Al-Ahram Hebdo : Vous avez marqué l’histoire du football saoudien en tant que joueur. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a poussé à vous investir dans l’administration sportive après votre carrière de footballeur ?
Moussa Al-Chammari : Le football a toujours été ma passion. J’ai eu la chance de jouer en tant que footballeur professionnel dans la Ligue saoudienne pendant plus de 20 ans, représentant de grands clubs tels que le club saoudien Al-Shabab, Al-Taawoun, Al-Raed, ainsi que l’équipe nationale saoudienne. Après avoir vécu de l’intérieur toutes les émotions de ce sport, je souhaitais continuer à y contribuer, mais sous un autre angle. L’administration sportive m’a offert cette chance de donner un nouvel élan au football saoudien et de transmettre mon expérience aux jeunes générations.
— A quelles difficultés êtes-vous confronté dans votre travail actuel en tant que vice-président de l’Association des joueurs saoudiens et membre du comité technique de la Premier League saoudienne ?
— Je fais face à plusieurs défis majeurs. L’un des plus importants est le développement de programmes de formation adaptés pour soutenir les jeunes talents et les aider à atteindre leur plein potentiel au plus haut niveau. Nous devons également gérer la croissance rapide de la ligue tout en maintenant des standards élevés. Cela implique de trouver un équilibre entre les attentes des clubs, des joueurs et des supporters. Un autre défi crucial est de garantir le respect des règles du fair-play, tant sur le plan financier que sportif, afin de préserver l’intégrité de la compétition. Enfin, en tant que membre du comité technique, je dois constamment chercher à innover et à améliorer les aspects techniques de la ligue. Cela signifie intégrer les meilleures pratiques internationales tout en restant fidèle aux valeurs fondamentales du sport.
— La Vision 2030 a profondément transformé le paysage sportif saoudien. Quel est votre rôle dans cette transformation ? Et quels sont les principaux défis que vous avez dû relever ?
— La Vision 2030 a été un véritable tournant pour le sport saoudien. Mon rôle a consisté à mettre en oeuvre les stratégies définies par cette vision, notamment en termes de développement des infrastructures sportives, de professionnalisation des clubs et d’attraction de talents internationaux. Les principaux défis ont été de concilier les traditions du football saoudien avec les exigences de la modernité, et de développer un système de formation solide pour les jeunes joueurs.
— Vous avez mentionné une vision ambitieuse pour le football saoudien. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette vision et les objectifs fixés pour la Ligue saoudienne ?
— La Vision 2030, initiée par le prince héritier Mohammed bin Salman, est très ambitieuse, en particulier dans le secteur du sport. En ce qui concerne le football, nous visons à faire de la Ligue saoudienne l’une des dix meilleures ligues au monde. Nous attirons déjà de grandes stars internationales telles que Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, Riyad Mahrez, N’Golo Kanté, Aleksandar Mitrovic et Neymar. Cette présence met en lumière la Ligue saoudienne et les équipes saoudiennes sur la scène internationale. En plus, notre sélection nationale se prépare pour de grandes compétitions comme la Coupe du monde et la Coupe d’Asie, contribuant ainsi à placer l’Arabie saoudite parmi les leaders mondiaux.
— Le recrutement de stars internationales a mis le Championnat saoudien sous le feu des projecteurs. Quels sont les impacts de ces transferts sur le football local ? Et comment assurez-vous que ces stars s’intègrent bien dans les équipes ?
— L’arrivée de ces joueurs de renommée mondiale a indéniablement élevé le niveau de notre championnat et a suscité un engouement sans précédent pour le football en Arabie saoudite. Cependant, il est essentiel de s’assurer que ces joueurs jouent un rôle de leaders pour les jeunes talents locaux. Nous travaillons donc à mettre en place des programmes d’échange et de mentorat pour faciliter leur intégration et favoriser la transmission de leur savoir-faire.
— Avec le recrutement de stars internationales, y a-t-il toujours un intérêt pour les joueurs égyptiens dans les clubs saoudiens ?
— Absolument. Les joueurs et entraîneurs égyptiens ont toujours joué un rôle crucial dans le football saoudien. J’ai eu l’honneur de travailler avec un entraîneur égyptien renommé, Adel Abdelrahman, au club Al-Shabab, et de jouer aux côtés de figures emblématiques comme le gardien Essam El-Hadary et Ibrahim Salah. De nombreux talents égyptiens ont évolué en Arabie saoudite, tels que Mostafa Fathy, Chikabala, Kahraba et bien d’autres.
Aujourd’hui, nous continuons de voir des talents égyptiens de premier plan dans notre championnat, comme Ahmed Hegazi à l’Ittihad Jeddah, Mohamed Sherif à Al-Khaleej et Tarek Hamed à Damac FC. L’intérêt pour les joueurs égyptiens reste fort, car ils sont perçus comme des exemples de réussite, tant sur le plan éthique que technique.
— La présence des femmes dans le sport saoudien s’est également considérablement développée ces dernières années. Au-delà du développement du football féminin, comment voyez-vous le développement de la présence des femmes aux postes de direction au sein du secteur sportif saoudien ?
— Le football féminin est l’une de nos priorités. Nous travaillons à créer des ligues professionnelles, à construire des infrastructures appropriées et à investir dans la formation d’entraîneurs spécialisés. L’engagement envers les femmes dans le sport saoudien va bien au-delà. Nous avons également observé une participation accrue des femmes dans d’autres disciplines comme l’athlétisme et les sports individuels. En plus, nous avons pu obtenir une augmentation significative de la présence des femmes aux postes de direction sportive, ce qui enrichit notre secteur et ouvre de nouveaux horizons. Grâce à la Vision 2030, le programme de promotion des femmes saoudiennes a atteint un niveau très avancé, offrant aux femmes des opportunités sans précédent, que ce soit sur le terrain ou dans des rôles de leadership.
— Le football mondial est confronté à de nombreux défis, tels que le fair-play financier, la corruption et l’impact environnemental. Comment le football saoudien envisage-t-il de faire face à ces problématiques ?
— Nous sommes conscients des défis auxquels est confronté le football mondial. En Arabie saoudite, nous nous engageons à respecter les règles du fair-play financier et à lutter contre la corruption. Nous travaillons également à réduire notre empreinte environnementale en adoptant des pratiques plus durables dans l’organisation de nos événements sportifs.
— Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes générations qui aspirent à faire carrière dans le football ?
— Mon message aux jeunes est simple : suivez votre passion, travaillez dur et ne lâchez jamais prise. Le football est un sport qui peut vous apporter beaucoup de joie, mais il exige également beaucoup de sacrifices. Croyez en vos rêves et vous y arriverez.
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