonds spécial de lutte contre le Covid-19 a été créé en 2020, représentant 2,7 % du PIB, dont les deux tiers devaient être fournis par des sources privées et un tiers par le gouvernement. L'Afrique du Sud reste à la 3e place et conserve néanmoins ses atouts : sa monnaie et ses marchés des actions et des capitaux restent forts. « Ce pays offre une solide base de production et de vente au détail qui continuera à soutenir les économies régionales d'Afrique australe ». Quant à la 4e place, le rapport l’accorde au Rwanda qui continue à déployer des efforts pour améliorer son environnement des affaires. Par ailleurs, dans le cadre de la Stratégie nationale de transformation (NST), de nombreux investissements seront injectés prochainement pour soutenir les secteurs de la construction et de l'énergie. Quant au Botswana, il dispose de réserves de change élevées, ce qui lui a permis de mieux résister au tremblement économique provoquée par la pandémie. Un fait également qui lui a valu de conserver sa 5e place.
Vient ensuite le Ghana à la 6e place, grâce à sa rapide croissance économique, qui l'amène à talonner le Kenya dans la course au titre de la plus forte économie en Afrique de l'Est. Le Ghana, dont l’économie a connu des changements structurels majeurs au cours des dernières années, est entré dans la crise actuelle sur une base relativement plus solide que ses pairs africains, soutenu non seulement par les industries du secteur primaire, tels le pétrole et l'or, mais aussi par le développement accéléré du secteur tertiaire. Appelées la Suisse de l’Afrique, les îles Maurice sont classées à la 7e place par le rapport. Son secteur financier constitue l'un des principaux moteurs de la croissance économique à l'avenir, notamment à travers les activités d'investissement transfrontalières et les services bancaires.
Vient ensuite la Côte d'Ivoire où la hausse de l'investissement privé devrait continuer à alimenter le secteur de la construction, l'agro-industrie et les services (commerce, transports et TIC notamment). Au Kenya, les efforts du gouvernement pour assurer la mise en œuvre du plan « Big Four », axé sur l'industrialisation, la couverture sanitaire universelle, la sécurité alimentaire et le logement abordable, conduiront invariablement à une croissance économique rapide, comme l’estime le rapport. Les investisseurs restent confiants dans ce pays, fort d'une structure économique diversifiée. Quant à la Tanzanie, qui ferme le top 10, elle a connu, au cours des dernières années, un développement rapide qui peut être attribué à la croissance des investissements publics dans des secteurs secondaires et tertiaires clés, allant du secteur de l'énergie aux télécommunications.
« Bien que la pandémie ait causé beaucoup de ravages, elle a également permis de réinventer les politiques et les relations commerciales. Il est de plus en plus clair maintenant que des stratégies locales pour lutter contre la pauvreté, les inégalités et le chômage à travers l'Afrique doivent être mises en œuvre. Si ce n'est pas le cas, c'est toute l'Afrique qui en souffrira », a déclaré Kavishe, avant de conclure que les capitaux iraient naturellement vers les économies offrant un bon mélange d'opportunités et de facilités de faire des affaires.
Les économies les plus attractives pour l’investissement en 2021
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Egypte
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Maroc
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Afrique du Sud
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Rwanda
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Botswana
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Ghana
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Iles Maurice
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Côte d’Ivoire
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Kenya
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Tanzanie
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