Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous de l’exploit du karaté en terminant 2e des Mondiaux grâce aux 3 médailles d’or obtenues par les dames égyptiennes ?
Mohamad Ibrahim: Je suis très heureux et très fier de la performance des dames. Se classer 2e au tableau des médailles des Mondiaux est une première dans l’histoire du karaté égyptien. Il faut savoir que cet exploit a été réalisé grâce aux filles qui ont remporté les 3 médailles d’or: Giana Loutfi (-61 kg, kumité), Chaïmaa Aboul-Yazid (68 kg, kumité et kumité dames par équipe). Cette 22e édition des Mondiaux était d’un très haut niveau avec la présence de 996 athlètes représentant 116 nations, et ce, du 5 au 9 novembre. L’Egypte a terminé 2e au tableau final des médailles, avec un total de 6 médailles, dont 3 d’or, 2 d’argent et une de bronze. Ainsi, l’Egypte est précédée du Japon qui a décroché la première place avec 3 médailles d’or, 2 d’argent et 5 de bronze. C’est la différence de médailles de bronze qui a permis au Japon de se classer premier. L’Egypte a dépassé de grandes nations de la discipline, telles que la France, 3e avec 2 médailles d’or, la Turquie, 4e avec 2 médailles d’or, et l’Allemagne, 5e avec une médaille d’or.
— En quoi a consisté la préparation ?
(Photo : www.wkf.net)
— Nous travaillons depuis deux années pour réaliser ce but: être parmi les meilleurs du monde. Avant de partir pour les Mondiaux, Aymane Abdel-Hamid, président de la Fédération égyptienne, m’a confié avoir l’intention de jouer pour la première place. Je croyais que c’était difficile, mais les filles ont assuré. Elles ont impressionné tous les spectateurs des Mondiaux grâce à leur technique et leur courage. La médaille de kumité (combat) par équipe est la plus difficile et la plus précieuse. En finale, les Egyptiennes ont battu les Françaises, championnes du monde plusieurs fois et meilleure équipe au monde. Ce match était le plus spectaculaire de ces Mondiaux.
— Comment l’Egypte a-t-elle atteint ce niveau ?
— Ce n’est pas le fait du hasard, bien sûr. C’est un long parcours qui a commencé en 2006, lorsque l’Egypte a commencé à récolter des médailles aux Mondiaux. A l’époque, Aymane Abdel-Hamid, président de la Fédération, était le directeur technique de l’équipe. Mais c’est après avoir remporté une médaille d’or aux derniers Mondiaux 2012 que nous avons élevé nos objectifs. Durant les 2 dernières années, nous avons travaillé avec plus de concentration. Nous avons effectué un grand nombre de compétitions et de stages de préparation. L’Egypte possède un Championnat national d’un très haut niveau. En fait, nous avons adopté un système d’éliminatoires pour choisir les karatékas de la sélection nationale avant chaque compétition. Ce système a suscité une concurrence permanente entre les karatékas. Cela améliore le niveau de tous les athlètes.
— Voulez-vous nous présenter l’équipe des dames ?
— Cette équipe est composée de 5 athlètes, jeunes recrues et de femmes qui ont plus d’expérience. La championne du monde, Chaïmaa Aboul-Yazid, est la plus âgée. Elle a terminé 5e à 2 reprises aux Mondiaux et est médaillée d’or aux Jeux méditerranéens. La championne du monde, Giana Loutfi, est la plus jeune et la plus talentueuse. Elle vient de remporter le titre de championne du monde junior. Arij Saïd, 22 ans, championne du monde junior ; Fatma Mohamad, 25 ans, est championne du monde des masters et championne des Jeux méditerranéens. Yasmin Attiya, 22 ans, championne du monde junior.Ensemble, elle ont décroché la médaille d’or en kumité par équipe lors de ces Mondiaux et ont attiré l’attention de tous les fans de la discipline. Notre secret est le travail collectif, la bonne organisation, le talent et le courage des filles.
— Comment voyez-vous l’avenir ?
— D'abord, ces athlètes méritent plus d’intérêt et de reconnaissance de la part des responsables. La sélection de karaté mérite d’être reçue par le président de la République, comme les autres athlètes, et d'avoir des primes pour les encourager. Il faut aussi poursuivre le travail selon le même système scientifique, tout en organisant plus de stages de préparation et de compétitions internationales, ce qui nécessite l’augmentation du budget. C’est une première que nous avons réalisée, et ça ne sera pas la dernière.
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