C’est officiel, les
Lions indomptables du Cameroun ont été chassés de la Coupe du monde du Brésil. Ce n’est pas une histoire de malchance, d’occasions perdues ou de quelques lacunes techniques. C’était un parcours de misères et d’indignations d’une nation qui avait impressionné le monde à une époque qui semble si lointaine. Le Cameroun, qui avait fait la gloire du continent en se hissant aux quarts de finale de la Coupe du monde 1990 pour la première fois, qui avait remporté une médaille d’or olympique en 2000 et ensuite décroché deux titres de Coupe d’Afrique des nations en 2000 et 2002, a été la première équipe éliminée de ce Mondial.
En dépit de la présence du roi Samuel Eto’o, quatre fois meilleur joueur d’Afrique et l’un des attaquants les plus réputés du monde, les choses n’ont fait qu’empirer pour le Cameroun au Brésil. Le quadruple champion d’Afrique a raté son entrée en scène en perdant contre le Mexique 1-0 dans un match qui semblait être à leur portée. Le comble est la blessure d’Eto’o qui l’a obligé à rester sur la touche. On s’attendait à ce que les Lions rugissent face à la Croatie pour poursuivre leur parcours, mais ils furent totalement bousculés sur le score de 4-0 après l’expulsion d’Alex Song qui avait donné, dans un moment de fureur, un coup de coude au dos de Mario Mandzukic sans ballon. « C’était une grosse bêtise qui nous a coûté trois points et je suis vraiment désolé. Si je pouvais faire quelque chose pour revenir sur cette action je l’aurais fait. Pardonnezmoi », a dit Song. Pire encore, le match s’est terminé sur une scène génante de bagarre entre deux joueurs camerounais, à savoir Benoît Assou- Ekotto et Benjamin Moukandjo sur une occasion perdue !
Sa déconfiture
Pour le Cameroun, c’est sa déconfiture qui amène l’attention des observateurs. La confrontation entre Benoît Assou-Ekotto et Benjamin Moukandjo en fin de partie a fait couler beaucoup d’encre. Les deux joueurs se sont disputés lors de la partie, et la bagarre a éclaté juste après le coup de sifflet final et s’est poursuivie dans le tunnel au point que leurs coéquipiers ont dû intervenir pour les séparer. « C’est dégoûtant de voir un tel comportement. Nous devons savoir ce qui a poussé les choses à se dégrader à ce point », a dit l’entraîneur Volker Finke. La Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) a aussi ouvert une enquête à ce sujet et promis de sévères sanctions aux fautifs.
Ce désastre a eu des précédents depuis plusieurs mois, à savoir des années. En effet, Eto’o lui-même avait eu plusieurs problèmes avec les responsables de la FECAFOOT les accusant de corruption et de négligence de la sélection. Il avait même pris sa retraite internationale avant de revenir sur sa décision avant les derniers matchs de qualifications au Mondial. La presse camerounaise avait annoncé à plusieurs reprises des fissures dans le groupe, en dépit des grands efforts d’Eto’o lui-même pour réunir les joueurs. Les Camerounais avaient boycotté un match amical contre l’Algérie en novembre 2011 pour le non-paiement de leurs primes, ce qui a coûté à la fédération une amende de 500 000 dollars. Les joueurs ont aussi refusé de faire le déplacement au Brésil jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un accord avec les dirigeants de la FECAFOOT.
D’ailleurs, ils sont arrivés plus en retard que prévu au Brésil. Des situations qui reflètent l’état d’esprit de ce groupe.
Manque de potentiels
Mais pour vrai dire, ce n'est pas que le Cameroun possède un effectif pléthorique, mais l’équipe est ravagée par le manque d’esprit d’unité et d’organisation. C’est vrai qu’Eto’o (33 ans) est toujours là, mais il n’est plus cette arme fatale qu’il était dans ses années de gloire, où il avait une moyenne qui dépassait les 20 buts par saison que ce soit avec Barcelone (Espagne) ou l’Inter Milan (Italie). Agé et souffrant de troubles physiques, il a été lâché par Chelsea cet été et cherche encore un club. Et à part, Eto’o et Song qui est très irréguliers avec le FC Barcelone, le groupe des 23 sélectionnés ne comprend ni de grands noms ni de joueurs évoluant dans les grands clubs européens. La grande majorité des joueurs évoluent dans des clubs de milieu ou au fond du classement. Les exemples d’Omam Biyik, Thomas Nkono, Patrick Mboma, Rigobert Song, Marc Vivien Foe, Geremi n’existent plus aujourd’hui. Ce n’est pas une question d’élimination mais plutôt de manque d’organisation. Il est peut-être urgent pour que les responsables camerounais prennent en charge sérieusement cette ancienne dynastie en régression.
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