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Mannschaft  : 4157 passes pour la coupe

Karim Farouk, Mardi, 15 juillet 2014

En battant l’Argentine en finale dimanche dernier au stade Maracana, l’Allemagne a décroché son quatrième titre de champion du monde. Un sacre mérité à tous les points de vue.

Champion du monde
(Photo : Reuters)

« Le football est simple: 22 joueurs courent derrière un ballon pendant 90 minutes et à la fin les Allemands gagnent toujours », avait dit la légende anglaise Gary Lineker en 1990, et c’est toujours valable en 2014. Dimanche au stade Maracana et devant plus de 74 000 supporters, la sélection allemande a battu l’Argentine 1-0 en finale de la Coupe du monde 2014 pour décrocher son quatrième sacre. Il a fallu aux Allemands aller jusqu’aux prolongations pour battre la solide et ferme défense argentine orchestrée par un magistral Javier Mascherano, qui n’a concédé que 3 buts jusque-là. Mais cette dernière a finalement cédé face aux vagues offensives de la Mannschaft lorsque Mario Götze a amorti la balle de la poitrine sur un centre d’Andre Schürrle pour conclure du gauche à la 113e minute. « C’est un sentiment incroyable, je ne sais pas comment le décrire. Quand tu marques un but pareil, tu ne sais pas vraiment ce qui t’arrive. C’est la fête pour tout un pays. C’est un rêve qui a vu le jour que de remporter la Coupe du monde, surtout au Brésil », a dit le héros de la soirée. Ce quatrième sacre est le premier pour l’Allemagne réunifiée, déjà couronnée en 1954, 1974 et 1990 sous le drapeau de l’Allemagne fédérale et qui est à pied d’égalité avec l’Italie et à une seule longueur derrière le suprême leader Brésil qui compte 5 titres. La Mannschaft a aussi pu mettre fin à la malédiction du sol sud-américain en devenant la première équipe européenne à s’imposer en terre latine depuis le début de la compétition en 1930. « C’est le travail de dix ans. Nous avions un rêve. Nous avons beaucoup travaillé et progressé et si quelqu’un mérite cette gloire, c’est ce groupe de joueurs », dit l’entraîneur Joachim Löw.

Parcours épique

On dit parfois que le football est illogique, mais cette fois-ci la hiérarchie a été respectée. L’Allemagne a été le grand favori depuis le début du tournoi. Elle a été à la hauteur de sa réputation. Les hommes de Joachim Löw ont terminé en tête du groupe de la mort devançant les Etats-Unis 1-0, le Portugal 4-0 et le Ghana 2-2. En 8es de finale, ils ont dû aller jusqu’aux prolongations pour arriver au bout d’une sélection algérienne dans sa meilleure forme 2-1. Ensuite, ils ont franchi le solide rempart de la sélection française, en pleine restauration, en quarts de finale sur une petite différence de 1-0. Rien de pire que d’affronter le pays hôte en demi-finales, surtout si c’est le Brésil, face à des milliers de supporters fous et qui rêvent de remporter le titre à domicile. Et au stade de Belo Horizonto, l’Allemagne a présenté son chef-d’oeuvre écrasant le Brésil 7-1 dans un match qui a brisé tout les records (voir encadré). Un scandale qui a secoué le pays de la samba, plus affreux que celui de Maracana où la Selecao avait perdu la finale face à l’Uruguay en 1950. La finale face à l’Argentine de Lionel Messi ne restera pas dans les mémoires pour la qualité de jeu développé, mais plutôt pour son intensité et sa tactique qui ont permis à cette équipe allemande de prendre le dessus en fin de compte. « Nous avons joué un très bon football tout au long de nos 7 rencontres. Nous avons montré les meilleures performances de toutes les équipes présentes au Brésil. Les joueurs ont montré un excellent état d’esprit en plus de leurs qualités techniques fantastiques et leur détermination. Et c’est tout ce qui est nécessaire pour réaliser ce qui est nécessaire», a dit Löw après le tournoi.

Attaque prolifique

Combinant efficacité et esthétisme, l’Allemagne a montré une nouvelle figure au Brésil. Réputée pour être une véritable machine, en raison de son dynamisme, la bande de Thomas Müller, Mesut Özil, Toni Kroos et Götze a enchanté le public par son talent et son jeu collectif. L’Allemagne a terminé en tant que meilleure attaque de la Coupe du monde avec 18 buts et 4 seulement concédés. « Nous voulons la possession du ballon, garder le jeu sur terre et éviter les longues passes. Mais aussi nous voulons être efficaces et rapides», avait déclaré le sélectionneur allemand Joachim Löw. Son système a consisté à transporter le jeu rapidement de la défense à l’attaque afin de percer les défenses adverses, mais aussi à jouer plus de passes en profondeur que ce soit à partir des flancs ou du centre. Au centre des statistiques de la FIFA, l’Allemagne est l’équipe qui a effectué le plus de passes avec un total de 4157 passes et un taux de réussites de 82%. La distribution de ces buts a été comme suivant: 8 de l’intérieur des six mètres, 7 de l’intérieur de la surface, 1 penalty et 2 tirs d’en dehors de la zone. C’est vrai que Müller était en course pour le titre de buteur avec 5 buts, mais il n’était pas ni le fer de lance de l’équipe ni même son point focal, car 7 autres joueurs ont marqué. Ce qui a rendu l’offensive allemande presque impossible à contenir.

Effectif riche

Schürrle et Götze ont signé le but de la gloire, pourtant ni le passeur ni le buteur n’étaient dans le onze de départ lors du coup d’envoi de la finale. Le sélectionneur allemand possède une puissante réserve qui lui a offert beaucoup d’options lors des rencontres. Ces pièces de rechange ont fait la différence à plusieurs reprises et la finale n’est qu’une simple illustration. « Je savais qu’un tel match se jouerait avec 14 joueurs. C’est pour cela que j’ai demandé à tous mes joueurs d’être au sommet de leur concentration car chacun d’eux pouvait avoir un rôle essentiel à jouer à n’importe quel moment», a dit Löw. En alternant entre un schéma de 4-2-3-1 et un 4-2-4-0 sans un vrai numéro neuf, le technicien allemand a fait tourner son effectif à plusieurs reprises, parfois pour des raisons techniques et d’autres physiques. Le milieu Bastian Schweinsteiger, les défenseurs Mats Hummels et Shkodran Mustafi ont tous raté des rencontres avant la finale en raison de blessure. Face à l’Argentine, Sami Khedira, son milieu pivot, a été forcé au repos pour blessure lors de l’échauffement. Son remplaçant Christoph Kramer a joué pendant 31 minutes seulement avant de quitter aussi. Pourtant, les Allemands ont gagné. Tout au long du parcours, Löw a eu le luxe de faire appel à 18 joueurs. « La question n’était pas que nous avions les meilleures individualités ou meilleurs joueurs sur le terrain, nous avions la meilleure équipe. Nous avions avancé pas à pas, gardé notre concentration et évité toute distraction. A la fin, nous sommes les champions du monde », dit le capitaine des rois du monde, Philip Lahm, se vantant de ses coéquipiers. Et il en a tous les droits. L’Allemagne est championne du monde.

Fiche

Fondée en 1900

Surnom : Mannschaft

Classement FIFA : 2e (juin 2014)

Entraîneur : Joachim Löw

Capitaine : Philip Lahm

Les buteurs :

Thomas Müller (5), Andre Schürrle (3), Mario Götze (2), Mats Hummels (2), Miroslav Klose (2), Toni Kroos (2), Mesut Özil (1) et Sami Khedira (1).

Palmarès :

Championne du monde en 1954, 1974, 1990 et 2014.

Championne d’Europe en 1972, 1980 et 1996.

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