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Arabie saoudite : La nouvelle terre promise des stars

Karim Farouk , Vendredi, 11 août 2023

La Saudi Pro League est devenue le championnat de football le plus médiatisé cette année avec l’arrivée de vedettes et d’entraîneurs de renommée mondiale. Un nouveau-né qui grandit vite.

Arabie saoudite : La nouvelle terre promise des stars

Au début, c’était Cristiano Ronaldo. La légende portugaise, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football, a été embauchée par Al-Nassr en janvier 2023. C’était le déclic qui a déclenché un afflux de vedettes mondiales au Championnat saoudien. Des lauréats du Ballon d’Or, des vainqueurs de la Ligue d’Europe, des champions du monde et des vedettes des grands Championnats du monde … la liste ne cesse de s’allonger. Tour à tour, l’ancien capitaine de Real Madrid, Karim Benzema, Ballon d’Or 2022, le milieu moteur de Chelsea, N’Golo Kante, champion du monde 2018, le capitaine de Liverpool, Jordan Henderson, et son coéquipier Fabinho, qui ont mené les Reds aux titres de la Ligue d’Europe et de la Premier League, et le Sénégalais Sadio Mané, deux fois meilleur joueur africain en 2019 et 2022, ont rejoint la Saudi Pro League.

« J’ai ouvert la voie vers la Ligue saoudienne, et maintenant tous les joueurs viennent ici. De plus en plus de joueurs de haut niveau viendront en Arabie saoudite. Dans un an, le Championnat saoudien sera supérieur au Championnat turc et au Championnat néerlandais. Je pense que ce championnat fera partie des 5 meilleurs du monde, mais il a besoin de temps, de joueurs et d’infrastructures », avait dit Ronaldo dans un entretien télévisé.

Ce recrutement massif fait suite à une grande réforme. Le Fonds souverain d’Arabie saoudite a acquis 75 % des quatre plus grands clubs du pays, à savoir Al-Hilal, Al-Nassr, Ittihad Jeddah et Ahli Jeddah, leur donnant un énorme potentiel financier. « L’Arabie saoudite a changé le marché. Il y a quelques mois, lorsque Cristiano Ronaldo était le seul à partir, personne ne pensait que tant de joueurs de haut niveau joueraient dans la Ligue saoudienne. A l’avenir, il y en aura plus. C’est pourquoi les clubs doivent être conscients de ce qui se passe. Riyad Mahrez a reçu une offre incroyable, et c’est pourquoi nous ne pouvions pas lui dire de ne pas y aller », a dit l’entraîneur de Manchester City, Pep Guardiola.

Mais pour bâtir leur réputation de nouvelle puissance émergente du football mondial, les Saoudiens veulent surtout éviter d’avoir l’étiquette d’un championnat de « préretraités ». Ils ont eu l’audace d’amener Al- Hilal, le géant saoudien, à faire une offre de 1 milliard d’euros pour se procurer les services du « Golden boy », Kylian Mbappé (300 millions d’euros pour son club le PSG et 700 millions d’euros de salaire annuel). Mais ce dernier a rejeté l’offre et a préféré poursuivre sa carrière européenne, surtout que son histoire d’amour avec le Real Madrid n’a pas encore abouti.

Des directeurs techniques de marque

Mais les avances saoudiennes ne se limitent pas aux joueurs. L’ancien entraîneur de Tottenham (Angleterre), Nuno Espirito Santo, a mené Ittihad Jeddah au titre de champion 2023 et l’ancienne gloire de Liverpool et entraîneur d’Aston Villa, Steven Gerrard, a été nommé à la barre d’Al-Ettifaq. L’ancien sélectionneur de la Croatie, Slaven Bilic, a pris en charge Al-Fateh et le célèbre tacticien portugais, Jose Mourinho, actuellement à la barre de l’AS Rome, a été nommé au sein du conseil d’administration de la nouvelle académie sportive Mahd, l’une des plus grandes au monde, pour superviser et développer les jeunes talents saoudiens.

« C’est une sorte de ruée vers l’or et nous vivons l’expérience d’une nouvelle ligue qui veut devenir plus populaire et plus célèbre, et qui essaie de construire une marque en engageant beaucoup de joueurs et d’entraîneurs de qualité. C’est une situation complètement nouvelle et il est trop tôt pour avoir une opinion claire. Je suis donc un observateur, un observateur surpris », a dit l’Allemand Thomas Tuchel, entraîneur du Bayern Munich.

Au début des années 2000, le Qatar a essayé de bâtir sa marque aussi avec la Ligue des Stars et était devenu la destination des grandes vedettes en fin de carrière. Gabriel Batistuta (Argentine), Steffan Effenberg (Allemagne), les frères de Boer (Pays-Bas) parmi d’autres ont été de passage, mais sans pouvoir créer l’impact nécessaire. La Chine a aussi tenté sa chance dans les années 2010 en inondant le marché européen de dollars, mais ensuite les recettes sont tombées et les impôts ont augmenté, mettant fin à l’expérience.

L’Arabie saoudite arrive avec un projet similaire, mais qui fait partie d’une plus large réforme. Le Royaume applique une nouvelle vision aux niveaux politique, social, économique et culturel. Le foot est au coeur de cette nouvelle politique avec sa large popularité et son ampleur globale. L’Arabie saoudite essaie de rivaliser avec les meilleurs du monde et hisser ses chaînes satellites au niveau de la concurrence régionale. Mais le grand objectif reste la candidature pour l’organisation de la Coupe du monde 2030 avec un ambassadeur nommé Cristiano Ronaldo.

Il est encore trop tôt pour juger ce projet, mais l’Europe s’inquiète après avoir vu les énormes moyens financiers du Royaume. « L’influence de l’Arabie saoudite ? Nous verrons. Je ne sais pas. Pour le moment, il semble qu’elle ait une certaine influence, c’est énorme. Je pense que le pire serait que la porte des transferts en Arabie saoudite soit ouverte pendant trois semaines de plus que chez nous en Europe. J’ai entendu quelque chose comme ça. Donc, l’UEFA et la FIFA doivent trouver des solutions à ça », a dit l’entraîneur de Liverpool, Jurgen Klopp. En effet, le technicien allemand a déjà perdu Fabinho et Henderson en faveur de gros contrats saoudiens et il ne veut pas perdre d’autres joueurs qu’il ne pourra pas compenser après la clôture des transferts en Europe le 31 août. « Je ne sais pas à ce moment exactement ce qui va se passer. C’est déjà influent pour nous, c’est sûr. Il va falloir apprendre à y faire face, mais c’est ce qu’on fait. C’est tout ce que je peux dire à ce sujet, le temps nous le dira », conclutil l