Al-Ahram Hebdo : Comment recevez-vous votre première élection à la présidence de la Fédération égyptienne de lutte ?
Hassan Al-Haddad : Je suis très heureux de ma victoire à l’élection du président de la Fédération, surtout que la concurrence était très dure pour ce poste. Pour la première fois depuis la création de la Fédération en 1930, 4 personnes ont été candidats pour sa présidence : Moustapha Abdullah, Yéhia Zakariya, Ahmad Maarek et moi. Mais la concurrence était entre moi et Moustapha Abdullah. Et c’est moi qui ai gagné en remportant 18 voix contre 12 pour Moustapha Abdullah, 4 pour Zakariya et 4 pour Maarek. Donc, ma victoire n’était pas facile, mais le plus important est que j’ai gagné avec toute ma liste. Il est à noter que ce n’est pas la première fois que je dirige la Fédération. J’étais président par intérim de la Fédération depuis le mois de mai dernier jusqu’aux élections. Donc, la médaille d’argent olympique obtenue par le lutteur gréco-romain, Karam Gaber (84 kg) aux Jeux Olympique (JO) de Londres a été réalisée durant ma présidence. Je suis fier d’avoir joué un rôle dans l’obtention de la médaille olympique. En fait, j’ai beaucoup aidé Gaber pour qu’il réalise cet objectif en lui offrant tous les moyens possibles pour qu’il se concentre dans l’entraînement. J’ai d’ailleurs dû faire face à beaucoup d’attaques de la part de ceux qui avaient peu d’espoir en Gaber.
— Quel est votre programme de travail pour les années à venir ?
— J’ai planifié un programme avant l’élection et il s’étend sur 4 ans. Il comporte plusieurs points d’une grande importance. Premièrement, la reconstruction de la Fédération sur le plan administratif, organique et technique. Ensuite, je vise à augmenter la base des pratiquants. Ce nombre, qui est de 2 000 lutteurs, je veux qu’il passe à 8 000. Cela est très important pour le développement de la discipline. Car si le nombre de pratiquants augmente, la concurrence augmentera aussi, ainsi que le niveau des lutteurs. Durant les derniers Championnats d’Egypte, le nombre de lutteurs gréco-romains était de 130 et les lutteurs libres de 120, soit un nombre très faible pour un pays comme l’Egypte. Finalement, mon objectif principal est de réaliser 2 médailles olympiques aux JO de Rio di Janeiro 2016.
— Comment réaliserez-vous ces objectifs ?
— J’ai commencé mon travail au lendemain de mon élection. 2 semaines après l’élection, nous avons organisé le tournoi arabe, puis le tournoi international Ibrahim Moustapha, qui n’avait pas été organisé depuis 8 ans et qui porte le nom du premier champion olympique égyptien de lutte. J’ai de même commencé à contacter la Fédération internationale (FILA) avec qui j’ai de bonnes relations et dont le président m’a envoyé un message de félicitations en se disant très heureux qu’un lutteur olympique soit à la tête de la Fédération. Grâce à ces bonnes relations avec la FILA, cette dernière a approuvé l’organisation par l’Egypte, d’importantes compétitions, ces prochaines années. En 2013, l’Egypte organisera les Championnats d’Afrique, les Championnats arabes, le tournoi méditerranéen junior et le tournoi international Ibrahim Moustapha, qui s’inscrit dans le calendrier de la FILA. Je me suis mis par ailleurs d’accord avec la FILA pour l’organisation en 2015 d’un Grand Prix ou les Championnats du monde, qualificatifs pour les JO 2016 et encore l’organisation des Championnats d’Afrique qualificatifs pour les JO. Donc, je vise en premier lieu à augmenter le nombre de compétitions internationales et nationales. Je compte enfin développer la discipline dans les quatre coins d’Egypte, surtout le sud, qui ne compte pas un grand nombre de pratiquants.
Karam Gaber est un lutteur historique, il possède toutes les qualités pour disputer les JO 2016.
(Photo: AP)
— Votre Fédération regroupe dans ses rangs Karam Gaber, seul égyptien à détenir 2 médailles olympiques. Comment allez-vous le gérer ?
— Karam Gaber est l’un des meilleurs lutteurs au monde. Aux JO 2012, il l’a prouvé en remportant la médaille d’argent des 84 kg, 8 ans après avoir réalisé son titre olympique en 96 kg lors des JO d’Athènes 2004. Donc, il mérite un traitement spécial. Il va continuer à jouer dans son ancienne catégorie de 96 kg, mais je lui offre le poste de président du Comité de supervision générale sur les élections nationales. Donc, il pourra choisir les lutteurs de la sélection et aidera l’encadrement technique pour mettre en œuvre les plans et les programmes de préparation de la sélection. Ainsi, je donne à Gaber un statut respectable au sein de ses coéquipiers, ce qui l’encouragera à faire de tout son mieux à l’entraînement. Gaber est très apprécié par ses coéquipiers, il est très modeste et les autres lutteurs l’adorent et le considèrent comme leur idole.
— Pensez-vous que Gaber puisse pratiquer jusqu’aux JO 2016 ?
— Bien sûr, Gaber est un lutteur historique, il possède toutes les qualités et les potentiels pour réaliser cela. Durant les derniers JO, il a joué dans une catégorie de poids très inférieure à la sienne, donc, il a été obligé de perdre 14 kg, ce qui a affecté sa force. Alors, en jouant dans son ancienne catégorie — 96 kg — il pourra donner plus, surtout que dans les catégories lourdes comme les 96 kg, les lutteurs pourront jouer longtemps. La seule chose est que Gaber avait besoin, pour remporter une médaille olympique en 2016, d’encouragement et d’intérêt avec un programme de préparation comportant bon nombre de tournois internationaux et de stages de préparations. Récemment, il a signé un contrat avec le club de l’Olympique d’Alexandrie, quittant son ancien club d’Ittihad Al-Chorta. Son nouveau club lui a offert un bon contrat et a fondé une école de lutte portant son nom ; il sera un partenaire en recevant 50 % des bénéfices. Avec ces encouragements de la part de son nouveau club et de sa Fédération, Gaber s’entraîne avec plus de concentration. Actuellement, il se prépare pour les Jeux méditerranéens de juin 2013 en Turquie, puis les Championnats du monde. Lors des Jeux méditerranéens, Gaber sera honoré par le président de la Fédération turque, Hamza, qui apprécie beaucoup notre champion comme tout le public turc.
— Après la décision de Gaber de jouer en 96 kg, quelle sera la situation de Mohamad Abdel-Fattah (Bougui) dans cette même catégorie ? La lutte égyptienne pourra-t-elle avoir d’autres noms à part ces 2 lutteurs ?
— Bougui est un bon lutteur, il était le champion du monde en 1996. Pour les JO de Londres, Gaber a cédé la catégorie 96 kg à Bougui, qui a joué dans cette catégorie durant les années d’absence de Gaber. Mais aujourd’hui, la situation est différente : Gaber ne pourra pas continuer dans la catégorie 84 kg et Bougui ne pourra pas perdre de poids pour jouer en 84 kg. Donc, j’ai demandé à Bougui d’essayer de jouer dans les 120 kg, puisque Gaber veut jouer en 96 kg. Mais à ce jour, Bougui n’a pas pris de décision. Maintenant, je travaille pour que l’Egypte possède un grand nombre de lutteurs du même niveau que Gaber et Bougui, et il faut un peu de temps pour cela. Mais il existe de bons indices. La sélection nationale comporte, par exemple, un jeune lutteur de 66 kg en gréco-romaine, Karim Hawach, qui est d’un talent extraordinaire comme Gaber. A seulement 19 ans, Hawach a remporté le Championnat d’Afrique et le Championnat arabe.
— Pour la sélection nationale, y aura-t-il des changements ?
— Le changement est partout. En plus de la désignation de Gaber superviseur général pour les sélections nationales, j’ai appliqué un nouveau système dans le choix des lutteurs de la sélection. J’ai choisi 10 lutteurs dans chaque catégorie, car en augmentant le nombre de lutteurs, la concurrence augmente, et par suite, le niveau des lutteurs. Il faut savoir que pour garder Gaber en Egypte, il a besoin de plus de 6 lutteurs pour s’entraîner avec lui. Mais le choix n’est pas final, puisque tous les mois il y aura un tournoi pour choisir les meilleurs lutteurs. Et avant chaque compétition, il y aura une compétition pour choisir les meilleurs qui pourront porter le nom de l’Egypte. Pour la direction technique, j’ai désigné Hassan Médani, qui a décidé d’arrêter le jeu, entraîneur pour la lutte libre. Et pour la lutte gréco-romaine, Magdi Al-Louzi, président de l'Organisme du sport militaire, nous a offert son directeur technique, le Bulgare Barbarov.
— De quoi avez-vous besoin pour réaliser toutes vos ambitions ?
— Le plus important est l’intérêt de la part du ministère du Sport. Les responsables doivent accorder plus d’importance aux sports individuels. Nous avons besoin d’augmenter le budget de la Fédération qui est de 600 000 L.E., soit une somme insuffisante pour une discipline phare comme la lutte. Le projet des « Meilleurs athlètes » doit recommencer pour financer les athlètes distingués. En lutte, pour remporter des médailles olympiques, les lutteurs ont besoin de disputer plus de 6 tournois internationaux chaque année et effectuer entre 6 et 8 stages de préparation à l’étranger dans de différentes écoles de lutte.
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