Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la performance égyptienne aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Nanjing (JOJ) ?
Chérif Al-Aryan: A Nanjing, l’Egypte a réalisé une excellente performance en remportant 8 médailles dont 2 d’or, une d’argent et 5 de bronze, ceci en plus de 3 médailles dans les épreuves mixtes (2 d’or et une d’argent). Vous savez, les épreuves mixtes ont un autre tableau de médailles, puisque la médaille mixte est le fruit de la coopération de deux athlètes de deux différentes nationalités. Ainsi, le résultat égyptien est bien par rapport à la dernière édition où l’Egypte avait décroché 6 médailles, dont 2 d'or. Je suis fier de la performance égyptienne, surtout que ce résultat a été réalisé malgré la très mauvaise situation où se trouve le sport égyptien. Nous n’avons commencé la préparation pour les JOJ qu’après l’arrivée de l’actuel ministre de la Jeunesse et du Sport, Khaled Abdel-Aziz. Celui-ci n’a pas tardé à offrir un soutien financier à toutes les fédérations qui en avaient besoin.
Alors que sous son prédécesseur Taher Abou-Zeid toutes les activités sportives ont été presque gelées faute d’argent. Les fédérations égyptiennes ont donc réalisé cette performance après seulement 6 mois de travail. J’en profite pour remercier tous nos athlètes, ainsi que les fédérations égyptiennes, le Comité olympique égyptien et le ministère.
— Selon vous, quelle était la plus belle surprise de ces Jeux ?
— La médaille d’or obtenue par le nageur Ahmad Akram en 800 m nage libre était une médaille savoureuse, puisque c’est la première fois que l’Egypte remporte une médaille olympique ou même mondiale dans la natation. En fait, Akram n’était pas loin de la concurrence puisqu’il occupe la 3e place au classement mondial du 800 m nage libre. Il a réalisé une course spectaculaire. Durant la course, il a oscillé entre la 2e et la 3e place, et aux derniers 200 m, il a fait montre de prouesse en dépassant le Polonais Jacek Zojdak qui était en avance durant presque toute la course. Bien sûr, la 2e médaille d’or, obtenue par l’haltérophile Sara Samir en 63 kg, était encore très importante. Mais cette médaille était prévue puisque Sara occupe la première place au classement mondial. La jeune femme a essayé de battre le record mondial, mais a quand même réussi à remporter sa médaille d’or avec une différence de 16 kg de sa concurrente immédiate.
— Et pour les autres médailles ?
— La médaille d’argent du handball était très attendue selon tous les pronostics. Il en est de même pour les médaillés de bronze, dont le taekwondoïste Seif Issa en -73 kg, l’haltérophile Mohamad Chaker Choucha en 85 kg, les lutteurs Ahmad Hassan en 85 kg et Abdullah Al-Guizawi en 100 kg et enfin l’athlète Ahmad Tareq en marteau. S’ajoutent à ces médailles celles des mixtes, obtenues en tir et en plongeon. Il faut dire que les Egyptiens ont réalisé de bons classements dans plusieurs autres disciplines, comme le pentathlon moderne, l’équitation et la gymnastique.
— Quelles sont les disciplines qui ont fait échec ?
— Je n’aime pas le mot échec en sport. Pour certaines disciplines, on n’avait pas beaucoup d’espoir puisque nous sommes très loin du niveau international. Je parle notamment de l’aviron, du tir à l’arc, du trampoline, du badminton, de la voile et du triathlon. Pour d’autres disciplines, la performance a été au-dessous de nos attentes, ce fut le cas pour l’escrime, où nous n’avons eu aucune médaille, ou encore le taekwondo, malgré une médaille de bronze.
— Après avoir réalisé cette performance, ces athlètes auront-ils un statut privilégié ?
— En tant que président de la délégation égyptienne, je rédige un rapport en vue de le présenter au Comité olympique égyptien. Dans ce rapport, je demande de s’intéresser plus aux médaillés, notamment les plus jeunes d’entre eux. Ce sont ces athlètes qui pourront remporter des médailles olympiques pour l’Egypte dans l’avenir, surtout aux Jeux olympiques 2020. A plus court terme, je pense au nageur Ahmad Akram et à l’haltérophile Sara Samir, qui sont capables de remporter des médailles aux JO de Rio de Janeiro 2016. On a près de 25 athlètes capables de concurrencer pour une médaille olympique à Rio de Janeiro, mais ils ont besoin d’argent pour commencer leur programme de préparation. Il ne reste que 2 ans avant les prochains Jeux, et il est temps de commencer à s’occuper de ces athlètes en leur offrant un statut professionnel. A cet effet, il est important de relancer le projet des athlètes distingués, en panne depuis les derniers JO de Londres 2012.
— Est-ce que ces jeunes médaillés olympiques auront des primes à l’instar des seniors ?
— Un décret ministériel de 2013 accorde aux jeunes 75% des primes que touchent les seniors. Si le médaillé olympique senior a pris un million de L.E., son homologue junior doit prendre 750000 L.E. J’espère que le ministère accordera ces primes aux athlètes pour les encourager .
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