AL-AHRAM HEBDO :
Tout d’abord, présentez vous à nos lecteurs ? Gamal Allam : Je m’appelle Gamal Allam, je suis le nouveau président de la Fédération Egyptienne de Football (FEF). J’ai 58 ans. Je travaillais dans le domaine de l’hôtellerie à Louqsor, et plus précisément dans le domaine des croisières entre Louqsor et Assouan. En ce qui concerne le football, j’étais membre du conseil d’administration du club de Louqsor, puis président du club pour 2 mandats. J’ai également été trésorier au sein des instances footballistiques régionales de Qéna, président de la commission des compétitions des 2e et 3e divisions des groupes de la Haute-Egypte. J’ai également présidé l’instance footballistique régionale de Louqsor avant d’être élu le 11 octobre dernier président de la FEF.
Après 2 ans de déceptions qui ont suivi 3 consécrations consécutives de l’Egypte en CAN, et les problèmes actuels que traverse le football égyptien, avez-vous préparé un plan précis pour sortir le football égyptien de l’ornière ? — Je suis conscient de la lourde responsabilité qui m’incombe. C’est aussi un grand défi que tous les membres du conseil d’administration de la FEF et moi-même voulons relever. Nous formons un groupe homogène avec des personnes expérimentées à l’instar de Hassan Farid, Mahmoud Al-Chami, ou encore des jeunes enthousiastes tel Khaled Latif. Nous tenons des réunions quotidiennes pour savoir d’où nous devons commencer et comment répondre aux besoins actuels du football égyptien
— A ce propos, quelles seront vos priorités ?
— Tout d’abord, nous sommes en train d’aborder tous les sujets importants comme l’établissement d’un système administratif pour la FEF qui soit digne du nom et de la place que l’Egypte occupe sur le plan africain. Nous allons également nous pencher rapidement sur le niveau des divisions inférieures et sur la faiblesse de l’infrastructure, ainsi que sur le manque de moyens concernant les clubs en manque de financements.
— Pour la première fois, laHaute-Egypte est représentée au conseil d’administration de la FEF par 5 membres, dont vousmêmes. Est-ce que cela signifie que vous accorderez plus d’importance aux clubs de cette région ? — Absolument. Nous, habitants de la Haute-Egypte, nous accordons une importance extrême à la justice et à l’équité. Par conséquent, chacun doit avoir ce qu’il mérite comparativement à l’effort qu’il fournit. Franchement, les clubs de la Haute-Egypte méritent plus d’intérêt. Il y a dans cette région de grands clubs connus, mais qui sont sans ressources. Nous allons essayer de les soutenir pour qu’ils évoluent de nouveau en première division. Nous agirons de la même manière avec les clubs en manque de moyens qui appartiennent à la région du Delta, du Sinaï ou de Matrouh.
— La FIFA exige que toutes les fédérations du monde doivent avoir des activités de football féminin, sinon, elle bloque 15 % (soit 37 500 dollars) de son financement. Allez-vous accorder toujours de l’importance au sport féminin et poursuivre le développement réalisé ces dernières années ?
— Nous avons la chance d’avoir au sein du conseil d’administration actuel Dr Sahar Al-Hawari, qui a tant fait pour le football féminin. C’est l’une des pionnières de cette discipline et son oeuvre a même dépassé les frontières égyptiennes. Elle aura carte blanche pour poursuivre ses efforts concernant le développement du football féminin égyptien et je ne pense pas que le courant islamiste interdira aux filles la pratique du football. Actuellement, on est en train de créer une nouvelle sélection féminine pour les moins de 16 ans qui participera aux éliminatoires de la prochaine CAN. C’est une équipe prometteuse qui réunit plusieurs bonnes joueuses. Elle constitue l’avenir du foot féminin en Egypte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous allons demander officiellement à la FIFA d’organiser en Egypte des cours pour le football féminin, et surtout pour le football de base. —
L’équipe nationale égyptienne de football n’a pas pu se qualifier pour la CAN. Paradoxalement, la sélection nationale de futsal participera à la Coupe du monde qui se déroulera en Thaïlande du 1er au 18 novembre 2012 …
Au vu des difficultés que traverse le football égyptien, il s’agit d’un exploit. Le futsal n’est pas populaire comme le football et j’espère que cette qualification agira positivement sur cette discipline, notamment pour attirer vers elle davantage de public.
—En parlant toujours de futsal, pourquoi avez-vous refusé d’être le chef de la délégation égyptienne à la Coupe du monde en Thaïlande ?
— Tout simplement parce que j’ai intégré la Fédération pour travailler et non pas pour voyager. Il n’est pas logique que je laisse l’Egypte en cette période difficile que traverse le football égyptien pour présider la délégation de la sélection de futsal. Il y a tant de choses importantes à faire en Egypte.
L’un des sujets qui préoccupent le large public sportif est la reprise de la compétition officielle de football en Egypte. Reprendra-t-elle avec ou sans spectateurs ? —J’espère que nous reprendrons bientôt la compétition, et ce, dans l’intérêt du football égyptien. Reste que la décision finale n’appartient pas à la Fédération, mais au ministère de l’Intérieur. C’est également une décision politique puisqu’il y va de la sécurité du pays. Nous espérons aussi que les Ultras de Ahli seront plus tolérants et accepteront que le championnat reprenne dans l’intérêt du pays. Personnellement, j’ai grande confiance en leur patriotisme et en leur amour de l’Egypte. Les martyrs de Port-Saïd obtiendront certainement justice à travers la justice égyptienne.
— Avez-vous discuté de cette question avec les représentants de ces supporters ?
— Pas encore. Nous venons à peine de prendre nos fonctions à la tête de la FEF. Mais nous comptons le faire dès que possible. Les Ultras de Ahli étaient présents lors de la révolution du 25 janvier. Ce sont des jeunes qui aiment leur pays. Je suis persuadé qu’ils accepteront de laisser à la justice le soin de faire la lumière sur ces tristes événements qui ont profondément attristé toute l’Egypte, voire toute la planète du sport. D’ailleurs, je profite de mon entretien avec votre journal, Al-Ahram Hebdo, pour les inviter à venir au siège de la Fédération ou n’importe où pour discuter de tout cela. Sachez que nous comprenons toute leur colère. Quand on voit ses amis mourir devant ses yeux à cause d’un match de football, il est normal que l’on réagisse de la sorte. Reste que l’on doit laisser le temps à la justice de faire convenablement son travail.
— Quid de la diffusion des matchs et des droits de leur retransmission télévisée ?
— Nous accordons une grande importance à ce dossier. Je l’ai confié aux membres Mahmoud Al-Chami et Ihab Leheita, et nous attendons les résultats.
— Quel est votre objectif numéro 1 à la tête de la FEF ?
— C’est que l’Egypte se qualifie pour la prochaine Coupe du monde qui se tiendra en 2014 au Brésil. Dans cette perspective, nous allons fournir tous les moyens à Bob Bradley et à son staff. Nous avons une grande confiance en eux et nous sommes sûrs qu’ils sont capables de qualifier l’Egypte à cette joute mondiale après 24 ans d’absence