Al-Ahram Hebdo : Que signifie le titre olympique pour vous ?

Ahmed Elgendy : Cette médaille signifie beaucoup, c’est une récompense pour tous les sacrifices. Au cours des trois dernières années de compétition, j’ai eu beaucoup de difficultés et de nombreux problèmes physiques et psychiques avec des blessures et des douleurs. Je suis heureux que cela ne m’ait pas arrêté. Je suis heureux de gagner à ces JO en 2024, avec la dernière présence d’équitation qui sera remplacée par l’obstacle comme 5e discipline. En plus, cette médaille est très précieuse pour la délégation égyptienne car c’est la seule médaille d’or pour l’Egypte à ces JO. Nous avons décroché une médaille de bronze plus tôt et une d’argent en haltérophilie. Je suis tellement fier d’avoir cette médaille pour l’Egypte en devançant de 13 secondes un autre médaillé d’argent pionnier, Taishu Sato, le premier pentathlonien japonais à monter sur un podium olympique.

Je suis totalement fier de ma réalisation. En décrochant la médaille d’argent aux JO de Tokyo, j’avais remporté la première médaille olympique pour l’Egypte et l’Afrique en pentathlon moderne. Rééditer cet exploit une autre fois aux JO de Paris avec un titre olympique est magnifique. La joie et la fierté me comblent en sentant que j’ai écrit mon nom dans l’histoire de mon pays et mon continent.

— Aviez-vous des doutes ?

— Avant l’équitation, peut-être. Parce que lors des éliminatoires, mon résultat à l’épreuve d’équitation n’était pas le meilleur. Mais à la finale, nous avons prévu de corriger les erreurs, et nous y sommes parvenus. Je me suis senti mal pour mon coéquipier Mohanad Shaban parce qu’il a été éliminé lors du dernier obstacle. Puis ma performance en tir n’était pas parfaite. Laissez-moi vous dire que je tire toujours parfait quand je suis sous pression. Mon meilleur tournage a eu lieu à Tokyo. Hier, en demi-finale, c’était très bien. Mais à la finale de Paris, ce n’était pas bien lors du premier tournage. J’ai dû courir très vite pour pouvoir compenser, mais j’ai finalement réussi à remporter la médaille d’or.

— Pensiez-vous pouvoir battre le record olympique et le record du monde ?

— Oui bien sûr, c’était notre but avec l’encadrement technique et la Fédération égyptienne. Je courais pour un record du monde et un record olympique, bien sûr, mais après le tir moyen, j’avais des doutes quant à ma capacité à battre le record du monde. Mais après avoir fini, j’ai découvert que je l’avais quand même cassé. Ainsi en battant le record olympique aux éliminatoires puis le record du monde en finale, je me sens totalement satisfait. Il faut savoir que ces records seront inscrits avec mon nom pour toujours, puisque c’est la dernière compétition avec l’ancien format qui témoigne l’équitation comme 5e discipline.

— Vous êtes désormais une personne célèbre, cela comporte également des défis …

— En effet, c’est la deuxième médaille consécutive, une pièce d’argent de Tokyo et ici, c’est de l’or. Peut-être que je suis un peu plus célèbre en Egypte maintenant. Mais je suis toujours humble et j’apprécie toujours ce que les gens ont fait pour moi au cours des trois dernières années après Tokyo. Il y a eu beaucoup de difficultés, mais ces difficultés m’ont rendu meilleur, m’ont rendu plus fort et m’ont permis d’être ici.

— Après avoir remporté deux médailles olympiques, une d’argent et une d’or, que planifiez-vous pour l’avenir ?

— Laissez-moi vous dire que j’ai l’intention d’être aux JO de Los Angeles 2028, ce sera peut-être la dernière tentative pour moi. Comme vous le savez, je me suis blessé à l’épaule après Tokyo, donc ce sera un peu difficile, mais j’attends avec impatience Los Angeles 2028. En effet, avant les JO, je n’ai pas essayé l’épreuve d’obstacle car j’étais en pleine concentration sur les JO de Paris qui comprend l’épreuve d’équitation. Mais après un peu de repos, je vais commencer à m’entraîner sur l’épreuve d’obstacle, et on verra.

— A qui dédiez-vous cette médaille d’or ?

— Je dédie ce titre olympique à tout le peuple égyptien et à ma famille. Pour mon frère Mohamed Elgendy, toute ma famille et mes coachs, ma fiancée Mariem qui a m’a beaucoup soutenu. C’était un soutien incroyable de leur part ces deux derniers jours. Je veux juste leur dire que je les aime tellement et que j’apprécie leur soutien. Mais je veux préciser qu’il était impossible de remporter cette médaille sans la bonne stratégie de la Fédération égyptienne de pentathlon moderne présidée par Sharif El-Erian et le soutien de mon pays l’Egypte, présenté par le ministère de la Jeunesse et du Sport, présidé par Dr Ashraf Sobhy. En effet, la Fédération égyptienne m’a offert un statut professionnel avec un programme de préparation planifié pour moi seulement, et avec un encadrement technique privé.