Loin de son niveau habituel, Mohamad Salah n'a pas été
à la hauteur contre le Sénégal.
(Photo:Ossama Abdel-Nabi)
2-0, c’est la plus grande défaite que l’Egypte a concédée face au Sénégal de son histoire, et la première défaite depuis plus d’une décennie, notamment depuis le 1-0 obtenu en CAN 2012. Mais ce début raté des qualifications à la CAN 2015 n’inquiète pas le sélectionneur Chawqi Gharib. « Je ne m’attendais pas à une telle performance. Les joueurs n’étaient pas en bonne forme. Mais on n’est qu’au début des qualifications, et il y a 5 autres matchs à jouer. On ne peut pas évaluer le groupe après un seul test », a dit Gharib, qui a disputé son premier match officiel avec l’équipe.
La nouvelle génération a raté son entrée en scène, et il est clair que les légendes telles que Mohamad Abou-Treika, Ahmad Hassan et Waël Gomaa, qui ont dominé le continent avec un triplé de CAN en 2006, 2008 et 2010, n’ont pas de successeurs dans cette équipe. Il est vrai que le groupe comprend 11 joueurs évoluant en Europe, et certains possèdent la classe nécessaire avec à leur tête Mohamad Salah (Chelsea, Ang), Mahmoud Abdel-Razeq « Chikabala » (Sporting, Por) et Ahmad Hammoudi (FC Basel, Sui), mais ils n’ont pu concrétiser leur talent sur la pelouse.
Salah, perçu pour être le nouvel inspirateur de cette équipe, a créé une grande déception face au Sénégal. Le buteur des qualifications africaines du Mondial 2014 a raté plusieurs occasions faciles pour réduire le score, sans compter qu’il a montré une pâle figure. Alors que sa bonne forme lui a permis de décrocher le titre du meilleur espoir africain en 2013. Le flamboyant ailier des Pharaons semble avoir perdu de son allure et efficacité après son alignement sur le banc de Chelsea depuis le début de la saison. « Je pense que les gens en demandent trop à Salah, il n’a pas joué régulièrement avec Chelsea, il ne peut tout faire seul. Il a besoin d’aide. Chose qu’il n’a pas trouvé face au Sénégal », explique Ahmad Hassan, membre du cadre technique de la sélection. En effet, la majorité de la légion égyptienne évoluant en Europe n’est pas très régulière avec les clubs respectifs. Voire, certains, comme Chikabala, l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération, ne trouvent plus d’espace de jeu et risquent de quitter leur club. Le Championnat national, qui avait présenté le noyau essentiel du onze national dans son âge de gloire face aux bandes de Samuel Eto’o, Didier Drogba et Asamoah Gyan qui évoluaient dans les meilleurs clubs européens, ne fournit plus d’éléments capables de mener la relève après avoir été sévèrement perturbé lors des 3 dernières années. Khaled Qamar, titulaire face au Sénégal, Amr Gamal et Hazem Emam, 2 remplaçants, possèdent un potentiel, mais pas encore suffisant pour faire la différence.
« Il ne faut pas faire de comparaisons entre cette génération et celle menée par Abou-Treika. L’ancienne génération jouissait de conditions très favorables et avait acquis beaucoup d’expérience. Nous sommes en pleine phase de reconstruction et nous avons une jeune équipe. Pour la première fois, l’âge des attaquants ne dépasse pas 22 ans », dit Gharib, qui était lui-même l’assistant de Hassan Chéhata lors du triplé de la CAN.
Le sélectionneur avait aligné un onze de départ face au Sénégal d’une moyenne d’âge de 26,4 ans, avec peu de joueurs qui possèdent une expérience africaine. Gharib était obligé de placer le latéral droit, Ahmad Fathi, sur le flanc gauche après la blessure de Mohamad Abdel-Chafi, pour avoir plusieurs éléments expérimentés sur la pelouse. Mais l’expérience a fait défaut. Le large public sénégalais, qui est venu assister à la ré-inauguration du stade de Léopold Senghor après 2 ans d’absence, a pu intimider la bande de Mohamad Salah, selon Gharib. Et même les joueurs, comme le capitaine Hossam Ghali (32 ans), Ahmad Fathi et Ahmad Al-Mohammadi, n’ont pu contribuer à rétablir l’équilibre au sein du groupe.
Casse-tête en défense
« Nous allons faire quelques changements au niveau tactique et de la formation pour remédier à nos lacunes, mais ce qui m’inquiète le plus c’est la défense qui a commis trop d’erreurs. On n’a pas beaucoup de temps pour corriger ces lacunes pour le match de la Tunisie », dit Gharib. Et il a raison. Bien qu’il ait aligné un trio dans l’axe central dans le schéma 3-5-2 réputé pour sa tendance défensive, les Pharaons semblaient très perméables, et le score aurait pu être plus grave. Ali Ghazal, Ahmad Saïd « Okka » et Chawqi Al-Saïd ont montré des erreurs de marquage, de positionnement et de couverture, sans compter que le support des milieux centraux Mohamad Al-Nenni et Ghali était médiocre. Mame Diouf (17) et Sadio Mane (45) ont percé la défense, servis par 2 longues passes qui les ont mis en face-à-face avec le gardien Chérif Ekrami, pour marquer facilement de l’intérieur de la surface. Dans sa liste, Gharib possède le solide défenseur de Fiorentina, Ahmad Hégazi, mais lui non plus ne joue pas régulièrement avec son équipe. Ce mercredi, la Tunisie sera réduite à cause de l’absence d’Issem Jemaa et Sami Allagui, en raison de blessures. Mais l’attaque des Aigles de Carthage demeure très efficace et présente un sérieux défi pour les défenseurs égyptiens, notamment avec des joueurs tels Youssef Msakni, Hamza Younès, Fakhreddine Ben Youssef et Amin Chermiti, qui combinent rapidité et talent. « Le Sénégal était très fort en première période, mais nous sommes revenus au match et avons pu contenir leur attaque en deuxième. Nous sommes maintenant concentrés sur le match de la Tunisie. On espère avoir le support de notre public pour remporter ce match », dit le défenseur Chawqi Al-Saïd. Les Pharaons espèrent avoir tout le support possible en jouant au stade militaire du 30 Juin, grâce notamment à la présence d’un large public, malgré le huis clos imposé aux matchs locaux par les autorités. Car une éventuelle défaite minimisera leurs chances de rester dans l’élite africaine pour la 3e fois d’affilée.
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